Le trouble de la rêverie compulsive
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Le trouble de la rêverie compulsive définit un syndrome bien particulier. Les personnes qui en souffrent sont une grande partie du temps immergées dans leurs fantaisies et sont complètement déconnectées de la réalité. Bien que nous rêvions tous en étant éveillés, certains atteignent cet état de manière excessive ; si bien qu’ils restent enfermés dans un univers isolé où ils négligent leur alimentation, leurs responsabilités et leurs relations.
Lorsque nous parlons de syndromes, plus d’un lecteur peut activer la sonnette d’alarme en pensant que nous commençons à voir des comportements pathologiques dans des situations (d’apparence) normales. En fait, toute conduite commencera à être analysée d’un point de vue clinique au moment où des actes ou des réactions déterminés auront une interférence sur la vie normale de la personne.
« Lorsqu’une personne a recours à ses fantaisies et à ses rêves pendant des heures comme un moyen de s’isoler de la réalité ou pour fuir un conflit émotionnel ou un traumatisme interne jusqu’à en arriver à ne plus prendre soin d’elle, nous faisons face à un comportement psychopathologie. »
Rêver en étant éveillé n’est pas synonyme de problème dans la mesure où nous menons un quotidien tout à fait fonctionnel. 95% de la population y a recours dans ce contexte. En fait, nous fantasmons tous et cela nous permet de mettre en fonctionnement une infinité d’aires cérébrales qui améliorent ainsi notre agilité mentale. Ainsi, les structures comme le cortex préfrontale, le système limbique ou des aires corticales diverses liées à l’information sensorielle nous aident à réfléchir sur certains points de notre vie, à alimenter de nouveaux projets et à améliorer notre état moral.
Ce sont des instants ponctuels du quotidien qui agissent comme un « redémarrage » mental, comme un refuge momentané où se trouve le bien-être. Cependant, l’authentique problème apparaît lorsque nous préférons ces moments privés à la vie réelle. En fait, il est important de savoir que derrière le trouble de la rêverie compulsive se cachent d’autres troubles habituellement sous-jacents et associés, comme des traumatismes variés, des troubles obsessionnels compulsifs, des conflits sous-jacents…
Voyons en détail toutes les informations ci-dessous.
Les caractéristiques du trouble de la rêverie compulsive
Le trouble de la rêverie compulsive n’apparaît pas (encore) dans le Manuel Diagnostic et Statistique des Troubles Mentaux (DSM-V). On espère qu’il apparaisse dans les prochaines éditions à mesure que de nouvelles recherches et approches thérapeutiques apparaîtront. En 2002, le médecin et psychiatre Eliezer Somer, de l’Université de Haifa en Israël, évoqua ce trouble pour décrire son nom et sa symptomatologie associée.
Cette dernière serait la suivante :
- Ces patients sont rêveurs ; des rêveurs capables de créer leurs propres personnages pour s’immerger dans des histoires complexes, détaillées et qui semblent tout à fait vécues pour eux.
- Ces fantaisies interfèrent dans leur vie réelle. Une quelconque stimulation quotidienne peut être le déclencheur de la création d’une nouvelle histoire, une nouvelle narration interne dans laquelle s’immerger sans tenir compte de ce qu’ils font à l’instant.
- Ils négligent leurs responsabilités et même leur alimentation et leur hygiène.
- Ils ont des difficultés à dormir la nuit.
- Lorsqu’ils rêvent éveillés, ils effectuent habituellement des mouvements répétés ou stéréotypés, voire des expressions faciales.
- Ils ont pour habitude de parler pendant ces fantaisies privées, de murmurer en mettant en scène leur propre rêve.
- Ces fantaisies peuvent durer pendant des heures mais les interrompre, devoir revenir à la réalité fait naître chez eux une grande anxiété similaire à celle de l’addiction.
Qu’est ce qui se cache derrière le trouble de la rêverie compulsive ?
Comme nous l’avons signalé, ce trouble est encore aujourd’hui en phase de description et d’analyse. Cependant, nombreux sont les psychiatres et psychologues qui traitent ce type de patients quotidiennement en consultation. Nous pouvons également voir que des articles sont fréquemment publiés pour actualiser les données et les approches thérapeutiques. Pour autant, ce trouble est chaque fois plus délimité et l’information que nous avons à disposition est validée par la pratique professionnelle.
Il est important de mettre l’accent sur ce dernier point pour une raison très concrète. Il a pu être démontré que le trouble de la rêverie compulsive ne vient quasiment jamais seul. Comme nous l’avons indiqué précédemment, il a pour habitude de se présenter en étant accompagné par d’autres troubles ou des problèmes sous-jacents. Ils seraient les suivants :
- Des personnes ayant souffert de maltraitance ou ayant expérimenté d’autres types d’actes traumatiques à un moment quelconque de leur vie.
- Les patients atteints de dépression peuvent montrer des troubles de rêverie compulsive.
- Le trouble obsessionnel compulsif est également en relation.
- Le trouble de la personnalité limite ou les troubles associés sont d’autres réalités communes.
- Aussi, il a pu être démontré par des observations que les personnes atteintes du trouble du spectre de l’autisme ont également tendance à développer ce type de trouble.
Traitement pour le trouble de la rêverie compulsive
Le professionnel qui doit travailler avec un patient atteint du trouble de la rêverie compulsive doit avoir à l’esprit qu’il est nécessaire de connaître précisément les causes qui sont responsables de l’apparition de ce comportement. En fait, la stratégie thérapeutique ne sera pas la même chez une personne atteinte de dépression et chez une autre atteinte de conduites obsessionnelles compulsives. C’est donc là que se trouve le défi et c’est le point de départ d’une quelconque approche de la maladie.
Aussi, il est intéressant de savoir que le psychiatre Eliezer Somer développa une échelle permettant de diagnostiquer de type de condition clinique. La « Maladaptive Daydreaming Scale (MDS) » dispose de 14 échelons avec lesquels ce trouble peut être défini. Cette échelle a permis jusqu’alors de différencier d’autres conditions telles que la schizophrénie ou la psychose.
D’autre part, on a démontré une efficacité élevée du traitement de ce trouble en ayant recours à la technique psychothérapeutique EMDR (Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires). Il s’agit d’une approche intéressante par laquelle résoudre les difficultés émotionnelles occasionnées par des faits traumatiques. Elle fut créée par Francine Shapiro en 1987.
« Parfois, l’esprit reçoit un coup si brutal qu’il se cache dans son propre isolement. Parfois, la réalité est uniquement de la douleur, et pour fuir cette douleur, l’esprit doit abandonner la réalité. »
-Patrick Rothfuss-
De plus, la psychologie cognitivo-comportementale est également efficace dans ce type de réalités phycologiques, là où les objectifs thérapeutiques du professionnel seront les suivants :
- Connecter la personne avec la réalité
- Favoriser des activités réglées et la gestion du temps
- Identifier des stimulations qui génèrent la rêverie
- Améliorer l’attention
- Améliorer les habitudes de vie saines
- Favoriser des intérêts que le patient devra intégrer dans ses dynamiques quotidiennes
Pour conclure, il est important de savoir à quel moment des conduites déterminées nous éloignent de nos responsabilités et de l’opportunité de profiter pleinement de la vie, de manière heureuse et responsable. La rêverie compulsive peut parfois jouer un rôle de « drogue » qui nous permet de nous isoler d’une réalité personnelle qui nous blesse ou pour laquelle nous cherchons encore un sens.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.