Les insinuations: un moyen direct de nuire aux relations
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
L’utilisation d’insinuations peut être une ressource originale dans certains contextes. Cependant, quiconque les utilise dans sa communication quotidienne avec son partenaire, sa famille ou ses amis cause de la tension et de la souffrance. Parce que celui qui dit quelque chose mais qui, de manière subtile, exprime le contraire, déforme le processus de communication. Et met en pratique un type très subtil de maltraitance. Surtout quand l’insinuation porte sur des reproches.
Nous négligeons souvent le pouvoir du langage, et nous finissons par adopter des habitudes très dangereuses. Ainsi, parfois, nous avons tendance à admirer même ceux qui ont la capacité d’utiliser les sarcasmes les plus aigus, ceux qui ont la curiosité et l’ingéniosité indéniable de nous envoyer indirectement des informations.
Il est clair que tout dépend du contexte, de la situation et du moment. Cependant, nous ne pouvons nier qu’il y a des gens qui “sont abonnés” à ce type de communication inefficace. Potentiellement nuisible et perverse. Maintenant, il est temps de nous poser la question suivante : si ce comportement est mauvais, pourquoi l’utilisons-nous ? Il y a deux raisons principales : nous avons déjà parlé de la première, qui s’attache à l’originalité de cette forme de réponse ; la seconde est qu’il s’agit d’une forme communicative dans laquelle l’orateur se protège.
Les insinuations, et nous le savons bien, sont rarement agréables. Parce qu’à travers le jeu linguistique et la manipulation, on nous dit une chose qui peut en signifier une autre. Peut-être que dans certains contextes, comme la séduction, le jeu peut être agréable, mais il y en a beaucoup d’autres où il ne l’est pas.
“La tendance à l’agressivité est une disposition innée chez l’homme.”
-Sigmund Freud-
L’utilisation continue d’insinuations et la communication perverse
L’utilisation d’insinuations est très caractéristique chez les personnes passives-agressives. Ce sont principalement des personnes de ce profil qui sont connues pour utiliser des insultes subtiles, pour projeter la culpabilité, pour nous rendre vides quand les choses ne sont pas comme il ou elle l’attend. S’il est vrai que nous pouvons tous utiliser des insinuations de manière ponctuelle, dans un contexte de plaisanterie et de détente, il est nécessaire de savoir identifier à quel moment cette méthode de communication n’est pas la bonne.
Le professeur de psychologie James K. McNulty, de l’Université de Floride, qualifie cette dynamique d’hostilité indirecte. Il s’agit d’un échec délibéré dans la communication où il y a un manque de cohérence entre ce qui est dit et ce qui est destiné à être communiqué. De plus, il y a mépris et, en fait, il est courant que l’utilisation d”insinuations s’accompagne d’un langage non verbal assez révélateur. Nous pouvons y identifier des regards, des gestes et des attitudes qui dégagent des émotions différentes, telles que la colère, le conflit ou le mépris.
La plupart du temps, notre communication non verbale est plus sincère que notre communication verbale. Par conséquent, la personne qui est la cible d’une insinuation traite le message qu’elle reçoit du regard de son interlocuteur ou du ton de sa voix, bien avant qu’elle ne puisse interpréter les mots qu’il prononce. L’effet est immédiat. Et si ces dynamiques sont constantes dans la relation entre le couple ou entre ce parent et cet enfant, si les allusions ont le poids du mépris ou de la moquerie, un abus psychologique peut être caractérisé.
Il s’agit donc d’un type de communication perverse ayant de graves conséquences pour la victime.
Comment réagir face aux insinuations ?
Le professeur McNulty, cité plus haut, est un expert reconnu dans le domaine des relations affectives. Ainsi, dans une étude réalisée en 2016, il a clarifié quels types de stratégies de communication sont les plus appropriées au sein du couple, celles qui peuvent aussi nous aider à résoudre les différences et les conflits.
L’une de ces ressources est d’éviter à tout prix les messages à double lien. Ce terme, inventé par l’anthropologue Gregory Bateson, définit l’utilisation d’insinuations ou de messages ambigus qui neutralisent et étouffent l’affection. Et, surtout, le respect. Il apparaît désormais évident que les insinuations, ces ressources linguistiques qui peuvent parfois nous amuser, doivent être utilisées le moins possible dans le cadre de nos relations affectives. Mais, comment réagir si nous en sommes les victimes au quotidien ? Comment pouvons-nous contrer la stratégie d’une personne de notre entourage qui nous domine par l’utilisation d’insinuations ?
Voyons quelques stratégies pour apprendre à réagir dans cette situaion.
Quelques clés pour mettre un terme aux insinuations
Tout d’abord, ce processus exige une communication efficace. Chaque fois que vous recevez une insinuation, vous devez exiger de votre interlocuteur qu’il vous fournisse des informations claires. S’il vous dit que vous n’êtes pas suffisamment subtil pour comprendre ce qu’il veut dire, vous devez suggérer de faire intervenir une personne plus subtile que vous-même pour vous aider à comprendre.
- Identifiez les attitudes passives-agressives. Il est courant que les personnes qui utilisent quotidiennement des insinuations pour communiquer avec leurs proches soient des personnes passives-agressives. Dans ce cas, il est impératif d’ériger des barrières communicationnelles le plus tôt possible. Vous devez clarifier ce que vous n’allez pas accepter et ce que vous exigez de recevoir.
- Essayez aussi d’être vous-même le meilleur exemple de ce que vous attendez des autres. Si vous voulez une communication sincère et courageuse, communiquez de cette manière.
- Évitez d’être dominé. Un autre aspect à considérer est que derrière cette pratique il y a souvent un désir clair de domination. Les insinuations, le sarcasme et la moquerie sont des moyens de miner l’estime de soi de l’autre. Et avec elle, une forme de domination s’érige.
- Ainsi, en plus du langage nuisible, d’autres dynamiques néfastes peuvent également se produire que vous devez identifier et arrêter. Mettez en place des barrières de sécurité dès que possible.
En conclusion, s’il est vrai que les allusions peuvent être tolérées (et même appréciées) à certains moments, rappelons-nous qu’il y a des situations dans lesquelles elles ne sont pas recommandées. Les émotions, en particulier celles qui ont une valeur négative, exigent un langage sincère. Réfléchissons un peu.
“Quand on peut le manier, c’est un outil formidable : sans se salir les mains, on peut tuer quelqu’un, l’humilier avec un mot qui vient bien.”
-Pierre Desproges-
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- McNulty, J. K. (2016) What Type of Communication during Conflict is Beneficial for Intimate Relationships? Journal of Experimental Psychology https://doi.org/10.1016/j.copsyc.2016.03.002
- McNulty, J. K. (2010). When positive processes hurt relationships. Current Directions in Psychological Science, 19(3), 167–171. https://doi.org/10.1177/0963721410370298
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- Long, N., Long, J., and Whitson, S. (2017). The Angry Smile: The New Psychological Study of Passive-Aggressive Behavior at Home, at School, in Marriage and Close Relationships, in the Workplace and Online. Hagerstown, MD: The LSCI Institute.
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