Les nocicepteurs, les récepteurs de la douleur
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
La douleur. Nous en faisons tous l’expérience. Notre peau est comme un champ de mines où tout, coup, perforation, friction ou source de chaleur produit une réaction. Parfois, c’est même notre propre organisme qui cause cette souffrance en déclenchant une inflammation. Ce qui est intéressant, c’est que toutes ces sensations sont détectées par des récepteurs très spécifiques : les nocicepteurs.
S’il y a une chose que les humains (et toute autre être vivant doté d’un système nerveux central) aimeraient, c’est de ne pas ressentir de douleur. Cependant, l’expérience de la douleur joue un rôle majeur en nous tous. Si nous devions marcher dans notre vie quotidienne à l’abri de toute blessure, nous profiterions certainement d’une vie très courte. De plus, on sait qu’il y a des personnes atteintes d’analgésie congénitale (insensibilité à la douleur) qui ont une vie aussi tragique que brève.
“La douleur est plus frappante que le bonheur.”
-Ana Maria Dibute-
La douleur informe, révèle comment nous nous sentons et nous aide à réagir à des stimuli dangereux ou nocifs. Ainsi, nous pourrions dire, sans risquer de nous tromper, que les nocicepteurs garantissent notre survie, nous permettent d’avoir une meilleure qualité de vie et de mieux nous relier à nous-mêmes et à notre environnement.
Nocicepteurs, qu’est-ce que c’est ?
On ne peut pas vivre sans douleur. Peu de certitudes sont aussi persistantes. Mais qui sont les responsables biologiques de notre expérience ? On peut dire que le seul coupable est le cerveau. Mais il a besoin d’alliés capables de détecter les stimuli douloureux. Et d’un réseau complexe d’informations qui mène à cette expérience, comme le thalamus et les affections sensorielles.
Ce sont précisément les nocicepteurs qui détectent ces sensations désagréables. Ce sont des terminaisons nerveuses (l’extrémité d’un axone) qui se situent dans tout le corps. Ils se trouvent à la fois dans nos tissus externes (peau) et dans n’importe quelle partie de notre physiologie interne (muscles, intestins, vessie, ovaires…). Ce sont eux qui évaluent les dommages subis par le corps pendant que nous ressentons une douleur, ils transmettent cette information au système nerveux central.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, nous et les animaux ne sommes pas les seuls à disposer de ces récepteurs sensoriels. Aussi les organismes les plus simples comme les protochordés (un type d’invertébrés marins) ont leur fonction nociceptive. Nous avons tous besoin de ces structures comme mécanisme de défense et de conservation.
Les différents types de nocicepteurs
Les nocicepteurs forment une mosaïque très hétérogène. Il convient de noter que même si chacun réagit à sa manière à un stimulus et que des typologies différentes peuvent être établies, les scientifiques ont encore de sérieuses difficultés à les différencier. Si cela pouvait être réalisé, l’industrie pharmaceutique pourrait créer des cibles chimiques plus précises et plus efficaces pour la gestion de la douleur. C’est un défi dans lequel la science progresse peu à peu.
Voyons, cependant, quels types de nocicepteurs nous avons dans notre corps.
- Les chimiorécepteurs. Ces nocicepteurs réagissent à certains produits chimiques qui se libèrent dans nos tissus lorsqu’ils sont infectés, malades ou enflammés. Nous parlons de substances comme la bradykinine et l’histamine, des substances qui pénètrent dans le sang lorsque nous nous blessons, lorsqu’une coupure s’infecte ou lorsque nous prenons un coup.
- Les thermorécepteurs. Comme le mot l’indique, il s’agit des récepteurs de la douleur qui s’activent lorsque nous entrons en contact avec une surface ou un élément de température élevée. Curieusement, il faut noter que nous vivons très souvent cette sensation douloureuse sans savoir ce qui s’est passé ou ce que nous avons touché.
- Les mécanorécepteurs. Toute pression mécanique qui dépasse le seuil de simple friction jusqu’à ce qu’elle atteigne la lésion, l’impact ou la déformation d’un tissu de notre corps, activera les mécanorécepteurs. C’est le type de douleur le plus courant et le plus rapide que nous remarquons parce que cette information est conduite à travers les fibres delta A (nerfs myélinisés).
- Les nocicepteurs silencieux. Ce type de nocicepteur, contrairement au précédent, prend beaucoup de temps à s’activer. Il s’agit des récepteurs situés dans les tissus enflammés, juste à côté d’une blessure.
- Les nocicepteurs polymodaux, enfin, sont un défi pour les scientifiques. Pour quelle raison ? Ils répondent à tous les types de stimulation ci-dessus.
La perception de la douleur : pourquoi certaines douleurs deviennent-elles chroniques ?
Nous savons que les nocicepteurs sont des structures qui se situent à l’extrémité des axones. Ils réagissent à des stimuli thermiques, mécaniques ou chimiques nocifs. Maintenant, s’il y a une autre chose que nous savons, c’est qu’il y a des expériences qui sont plus supportables que d’autres, et des conditions qui, sans savoir pourquoi, deviennent des états dans lesquels la douleur persiste et finit par devenir chronique.
Une chose que les experts nous disent, c’est que la douleur est en accord avec la gravité de la blessure ou du dysfonctionnement. La douleur d’une coupure sur un doigt, par exemple, ne dépassera pas deux ou trois jours tant que nous effectuons les mesures de désinfection et de traitement appropriées. Maintenant, dans le cas d’une brûlure, les choses changent. Cela signifie que plus de tissus sont endommagés et que le processus de guérison est souvent plus laborieux.
D’autre part, il est également important de différencier la douleur nociceptive de la douleur neuropathique. La première, que nous connaissons déjà est celle que produisent ces stimuli mécaniques, thermiques ou chimiques. Cependant, la douleur neuropathique implique des dommages au système nerveux. Il peut y avoir une petite altération neurologique. Cela provoquerait une réaction plus intense et durable de ces axones à n’importe quel stimulus. Cette dernière serait liée, par exemple, à des affections aussi débilitantes que la fibromyalgie.
Pour conclure, gardez à l’esprit ce que nous vous avons dit antérieurement. La science est face à un défi important, celui de développer des médicaments plus raffinés et personnalisés. Des agents chimiques qui agissent sur les nocicepteurs spécifiques qui déclenchent la douleur, cette souffrance qui limite souvent notre qualité de vie.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.