L'effet magique de la lecture sur notre cerveau
Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
La lecture de romans, de textes de fiction et d’essai nous permet d’imaginer des situations, des scènes et des personnages. En parcourant leurs pages, nous créons des images mentales de visages, de vêtements, de paysages, d’espaces et de distances. Et c’est là que commence l’effet magique de la lecture sur notre cerveau.
La lecture, en tant qu’activité, est une opportunité parfaite pour déconnecter et tranquilliser notre dialogue interne. Elle freine aussi les reproches, les accusations ou les cycles de pensée à propos de ces problèmes que nous ne parvenons pas à résoudre. Tout cela peut activer de nombreuses régions cérébrales qui déclenchent nos sens.
Le langage dans l’hémisphère droit
Le neurologue Guillermo García Ribas soutient que la lecture facilite deux aspects: la décodification du langage et la pensée symbolique.
Alex Huth fait partie de l’équipe qui a cartographié le système sémantique du cerveau. De façon très surprenante, il a découvert que le langage ne se limite pas à l’hémisphère gauche, comme il le pensait jusqu’alors. Il semblerait que la production du langage soit la spécialité de cette partie. Mais une grande partie de la compréhension du langage se produit apparemment dans l’hémisphère droit.
“Il y a une connexion entre les aires d’interprétation de symboles (mots) et d’autres zones comme celle du mouvement, que nous ignorions jusque là.”
-G. Ribas-
La lecture dans notre cerveau: le GPS mental activé
Le neuroscientifique Aidan J. Horner soutient que la représentation d’images mentales influe sur le système neuronal cortical et sous-cortical. Elle active aussi un réseau de cellules de grille dans le cortex entorhinal. Ces cellules se chargent de la localisation spatiale. En d’autres termes, elles font comprendre au cerveau la position qu’il occupe dans l’espace.
Elles s’activent face à des images mentales créées à partir de la lecture de la description de personnages dans un environnement. Ou quand nous nous imaginons nous-mêmes dans un lieu. Elles le font de la même façon que pour des stimulus visuels ou auditifs.
Ces neurones de grille montrent une forte régulation d’ondes thêta. Il s’agit d’impulsions électriques de large amplitude, une caractéristique liée à la réorganisation de la structure cérébrale. Ce sont aussi des ondes de basse fréquence et certains pensent qu’elles facilitent l’accès à des contenus inconscients.
Les ondes thêta sont propres aux phases 1 et 2 de sommeil chez les adultes. En revanche, les enfants passent leur temps de veille en état d’ondes thêta au cours de leurs premières années de vie. Lorsque ce phénomène a lieu au cours de la veille des adultes, une chose similaire à l’état de conscience obtenu après la méditation ou l’hypnose se produit.
L’un des effets de la lecture sur notre cerveau serait donc de faciliter l’état de conscience qui donne accès au contenu de l’inconscient. En même temps, une réorganisation des structures cérébrales et des réseaux neuronaux se produirait.
Des miroirs à travers lesquels se regarder
Robert Harris, de l’Université d’Emory, a réalisé des tests de résonance magnétique à un groupe de personnes lorsqu’elles lisaient un roman. Cette étude a débouché sur des résultats étonnants.
Les mouvements que les personnages du roman réalisaient activaient différentes aires cérébrales chez les lecteurs. Les aires activées étaient les mêmes que celles qui se seraient activées s’ils avaient eux-mêmes réalisé les mouvements. Un renforcement important des connexions neuronales dans le sillon central a aussi été noté. Cet organe est lié aux sensations du corps et à l’empathie.
Une trace dans le cerveau
Les expériences de Robert Harris ont mené à des résultats collatéraux. On a pu découvrir une trace neuronale laissée par la lecture d’un roman quelques jours après la fin de celui-ci. Des résonances ont aussi été faites aux participants plusieurs jours après leur lecture. Cela a permis de démontrer que la connectivité qui avait augmenté pendant la période de lecture se maintenait pendant plusieurs jours alors même que la personne ne lisait plus.
Ce phénomène a été baptisé “ombre d’activité”. Sa trace se maintient pendant au moins cinq jours après la fin du roman. Cette même trace pourrait même rester vivace plus longtemps si le livre nous a beaucoup plu.
Cette “ombre d’activité” produite par la lecture dans notre cerveau pourrait expliquer la magie des livres. La même magie qui permet à des personnages et des histoires de rester inscrits en nous. Même après la fin d’un roman.
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