Les effets de la préoccupation sur le cerveau
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
On peut qualifier les effets de la préoccupation sur le cerveau en un seul adjectif : toxiques. Certes, cette réalité psychologique n’est rien d’autre qu’une émotion naturelle lorsque nous percevons une menace. Mais, en réalité, nombre de nos préoccupations sont infondées, voire obsessionnelles. Elles nous mènent vers des états d’épuisement où nous perdons notre énergie, notre bonne humeur et tout soupçon de motivation.
Ce que nous savons d’un point de vue psychologique, c’est que les effets d’une préoccupation trop importante peuvent être même plus dangereux que ce qui nous inquiète. Cela ressemble à un jeu de mots mais va plus loin. Lorsque nous dérivons vers ces états dans lesquels le stress s’intensifie et biaise tout jusqu’au plus petit détail, tout finit par être hors de contrôle. Nous prenons les pires décisions et le mal-être émotionnel s’aggrave.
Par exemple, si nous nous obsédons à propos de la mauvaise qualité de notre sommeil, notre insomnie s’aggravera. Plus nous nous préoccupons de nous montrer efficaces et parfaits dans notre travail, plus nous commettrons d’erreurs. De plus, si nous redoutons d’une manière excessive que notre partenaire cesse de nous aimer, nous créerons des situations dans lesquelles l’autre personne se sentira sous pression et mal à l’aise.
De cette manière, plus nous exerçons de pression sur notre esprit, plus notre cerveau répondra mal. Nous épuiserons nos ressources. Nous souffrirons de plus de pertes de mémoire et nous nous sentirons plus épuisés. La liste des effets associés à la préoccupation est très longue, en raison de la biologie du stress. Nous verrons cela plus en détails dans la suite de l’article.
Les effets de la préoccupation sur le cerveau
Les effets de la préoccupation sur le cerveau sont plus intenses qu’on pourrait le penser. Ainsi, des neuroscientifiques tels que le docteur Joseph LeDoux de l’université de New York affirment que l’impact de cette dimension est si important parce qu’en général, nous ne savons pas nous préoccuper d’une manière saine. Nous avons la curieuse tendance à être extrêmes dans presque tout.
Certes, il souligne également un autre facteur qui peut nous déculpabiliser quelque peu. Notre cerveau est programmé pour s’inquiéter d’abord et penser ensuite. Autrement dit, notre système émotionnel et notamment notre amygdale cérébrale sont les premiers à détecter une menace et à activer une émotion.
Des neurotransmetteurs tels que la dopamine se libèrent immédiatement pour entraîner une activation et la nervosité. Ensuite, le système limbique stimule le cortex cérébral pour prévenir les structures mentales supérieures. Le but ? L’encourager à prendre le contrôle, à avoir recours au raisonnement logique pour réguler cette peur, cette sensation d’alarme.
Le docteur LeDoux nous rappelle que chez l’être humain, les émotions ont le dessus sur la raison. Ainsi, les préoccupations -et le labyrinthe de l’anxiété dans lequel elle nous entraîne- prennent souvent le contrôle de notre esprit. Voici les effets de la préoccupation sur le cerveau :
La préoccupation excessive entraîne une douleur psychologique
Qu’entendons-nous par douleur psychologique ? Est-ce différent d’une douleur physique ? Oui, mais en réalité, elle est tout aussi handicapante. Ainsi, la douleur psychologique englobe en soi la souffrance, l’épuisement, la négativité, le désintérêt, etc.
Dans un cerveau anxieux dominé par les préoccupations constantes, c’est l’amygdale qui tient les rênes. Elle nous fait voir des dangers là où il n’y en a pas. Tout est menace, nous nous méfions de tout et tout nous effraie. Son hyperstimulation affecte le cortex cérébral, en réduisant son activité. C’est pourquoi nous cessons de voir les choses avec calme et équilibre.
En outre, l’amygdale active plusieurs zones du cerveau en charge de la douleur comme c’est le cas du cortex cingulaire antérieur. Le mal-être s’aggrave ainsi.
Lorsque la préoccupation affecte le cerveau de manière intense, vos processus cognitifs sont défaillants
À quoi nous référons-nous lorsque nous parlons des processus cognitifs ? Lorsque la préoccupation affecte le cerveau d’une manière intense parce que cela fait plusieurs semaines ou mois que nous sommes sous l’emprise de certaines pensées, nous pouvons commencer à remarquer les faits suivants :
- Pertes de mémoire
- Problèmes de concentration
- Difficulté à prendre des décisions
- Problèmes pour comprendre des messages, des SMS, etc
Quelle est la solution pour arrêter de nous préoccuper ?
En réalité, il ne s’agit pas d’arrêter de nous préoccuper. La réponse serait plutôt d’apprendre à mieux nous préoccuper. Dans le cas contraire, tel que l’affirme une étude menée par l’université de Cambridge par le docteur Ernest Paulesu, nous courrons le risque de dériver vers un trouble d’anxiété généralisée.
Pour y parvenir, pour apprendre à mieux nous préoccuper, il faut se rappeler des conseils du psychologue renommé, Albert Ellis. Réfléchissons-y quelques instants.
- Analysez vos pensées irrationnelles : c’est difficile à croire mais 80 % de vos préoccupations sont démesurées et n’ont pas de fondement logique
- Parlez de vos émotions, mettez un nom sur chacun d’entre elles, déchargez-les, exposez-les au grand jour : il est probable que vous soyez excessivement préoccupé par votre travail parce qu’en réalité, vous vous sentez insatisfait car vous n’êtes pas heureux, pas satisfait. Approfondissez ces idées
- Ne prenez pas de décisions en vous basant seulement sur votre humeur : avant de décider et d’agir, gardez votre sang-froid. Passez chaque pensée par le filtre de la raison. Les émotions sont importantes. Néanmoins, si celles-ci s’associent avec un raisonnement pausé en centré, vous agirez toujours avec un meilleur discernement
Conclusion
Pour conclure, maintenant que nous avons conscience des effets de la préoccupation sur le cerveau, apprenons à être plus proactifs. Évitons de tomber dans les cercles vicieux de la souffrance. Utilisons une approche plus saine et raisonnable. Si nous n’y parvenons pas, n’hésitons pas à faire appel des professionnels spécialisés.
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- Cryan, J. F., & Kaupmann, K. (2005, January). Don’t worry “B” happy!: A role for GABA B receptors in anxiety and depression. Trends in Pharmacological Sciences. https://doi.org/10.1016/j.tips.2004.11.004
- Paulesu, E., Sambugaro, E., Torti, T., Danelli, L., Ferri, F., Scialfa, G., … Sassaroli, S. (2010). Neural correlates of worry in generalized anxiety disorder and in normal controls: A functional MRI study. Psychological Medicine, 40(1), 117–124. https://doi.org/10.1017/S0033291709005649
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