Les bactéries intestinales peuvent-elles influencer nos émotions ?

Les bactéries intestinales peuvent-elles influencer nos émotions ?
Gema Sánchez Cuevas

Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Cela fait des siècles que nous répétons la devise “Mens sana y corpore sano“. Et bien que la signification que nous lui donnons aujourd’hui soit très éloignée de son sens originel, la réalité est que la recherche a montré à de nombreuses reprises qu’un corps sain abrite un esprit sain. Parmi les nombreuses preuves appuyant cette théorie, nous trouvons la grande recherche qui, au cours des dernières années, a établi une relation entre les bactéries intestinales et le cerveau, en particulier avec les émotions.

Cela fait relativement peu de temps que les scientifiques ont découvert une surprenante relation entre les bactéries intestinales et les émotions. En effet, les bactéries intestinales sont devenues un sujet d’actualité pour les chercheur-se-s ces dernières années.

Il existe une relation étroite entre l’intestin et le cerveau

Nous connaissons tou-te-s la sensation d’avoir des “papillons dans l’estomac”. La récente recherche semble démontrer que quelque chose de véridique existe dans cette métaphore. Depuis le début du 21ème siècle, les scientifiques ont étudié le lien entre les bactéries vivant dans nos intestins et la santé mentale.

Ceci n’est toutefois pas nouveau. Déjà, au début du vingtième siècle, les médecins et les scientifiques écrivirent beaucoup sur la façon dont le contenu du colon – en particulier les bactéries nocives y vivant – pourrait contribuer à la fatigue, à la dépression et aux névroses.

 

bactéries intestinales

Bien que les premières études et hypothèses relatives à l’influence des bactéries intestinales sur le cerveau aient été rejetées car considérées comme pseudo-scientifiques, au cours des 15 dernières années les scientifiques ont commencé à réexaminer le lien entre l’intestin et le cerveau. À mesure que d’autres études aient été réalisées, les chercheur-se-s ont découvert que la communication entre l’intestin et le cerveau est en réalité une voie à double sens.

Le cerveau influence à la fois les fonctions immunologiques et gastro-intestinales, lesquelles peuvent altérer la composition du microbiome intestinal. À leur tour, les bactéries présentent dans l’intestin produisent des composés neuro-actifs, des neurotransmetteurs et d’autres métabolites pouvant agir sur le cerveau. Il a été découvert, lors d’une recherche réalisée sur des souris, que certains de ces composés peuvent également influencer la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique, ce qui empêche que les substances nocives présentent dans le sang n’entrent dans le cerveau.

Bactéries intestinales et humeur

Cela fait quelques années que la communauté scientifique a commencé à étudier l’effet concret que peuvent exercer les bactéries intestinales sur les émotions. Par exemple, nous savons depuis un certain nombre d’années que les micro-organismes présents dans notre intestin sécrètent un grand nombre de substances chimiques, parmi lesquelles nous retrouvons les mêmes substances utilisées par nos neurones pour communiquer et réguler notre humeur, telles que la dopamine, la sérotonine et l’acide gamma-aminobutyrique (GABA). Celles-ci, à leur tour, semblent jouer un rôle dans les troubles intestinaux dans la mesure où elles coïncident avec des niveaux élevés de dépression majeure et d’anxiété.

Par ailleurs, nous savons depuis un certain temps qu’une grande partie de notre approvisionnement neurochimiques provient de l’intestin, où ces signaux chimiques régulent l’appétit, la sensation de plénitude et de digestion. Toutefois, ceci n’a pu être établi que récemment, lorsque la recherche a sérieusement pris en compte le rôle joué par les microbes pour libérer ces substances chimiques très spéciales.

Le rôle des interactions cerveau-intestin-microbiologie

Les chercheurs de l’UCLA ont récemment identifié la microbiologie intestinale qui interagit avec les régions du cerveau associées à l’humeur et au comportement. C’est peut-être la première fois que les différences comportementales et neurobiologiques associées à la composition microbienne chez des humains en bonne santé ont été identifiées, car les recherches antérieures avaient été réalisées sur des animaux.

bactéries intestinales

Cette étude réaffirme que les interactions cerveau-intestin-microbiologie peuvent jouer un rôle important dans notre santé et même dans notre comportement. Des recherches antérieures ont déjà suggéré que la microbiologie, la communauté des microorganismes intestinaux, peut influencer le comportement et les émotions.

La question reste de savoir si l’intestin affecte le cerveau ou si le cerveau affecte l’intestin ? Il n’a pas été clairement déterminé si c’est l’intestin qui influence le cerveau et son développement ou si c’est le cerveau qui influe sur l’intestin. Les chercheur-se-s avouent qu’il est difficile d’établir des conclusions définitives – qui aillent au-delà de l’association – car il s’agit d’un domaine de recherche encore jeune, pour lequel la plupart des études à grande échelle sont encore en cours.

L’importance des bactéries intestinales

La recherche sur l’influence des bactéries intestinales et leur influence sur la fonction cérébrale se poursuit actuellement. Il reste beaucoup à découvrir et à préciser. Jusqu’à présent, les différentes orientations de la recherche ont précisé que :

  • La microbiologie intestinale est une population d’envergure qui est importante pour le métabolisme sain et la fonction cérébrale
  • Les voies de communication intestin – cerveau comprennent les connexions neuronales
  • La microbiologie intestinale est importante pendant le développement précoce et peut avoir une influence sur le “câblage” des circuits de stress dans le cerveau
  • Les probiotiques, ou “bonnes bactéries”, peuvent avoir un impact bénéfique sur les symptômes de l’humeur

Il ne fait aucun doute que la microbiologie est un modulateur important de la santé et des émotions, et devrait être considéré comme faisant partie d’un système de communication complexe et multiforme, nécessaire pour établir un équilibre sain dans le développement du cerveau. Dès lors, tant que nous sommes attentifs aux découvertes de la science, il sera préférable de prendre soin de notre corps et d’être attentif-ve-s aux messages qu’il peut nous envoyer.



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