Les délires de référence : en quoi consistent-ils ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Ebiezer López
Les troubles psychotiques sont des altérations qui modifient notre perception de la réalité objective. Lorsqu’on parle de psychose, on pense généralement à la schizophrénie, mais il existe de nombreuses autres altérations dans cette classification. En ce sens, les délires de référence sont l’un des symptômes les plus courants des cadres psychotiques.
Bien qu’ils soient généralement considérés comme un signe de schizophrénie, ce n’est pas le seul contexte clinique dans lequel ils peuvent apparaître. Dans cet article, nous vous expliquerons plus en détail les caractéristiques de ces délires, leurs causes possibles et leur traitement.
Que sont les délires de référence ?
Nous manipulons tous différents systèmes de croyances qui agissent comme un filtre traitant la réalité. C’est comme si nous regardions le monde à travers l’objectif d’un appareil photo pour avoir une idée de son fonctionnement. Notre système de croyance n’est pas entièrement objectif, il existe des facteurs tels que les biais cognitifs qui influencent la perception.
Malgré cela, la façon dont nous traitons l’information est toujours basée sur la réalité objective. Or, quand on parle de délire, on fait référence à une série de croyances qui altèrent pathologiquement la perception. Les délires ne sont pas basés sur la réalité : ils ne sont donc pas partagés au sein de la culture et du groupe social du patient. Par exemple, le délire de jalousie génère la perception que le partenaire est infidèle alors qu’il n’y a aucune preuve de cela.
Dans le cas des délires de référence, l’accent est mis sur la personne elle-même. Le patient croit que des situations externes, telles que le comportement des autres, lui sont liées d’une manière ou d’une autre – c’est pourquoi on parle également de délire autoréférentiel. Il pourrait penser que les gens lui envoient des messages « cachés » par le biais du langage corporel ou même dire qu’une publicité à la télévision a été faite pour lui dire quelque chose.
Le délire référentiel apparaît souvent comme un symptôme de la schizophrénie ou d’autres troubles psychotiques. Mais il peut aussi faire partie d’autres affections non psychotiques et devenir un cadre clinique en soi. Dans cette situation, nous sommes confrontés à un possible trouble délirant, où d’autres délires pourraient également apparaître.
Causes
Comme pour le reste des altérations psychologiques, il n’y a pas de cause claire ou unique pour les expliquer. Au lieu de cela, on nous signale divers facteurs qui pourraient influencer l’apparition et le maintien du symptôme. L’un d’eux est le dysfonctionnement de certaines régions du cerveau qui modulent l’auto-référence.
Une étude de Menom et al. (2011) souligne que les structures de la ligne médiane corticale, les régions sous-corticales, l’amygdale et le striatum y participent. Les travaux des auteurs ont montré que, dans les délires de référence, on retrouve une activation accrue dans ces zones cérébrales. De plus, il n’y a pas de différenciation dans l’activité lors de la réception d’informations impliquant la personne et des informations contraires.
En d’autres termes, le cerveau de ces personnes a du mal à différencier quand quelque chose leur est adressé et quand ce n’est pas le cas. C’est de là que vient leur tendance à interpréter que certains comportements des autres ou des situations quotidiennes leur sont liés. Même lorsqu’il y a des preuves du contraire, elles en resteront convaincues, comme cela se passe avec tous les autres délires.
Or, on ne sait pas précisément ce qui génère ce dysfonctionnement neurologique. Différentes études suggèrent que les proches de patients ayant souffert de troubles psychotiques sont plus susceptibles de les développer. Par conséquent, on pourrait émettre des hypothèses sur les facteurs génétiques liés aux problèmes neuropsychologiques.
D’autre part, l’exposition au stress peut augmenter le risque de symptômes psychotiques. Un travail de Turley et al. (2019) a constaté qu’il existait une corrélation positive entre le stress et les expériences psychotiques.
Intervention dans les délires de référence
En ce qui concerne l’intervention dans les délires de référence, une approche multidimensionnelle est généralement choisie pour obtenir de meilleurs résultats. D’un côté, on peut prescrire des antipsychotiques pour aider à réduire la fréquence de déclenchement du délire.
De même, la psychothérapie sert à fournir au patient la psychoéducation nécessaire sur ses symptômes et la manière dont ils l’affectent. De plus, le psychologue ou le psychothérapeute peut travailler avec le patient sur l’adhésion au traitement pharmacologique et utiliser des techniques pour gérer le délire.
En ce sens, il est important d’intervenir dans le contexte social du patient. Les membres de la famille et vos proches ont besoin d’être informés des difficultés qu’il présente. De même, ils peuvent être formés avec différentes stratégies pour faire face aux épisodes de la manière la plus saine possible.
Cette triple intervention améliore le pronostic des personnes souffrant de troubles psychotiques. Au fil du temps, elles seront probablement en mesure de réintégrer des activités telles que le travail ou l’école. De plus, le risque de rechute des symptômes diminue.
Enfin, il est important de noter que les délires de référence ne sont pas pareils que les idées délirantes. Bien qu’elles puissent se transformer en délire, elles ne le sont pas en elles-mêmes, puisqu’il est possible de les modifier. Contrairement au délire, où la conviction est maintenue malgré l’absence de preuves.
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- Menon, M., Schmitz, T. W., Anderson, A. K., Graff, A., Korostil, M., Mamo, D., … & Kapur, S. (2011). Exploring the neural correlates of delusions of reference. Biological psychiatry, 70(12), 1127-1133.
- Turley, D., Drake, R., Killackey, E., & Yung, A. R. (2019). Perceived stress and psychosis: The effect of perceived stress on psychotic‐like experiences in a community sample of adolescents. Early intervention in psychiatry, 13(6), 1465-1469.
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