Les effets émotionnels des pilules contraceptives
De nombreuses femmes dans le monde ont rapporté que les pilules contraceptives avaient, en plus de leur effet principal, des effets émotionnels négatifs. Le sujet est devenu presque anecdotique et on en est même arrivés à dire qu’il s’agissait d’un mythe.
Le plus problématique est que, malgré le fait que de nombreuses femmes parlent des effets émotionnels négatifs dus à la pilule, plusieurs études sont apparues avec une conclusion très différente. Certaines d’entre elles prétendent même prouver le contraire : que la pilule améliore l’humeur.
Plus récemment, cependant, plusieurs études indépendantes semblent concorder avec celles qui parlent d’effets émotionnels négatifs résultant de la prise régulière de contraceptifs oraux. Mais, pour l’instant, il n’y a pas de consensus là-dessus.
« La pilule la rend hystérique ? Elle est déjà hystérique. Le Pentagone devrait utiliser ses hormones pour une guerre chimique. »
-Woody Allen-
Études sur les effets émotionnels négatifs de la pilule
Il convient de noter, tout d’abord, que toutes les femmes ne déclarent pas subir ou avoir subi d’effets émotionnels négatifs dus à l’utilisation de la pilule. Cependant, les plaintes ont atteint un volume suffisant pour que certains chercheurs les prennent en compte. Il existe au moins quatre études majeures sur ce sujet.
En 2003, une étude a été réalisée auprès de 658 femmes qui prenaient régulièrement des pilules contraceptives. La conclusion était qu’il n’y avait aucune preuve que les pilules aient altéré leur humeur. On n’a constaté qu’une légère augmentation du mal-être chez les personnes ayant des antécédents de dépression.
En 2007, une autre enquête a été menée à ce sujet, cette fois en Australie. Un échantillon de 6 000 femmes a été abordé et une conclusion très similaire à celle lancée par l’étude de 2003 a été atteinte. On a seulement ajouté que les femmes ayant des antécédents de dépression ressentaient une légère augmentation de la détresse émotionnelle, mais que celle-ci s’estompait avec le temps.
Deux autres enquêtes ont été menées en 2011 et 2013, respectivement en Finlande et aux États-Unis. Encore une fois, la même conclusion a été atteinte. Il n’y avait aucune preuve que les contraceptifs hormonaux entraînaient des effets émotionnels négatifs. Et, quand ceux-ci sont apparaissaient, ils étaient résiduels ou insignifiants.
Les questionnements
Bien que toutes les études mentionnées arrivent à la même conclusion, des voix remettent en question cette conclusion. La première fait référence à la difficulté d’établir des paramètres stables sur ce que signifie « aller bien » et « ne pas aller bien ». L’ampleur de l’effet de la signification trouvée est également remise en question.
À cela s’ajoute le fait que, dans toutes les études réalisées, on mentionne que, pour « la majorité » des femmes, l’utilisation de contraceptifs oraux ne génère aucun effet émotionnel indésirable. Cela signifie qu’il existe une minorité de femmes qui a des difficultés avec l’utilisation de ce type de contraceptif.
De la même manière, une question plus que raisonnable se pose : si les contraceptifs modifient les cycles hormonaux et que les hormones affectent l’humeur, ne serait-il pas logique de penser que, chez certains organismes, ils génèrent des effets émotionnels négatifs ?
Recherches connexes
Le professeur Angelica Linden Hirschberg de l’Institut Karolinska en Suède, avec le soutien de la Stockholm School of Economics, a mené une étude en utilisant une méthode différente. Son objectif était de déterminer s’il existait des preuves d’un lien entre la prise de contraceptifs oraux et le bien-être physique ou mental des femmes.
Pour cela, elle s’est basée sur un groupe de 380 volontaires, âgées entre 24 et 35 ans. Toutes ont été initialement évaluées puis, à leur insu, elles ont été divisées en deux groupes. Certaines ont reçu des contraceptifs oraux classiques, tandis que les autres ont reçu un placebo. À la fin de l’étude, celles qui avaient pris des contraceptifs ont déclaré avoir moins de maîtrise de soi, d’énergie et une moins bonne humeur.
D’autre part, un article paru dans la revue Frontiers in Neuroscience a parlé d’une autre étude à ce sujet, avec 42 femmes qui prenaient la pilule et 53 qui ne la prenaient pas.
Toutes ont été testées pour déterminer si elles reconnaissaient des expressions faciales complexes. Celles qui prenaient la pilule étaient en moyenne 10 % moins précises.
Pour conclure, les scientifiques s’accordent à dire qu’il reste encore beaucoup d’études à faire. Pour l’instant, l’important est de revoir ce débat afin que les femmes qui utilisent la pilule aient des preuves pour étayer leur décision. Il est également important qu’elles bénéficient de méthodes alternatives si elles pensent que les pilules leur causent du tort.
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Negret, M. M. A., Despaigne, M. D. J. L., Hechavarría, V. M., Imbert, N. S., & Carbonell, M. M. A. (2013). Efectos secundarios de los anticonceptivos hormonales en usuarias del método asistentes a las consultas de planificación familiar. Medisan, 17(3), 415-425.
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