Les peurs apprises : les peurs que les autres nous inculquent
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Les peurs apprises ne sont pas intégrées dans le registre cérébral hérité de notre évolution. Il y a des peurs que les autres nous projettent, notamment nos parents. Il y a des angoisses que nous voyons se refléter chez ceux qui nous entourent et qui d’une manière ou d’une autre s’impriment en nous avec la même intensité.
Cela s’explique par un fait aussi intéressant que révélateur. Les êtres humains, comme les autres organismes vivants, sont “conçus” pour apprendre de leur environnement et survivre. Ainsi, et à titre d’exemple, si notre père a peur des chiens, nous apprendrons très tôt que ces animaux sont des figures dont il faudra peut-être se protéger.
Le psychologue John B. Watson a souligné que toutes les peurs que nous avons sont apprises et non innées. Certains doutes de ce postulat. Cependant, il est clair que nous avons beaucoup plus de peurs à l’âge adulte que lorsque nous venons au monde.
Avec le terme “peurs” on ne fait pas uniquement référence à ce que l’on peut ressentir face aux araignées, aux rats ou encore aux clowns. Une bonne partie de notre bagage de peurs comprend des entités invisibles, comme la peur de ne pas aimer, de ne pas réussir, d’être abandonné, de décevoir les autres…
Nous apprenons beaucoup de ces dynamiques, pour le meilleur ou pour le pire, à travers nos relations. Approfondissons.
Les caractéristiques des peurs apprises
Woody Allen a dit que nos peurs sont les amis les plus fidèles que nous ayons. Elles ne nous incitent jamais à aller voir ailleurs, car, après tout, que ferions-nous sans elles ? La vérité est que nous ferions de grandes choses si nous perdions beaucoup de nos peurs.
Pourtant, elles sont là. Elles infectent notre cerveau avec des insécurités qui limitent notre potentiel dès notre plus jeune âge.
Les peurs apprises sont le résultat de notre évolution. Pour s’adapter à un environnement, il ne suffit pas de répondre à ces instincts innés qui nous feront éviter les endroits sombres ou fuir les prédateurs. Nous avons besoin d’intégrer de nouvelles informations, des données qui nous permettent de nous déplacer avec succès au quotidien.
Le problème est qu’une bonne partie des peurs apprises ne sont ni utiles ni pratiques, puisqu’elles renvoient à des processus irrationnels. Prenons l’exemple d’un parent qui transmet sa peur des chiens à son enfant. Voyons comment et pourquoi ce processus se produit.
L’attitude et le comportement de nos figures d’attachement
Pour être conditionné par la peur, il ne suffit pas d’entendre de la bouche de quelqu’un “attention, c’est dangereux”. Les bébés, par exemple, ne comprennent pas les mots que leurs parents disent, et pourtant leurs parents peuvent leur transmettre des peurs. De quelle manière ? Par des expressions, des attitudes et des comportements.
Les comportements de nos figures d’attachement peuvent transmettre sécurité, bien-être et confiance ou, au contraire, générer de l’anxiété et de la peur. Nous le voyons dans des scénarios où il y a des conflits armés. Les jeunes enfants peuvent développer la peur de certains sons ou images en voyant les réactions des membres de leur famille.
N’oublions pas que les enfants sont des experts en langage non verbal. Par exemple, s’ils voient leur mère ou leur père avoir une réaction de peur face à un oiseau, ils apprendront que les oiseaux peuvent être dangereux.
Craindre ce que les autres ont craint fait partie de notre répertoire cérébral
À ce stade, n’importe qui pourrait dire que les peurs apprises sont assumées par ceux qui ne sont pas capables de rationaliser les peurs. En effet, on devrait pouvoir, à l’âge adulte, comprendre que beaucoup de ces peurs transmises ne sont ni logiques ni pratiques.
Cependant, il n’est pas facile d’abandonner ses peurs. Ce n’est pas comme lâcher un poids que l’on porte sur le dos. Des études comme celle menée à l’Université de Columbia indiquent quelque chose de pertinent : les peurs apprises font partie du registre cérébral, c’est un type d’apprentissage social pour lequel nous sommes programmés.
Des zones telles que l’amygdale, le cortex préfrontal médial et le sillon temporal supérieur sont des régions associées à la cognition sociale de la peur. Ainsi, même si nous aimerions supprimer complètement l’ombre de ces peurs que nous avons apprises au fil du temps, ce processus ne sera pas rapide, car les peurs sont déjà inoculées dans les bases neuronales.
Comment se libérer des peurs apprises ?
Avoir peur est tout à fait normal. Après tout, ce mécanisme a garanti notre survie. Cependant, comme nous le savons bien, beaucoup de nos peurs sont irrationnelles, et il peut arriver un moment où ce sont elles qui décident pour nous et dominent nos vies.
Comment alors gérer les peurs apprises ? La vérité est qu’à cet égard, “être courageux” ne suffit pas. Nous sommes face à une dimension que nous renforçons depuis longtemps. Il faut, pour les gérer, les rationaliser et y faire face. Il faut ainsi comprendre qu’elles nous ont été données par d’autres et qu’elles ne sont pas utiles.
L’exposition progressive à ces stimuli doit être guidée par des experts professionnels en la matière. C’est alors que nous nous libérerons de ces barbelés qui limitent notre existence et notre potentiel humain. Gardons cela à l’esprit.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Ochsner K. (2007). Learning to fear what others have feared before. Social cognitive and affective neuroscience, 2(1), 1–2. https://doi.org/10.1093/scan/nsm007
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.