Lorsque les réunions de famille nous renvoient à ce que nous ne sommes plus
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Parfois, les réunions de famille peuvent nous amener à nous sentir comme quelqu’un que nous ne sommes plus ou que nous n’avons jamais été. Peut-être restons-nous cet enfant indécis ou cette fille rebelle et “contestataire” aux yeux de nos parents. Peu importe que nous soyons des adultes indépendants, parfois, nos parents nous considèrent comme si nous étions toujours les mêmes enfants d’hier.
Il se dit souvent qu’il n’existe pas de tempêtes plus violentes que celles qui explosent lors des classiques réunions familiales de vacances ou de Noël. Cependant, comme nous le savons tous, il existe des familles de toutes les couleurs et de tous les goûts, celles où règne l’harmonie, le plus grand respect et la bonne humeur, et celles également où l’amertume reste plantée telle de petites épines dans ces liens rigides et non fonctionnels qui nous asphyxient et nous bloquent.
Cependant, au-delà de considérer ces réalités comme quelque chose de ponctuel, il se trouve un phénomène dont nous ne parlons que trop peu. À l’heure actuelle, et en raison de la crise économique, il est courant que beaucoup de ces jeunes qui sont devenus indépendants soient dans l’obligation de revenir au noyau familial pour des raisons plus qu’évidentes.
Souvent, au sentiment d’échec professionnel, est ajouté le fait de devoir reprendre un rôle que nous avons déjà laissé derrière nous. Un rôle parfois construit par la dynamique familiale elle-même et qui a peu de corrélation avec la personne que nous sommes aujourd’hui.
La famille et ses constructions inconscientes
Pour nos parents, oncles ou grands-parents, une partie de notre enfance est toujours présente. Nous continuons en quelque sorte d’être le frère cadet, celui qui passait la moitié de son temps à imiter son grand frère et à envier ce que le petit frère pouvait obtenir. Il se peut en outre que leur mémoire garde en souvenir ce qu’ils appelaient “mauvais caractère”, parce que nous étions trop impatient-e-s, incontrôlables et indiscipliné-e-s.
Alors qu’en réalité, ce tempérament est peut être ce qui nous a poussé à être ce que nous sommes aujourd’hui : des individus proactifs, créatifs et dynamiques, qualités qui nous apportent une grande satisfaction. Des traits de caractère que nous percevions nous-même autrefois comme négatifs en raison des commentaires permanents de nos parents, nous incitant à “changer”, afin de nous “améliorer”, jusqu’à ce que petit à petit nous découvrons que nous n’avions pas à le faire. Parce qu’il ne s’agissait pas des défauts mais d’authentiques vertus.
Toutefois, et cela arrive souvent, lorsque nous revenons à la maison ou lors de réunions de famille, il nous suffit de dire ou de faire quelque chose pour entendre à nouveau : “mais qu’est-ce que tu peux être ingérable, quel caractère tu as…de qui tiens-tu cela ?”
Presque sans savoir comment nous revenons à ce rôle antérieur, celui du fils rebelle ou conformiste. Peu importe les succès du présent, nous pouvons être fier-ère-s de nous-mêmes, parce qu’il existe dans de nombreux noyaux familiaux une tendance inconsciente à renvoyer ses membres à leur rôle du passé, à cette position auto-construite par nos parents.
Ce types de phénomènes si communs ont en fait une explication très intéressante. Depuis l’Université de l’Illinois, il nous est expliqué que presque rien ne fonctionne de façon indépendante dans un système familial.
“Il existe dans chaque famille un ensemble de règles et de constructions inconscientes où chaque membre doit se comporter selon ce qui est attendu. De même, des modèles sont créés de sorte que l’on s’attend à ce que, d’une façon ou d’une autre, chacun d’entre nous agisse comme nous l’avons fait par le passé.”
Quelque chose d’incontestablement complexe lorsque, parfois, nous sommes dans l’obligation de revenir à la maison en raison de problèmes financiers ou personnels.
Nous devons interagir avec la famille comme l’adulte que nous sommes désormais
Il suffit parfois de franchir le seuil de la maison familiale pour sentir que nous revenons dans le passé. Cela peut se traduire par un sentiment agréable, voir réconfortant. Néanmoins, pour beaucoup de personnes cela implique de devoir se replonger dans des conflits non résolus, dans des différences ayant créé des distances de la taille d’un océan, ou même de devoir assumer le rôle qu’elles ont laissé derrière elles.
- Essayons de ne pas tomber dans ces “pièges à ours”. La meilleure façon de retrouver le noyau familial est d’être ce que nous sommes maintenant : des adultes matures, des adultes avec toutes nos expériences, nos apprentissages, nos vertus et nos forces.
- C’est ainsi que nous aborderons ces idées préconçues et même ces archétypes que nos parents ont créés à un moment donné : Luis est le sportif, Carmen est la rebelle, Alberto celui qui été battu à l’école et qui avait besoin d’être défendu.
- Cependant, il est fort probable que Luis ait écrit des poèmes en secret toute sa vie durant et veuille désormais ouvrir une librairie. Il se pourrait même que Carmen n’ait jamais été rebelle mais ait ressentie de la colère pendant une bonne partie de sa jeunesse. Plus encore, il est possible que même Alberto, ce garçon maigre qui était persécuté lors des récréations, soit devenu policier.
Ce que nous étions ou ce que les autres pensaient que nous étions dans le passé a peu de chose à voir avec ce que nous sommes maintenant, et cela doit être accepté par celleux qui font partie de notre entourage. Nous disposons entre nos propres mains des éléments nécessaires pour leur faire voir et percevoir, de sorte de ne plus avoir à assumer le rôle que notre famille attend de nous, et parvenir ainsi à modifier les modèles du passé qui ne font que générer de l’insatisfaction.
Parce que peu de choses peuvent être plus saines dans une famille que le fait de profiter de cette liberté qui nous permet de nous montrer tel-le que nous sommes réellement.
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