L'Homme au sable et le concept de l'inquiétant en psychanalyse
L’Homme au sable est une nouvelle écrite par Ernest T.A. Hoffman. Sigmund Freud l’a prise comme point de référence pour la construction du concept de l’inquiétant, ou de l’effroyable angoisse, en psychanalyse. Jacques Lacan se réfère aussi à la nouvelle dans son séminaire sur l’angoisse. Le récit fait partie du recueil des Contes nocturnes et s’inscrit dans le genre littéraire du gothique.
La psychanalyse affirme que l’inquiétant ou l’effroyable angoisse sont une variante de l’angoisse. Une “inquiétante étrangeté” qui rend le familier étrange, ou l’étrange familier, ou les deux à la fois.
“Les émotions que l’on n’exprime pas ne meurent pas. Elles sont enterrées vivantes et reviennent nous hanter plus tard sous une autre apparence.”
-Sigmund Freud-
Le concept de l’inquiétant explique pourquoi les êtres humains ressentent de la terreur devant quelque chose qui n’existe pas ou que l’on ne connaît pas. Un exemple de cela est le célèbre “Cuco”, un être qui apparaît dans de nombreuses cultures alors qu’il n’a même pas de représentation physique. Beaucoup de personnes atteignent l’âge adulte en ayant peur du noir à cause de ces récits pour enfants qui font référence au Cuco. Mais de quoi ont-elles réellement peur? Car ce monstre ne se trouve pas à l’extérieur mais à l’intérieur d’elles.
Le récit de L’Homme au sable
La nouvelle de L’Homme au sable commence par des souvenirs d’enfance de Nathanaël Lorsqu’il était petit, le soir, sa mère lui disait qu’il était l’heure d’aller dormir car sinon l’homme au sable viendrait et lui jetterait du sable dans les yeux pour qu’il les ferme. Elle lui disait aussi qu’il s’agissait d’un personnage imaginaire, mais une domestique lui a ensuite affirmé que c’était une histoire vraie.
Selon cette domestique, cet être monstrueux était très méchant. Il traquait les enfants qui ne voulaient pas aller dormir. Il leur jetait du sable dans les yeux jusqu’à ce qu’ils saignent et sortent de leur orbite. Après cela, il mettait leurs yeux dans un sac et les emmenait jusqu’à la lune pour les donner à manger à ses enfants.
Nathanaël associe l’homme au sable à un ami de son père. Ce dernier meurt et l’enfant pense que le coupable est cet horrible monstre. Des années plus tard, il croit retomber sur cet être qui serait maintenant un vendeur de baromètres. Il tombe ensuite amoureux d’Olympia, une automate, un être inanimé qu’il confond avec une femme.
Tout cela le plonge dans une spirale de folie et le pousse à être interné dans un asile. Son état s’améliore ensuite mais, à un moment donné, il pense revoir l’homme au sable et se jette alors dans le vide, ce qui provoque sa mort.
L’analyse de Freud
En s’appuyant sur le récit de L’homme au sable, Freud crée le concept de l’inquiétant, de l’effroyable angoisse. Il commence par faire une analyse linguistique et étymologique de ce concept. Il en conclut alors qu’il s’agit d’un extrême opposé à l’intime et au familier. Cependant, en approfondissant le terme, il se rend compte qu’il fait référence au clandestin et au mot “maison”.
À travers cette analyse, il en arrive au sens que Schelling donne à l’inquiétant. En d’autres termes, ce qui est sorti à la lumière en étant destiné à rester caché. L’ambiguïté de l’inquiétant apparaît alors: il est à la fois familier (de la maison) et caché. C’est aussi l’une des formes que revêt l’angoisse.
Freud croit qu’un mécanisme opère dans la notion de l’inquiétant: un mécanisme qui rend le familier étrange. C’est ce qui se produit quand quelqu’un meurt: auparavant, la personne était proche de nous et désormais, il ne s’agit que d’un cadavre qui se trouve dans un état incompréhensible. C’est de là que viendraient les démons et les esprits de “l’au-delà”.
Dans L’Homme au sable, le protagoniste a peur de perdre ses yeux. Freud associe cette crainte à la mutilation liée au complexe de castration. Il trouve aussi une coïncidence très nette entre le concept de répression et l’idée d’abomination. Ce dernier constituerait le retour de ce qui a été réprimé, la répression qui éclate au grand jour. Il en conclut ainsi que l’inquiétant est ce qui conduit à l’angoisse du complexe infantile de castration.
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- Cattaneo Rodríguez, G. (2012). Lo ominoso y el artefacto de la mirada. Affectio Soc.(Medellin), 8(15), 81-98.
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