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L'erreur fondamentale d'attribution

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L'erreur fondamentale d'attribution
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Valoriser toute l’information à laquelle nous sommes confrontés quotidiennement est impossible. Cette observation est encore plus réaliste avec l’essor d’internet et des réseaux sociaux. Nous devons continuellement prendre des décisions, plus ou moins importantes, en nous basant sur l’information que nous avons à disposition ou que nous sommes en capacité de chercher.

En disposant d’une quantité d’informations trop importante et en n’ayant pas assez de temps pour l’analyser dans sa globalité, nous prenons normalement des décisions rapides basées sur des méthodes heuristiques. Ces dernières conduisent à la production de préjugés, comme l’erreur  fondamentale d’attribution (Gilbert, 1989).

Egalement connue sous le nom de préjugé de correspondance ; comme son nom l’indique l’erreur fondamentale d’attribution  affecte et déforme les attributions que nous faisons. Elle décrit en fait la tendance ou la prédisposition à surdimensionner ou survaloriser les dispositions ou motifs personnels internes lorsqu’il s’agit d’expliquer / d’attribuer / d’interpréter un comportement observé chez des individus, en donnant une moindre importance aux circonstances qui y sont associées.

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L’expérience de Castro

Edward E. Jones et Keith Davis (1967) imaginèrent une étude afin de tester le fonctionnement des attributions. Concrètement, ils souhaitaient étudier la manière que nous avions d’attribuer à la critique une attitude défavorable. Présentons désormais l’expérience qui vous permettra d’y voir plus clair.

Au cours de l’expérience, les participants devaient lire des essais contre ou en faveur de Fidel Castro. Ensuite, ils devaient qualifier les attitudes des écrivains envers Fidel Castro. Les attributions qu’ils faisaient étaient les mêmes que celles qui étaient attribuées au contenu du texte. En fait, ils disaient que ceux qui écrivaient en faveur avaient une attitude favorable à Castro alors que ceux qui écrivaient contre ce dernier étaient contre lui.

Le résultat fut donc le résultat espéré. En pensant que les écrivains avaient écrit avec liberté, les attributions qui furent exprimées furent internes. Chacun écrivait en accord à ses croyances. En revanche, l’approche fut différente pour d’autres participants auxquels on affirma que les écrivains avaient écrit en faveur ou contre Castro par hasard.

Ils avaient joué à pile ou face et en fonction du résultat, ils devaient écrire pour ou contre Castro. Les chercheurs espéraient alors pouvoir identifier des attributions externes mais ce ne fut pas le cas, bien au contraire les attributions continuaient d’être internes. Si un auteur écrit en faveur, il est pour ; s’il écrit contre, il est contre. C’est indépendant des motifs qui l’ont mené à écrire. Le fonctionnement de notre esprit est étrange n’est-ce pas ?

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 Attributions internes et externes

Mais que sont en fait les attributions internes et les attributions externes ? Qu’est ce qui les différencie ? Ces attributions (Ross, 1977) font référence aux motifs, aux causes. Ainsi, une attribution interne est celle qui rend la personne responsable du résultat ; concrètement à cause de ses caractéristiques internes telles que les attitudes ou la personnalité. Par exemple, si quelqu’un que je n’apprécie pas échoue à un examen ou est renvoyé de son emploi, j’attribuerai certainement cela à des causes internes. Il a échoué car il est idiot et a été renvoyé pour raison de paresse. Les faits d’être idiot et paresseux sont des caractéristiques des individus.

D’autre part, les attributions externes font référence à l’influence de facteurs situationnels, changeants et dangereux dans la plupart des cas. En continuant avec l’exemple précédant, j’ai échoué à l’examen car je traversais une mauvaise journée et on m’a renvoyé car mon chef est incompétent. Dans cette occasion, les attributions pourraient se baser sur des évènements de circonstances comme le fait de passer une mauvaise journée ou sur es caractéristiques internes concernant des personnes tierces.

Explications relatives à l’erreur fondamentale d’attribution

Il existe différentes théories qui tentent d’expliquer comment l’erreur  fondamentale d’attribution surgit. Bien qu’on ne sache pas exactement pour quoi elle se produit, certaines théories osent imaginer quelques hypothèses. L’une de ces théories est l’hypothèse du monde juste (Lerner et Miller, 1977). Selon cette hypothèse les personnes obtiendraient ce qu’elles méritent et mériteraient ce qu’elles obtiennent. Attribuer des échecs à des raisons de personnalité plutôt qu’à des raisons de circonstance satisfait davantage notre nécessité de créer un monde juste. Cette croyance renforce l’idée du fait que nous avons le contrôle de notre propre vie.

Une autre théorie est celle de la communication de l’acteur (Lassiter, Geers, Munhall, Ploutz-Zinder et Breitenbecher, 2002). Lorsque nous prêtons attention à une action, l’individu est le point de référence tandis que nous ignorons la situation comme s’il s’agissait uniquement d’un contexte. Pour cela, les attributions du comportement sont basées sur les personnes que nous observons. Lorsque nous faisons une observation de nous-mêmes, nous sommes davantage conscients des forces qui agissent sur nous. C’est de là que naissent les attributions externes.

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La culture dans l’erreur fondamentale d’attribution

L’erreur fondamentale d’attribution n’est pas identique chez tous les individus. Certains chercheurs ont démontré qu’elle est plus commune dans les cultures individualistes (Markus et Kiyatama, 1991). Ces personnes plus individualistes vont tomber plus souvent dans ce parti pris que les personnes provenant de cultures plus collectivistes. De cette manière, les asiatiques attribuent davantage le comportement aux situations tandis que les occidentaux l’attribuent à la conduite de l’acteur.

Ces différents sont orientées par chaque culture. Les cultures individualistes, plus communes dans les pays occidentaux, ont tendance à se voir comme des agents indépendants et par conséquent, sont sujettes à des objets individuels face à des détails contextuels. Au contraire, les cultures plus collectivistes ont tendance à octroyer une grande importante au contexte.

Une différence classique peut se trouver dans les tableaux. Les tableaux occidentaux mettent en avant des personnes qui occupent une grande partie du cadre tandis que le fond est très peu développé. En revanche, dans des pays comme le Japon, les tableaux montrent des personnes très petites dans des paysages dans lesquels chaque détail est très développé.

Comme nous l’avons vu, les partis pris sont difficiles à éviter car ils sont influencés par des facteurs tels que la culture. En revanche, il n’est pas impossible de les contourner. Certaines technique (Gilbert, 1989) pour corriger l’erreur fondamentale d’attribution sont :

  • Faire attention à l’information consensuelle, si beaucoup de gens se comportent de la même manière dans une situation identique, la cause peut être la situation.
  • Se questionner soi-même pour savoir comment on agirait dans cette même situation.
  • Rechercher des causes inaperçues, chercher spécifiquement des facteurs moins évidents.

Bibliographie

Gilbert, D. T. (1989). Thinking lightly about others: Automatic components of the social inference process. In J. S. Uleman & J. A. Bargh (Eds.), Unintended thought (pp. 189–211). New York: Guilford Press.

Jones, E. E. & Harris, V. A. (1967). The attribution of attitudes. Journal of Experimental Social Psychology, 3, 1–24

Lassiter, F. D., Geers, A. L., Munhall, P. J., Ploutz-Snyder, R. J. y Breitenbecher, D. L. (2002). Illusory causation: Why it occurs. Psychological Sciences, 13, 299-305.

Lerner, M. J. & Miller, D. T. (1977). Just world research and the attribution process: Looking back and ahead. Psychological Bulletin, 85, 1030-1051.

Markus, H. R., & Kitayama, S. (1991). Culture and the self: Implications for cognition, emotion, and motivation. Psychological Review, 98, 224-253.

Ross, L. (1977). The intuitive psychologist and his shortcomings: Distortions in the attribution process. ‘In L. Berkowitz (Ed.), Advances in experimental social psychology (vol. 10, pp. 173–220). New York: Academic Press.

 


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  • Gilbert, D. T. (1989). Thinking lightly about others: Automatic components of the social inference process. In J. S. Uleman & J. A. Bargh (Eds.), Unintended thought (pp. 189–211). New York: Guilford Press.
  • Jones, E. E. & Harris, V. A. (1967). The attribution of attitudes. Journal of Experimental Social Psychology, 3, 1–24
  • Lassiter, F. D., Geers, A. L., Munhall, P. J., Ploutz-Snyder, R. J. y Breitenbecher, D. L. (2002). Illusory causation: Why it occurs. Psychological Sciences, 13, 299-305.
  • Lerner, M. J. & Miller, D. T. (1977). Just world research and the attribution process: Looking back and ahead. Psychological Bulletin, 85, 1030-1051.
  • Markus, H. R., & Kitayama, S. (1991). Culture and the self: Implications for cognition, emotion, and motivation. Psychological Review, 98, 224-253.
  • Ross, L. (1977). The intuitive psychologist and his shortcomings: Distortions in the attribution process. ‘In L. Berkowitz (Ed.), Advances in experimental social psychology (vol. 10, pp. 173–220). New York: Academic Press.

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