Le rôle des parents dans la prévention des TCA de leurs enfants
La cause à l’origine de certains troubles est inconnue. Pour d’autres, on sait quels sont les facteurs de risque qui favorisent l’apparition du trouble. En ce qui concerne les troubles des comportements alimentaires (TCA), la réalité est claire et dure. En effet, c’est le contexte culturel qui est à l’origine de ces troubles.
Tous les troubles des comportements alimentaires, à savoir l’anorexie, la boulimie ou encore l’obésité sont la conséquence d’un désir de s’ajuster aux valeurs et au mode de vie qui prédominent dans la société. Il est donc essentiel de s’interroger sur l’influence de la société. Ainsi que sur le rôle des parents dans la prévention des TCA de leurs enfants.
Dans de nombreux troubles psychologiques, l’âge joue un rôle fondamental. Et dans certains cas, comme dans le cas des troubles de la personnalité, les changements spécifiques au trouble commencent à se manifester dès la première étape de l’âge adulte.
Certains troubles affectent considérablement les femmes. C’est le cas de l’anxiété et de la dépression, par exemple.
Les données au sujet des TCA sont alarmantes. Par exemple, en 2019, le nombre de cas de TCA parmi la population espagnole adolescente s’élevait a 300 000.
De plus, 90 % de ces adolescents étaient des jeunes filles. Ces données ne sont pas étonnantes. Dès leur plus jeune âge, les femmes sont les personnes les plus touchées par le standard de beauté de la société. Un standard qui, de plus, limite le rôle des femmes dans la société.
Les femmes, les personnes les plus touchées par les TCA
Dans le cadre d’une étude réalisée en 2010, les chercheurs Piñedos, Molano et López de Mesa ont conclu que l’une des principales raisons pour lesquelles le niveau socioéconomique n’était pas important dans l’apparition d’un TCA était que les critères de beauté et de minceur commençaient déjà à circuler dans des contextes moins susceptibles d’être concernés, à savoir les zones rurales.
Selon l’Association espagnole de psychiatrie infanto-juvénile (AEPNYA), l’âge moyen d’un TCA est situé entre 16 et 17 ans. La plupart des cas apparaissent avant l’âge de 20 ans. L’âge à risque est situé entre 13 et 24 ans du côté des adolescentes qui, à ces âges-là, vivent normalement chez leurs parents. C’est pourquoi le rôle des parents dans la prévention des TCA est si important. Nous nous posons alors la question suivante : que peuvent faire les parents pour éviter l’apparition d’un tel trouble ?
Le rôle des parents dans la prévention des TCA
Avant d’exposer le rôle des parents dans la prévention des TCA et expliquer ce qui peut favoriser l’apparition de ces troubles, il convient de préciser que de nombreux facteurs sont à l’origine d’un trouble des comportements alimentaires. Ainsi, même si certaines caractéristiques familiales sont associées à ces troubles, cela ne veut pas nécessairement dire que la famille est responsable du développement du TCA de l’enfant.
Dans le cadre d’une étude réalisée en 2017 à Bogota et centrée sur la relation entre les TCA, la famille et le genre, Martínez et Martínez ont conclu que le dysfonctionnement familial était proportionnel à l’apparition d’un TCA. Selon leur recherche, les deux éléments phares de ce dysfonctionnement sont le manque de cohésion et une faible tolérance à la frustration des jeunes.
L’étude de ces deux chercheuses a mis en évidence que les parents des enfants atteints par un TCA étaient contrôleurs, autoritaires, surprotecteurs. Mais aussi qu’ils ne favorisaient pas l’indépendance des adolescentes. Dans un tel contexte, une adolescente peut penser qu’elle n’a aucun contrôle sur son entourage. Et ce, à un âge où elle devrait pourtant être en mesure d’avoir des responsabilités et du pouvoir sur sa vie.
Le style parental permissif est-il la solution ?
La négligence et le laxisme des parents ne sont pas la solution à l’heure de prévenir les TCA. Dans cette même étude, les chercheuses observent que le manque d’affection et le manque de supervision sont liés à une faible estime de soi. Et la faible estime de soi est l’une des principales caractéristiques des personnes qui souffrent d’un TCA.
De manière générale, les spécialistes dans le domaine se sont employés à découvrir si l’apparition d’un TCA était plus probable dans un type de famille déterminé. N’ayant pas de consensus sur le sujet, il est intéressant de signaler les conclusions des chercheurs Espina, Pumar, García et Ayerbe dans le cadre de leur méta-analyse du lien entre les TCA et l’interaction familiale (1995) :
- La boulimie tend à se développer dans des familles conflictuelles et pathologiques. Les caractéristiques de ces familles sont les suivantes : hostilité, carences nutritionnelles, détachement, impulsivité et manque de soutien parental. Le conflit parental ne fait généralement pas partie des caractéristiques d’une famille conflictuelle et pathologique.
- Dans de nombreux cas, l’anorexie restrictive se développe dans des familles où la cohabitation et la vie conjugale des parents sont problématiques.
- Les familles des adolescentes qui souffrent d’anorexie purgative sont marquées par un conflit conjugal. L’hostilité et le manque de soutien parental sont des caractéristiques mitigées.
Que peuvent faire les parents pour prévenir les TCA ?
Sachant l’énorme impact des parents sur l’apparition d’un TCA, il est nécessaire de se demander ce que les parents peuvent faire pour prévenir leur apparition.
Martínez, Navarro, Perote et Sánchez (2010) présentent quelques outils utiles dans leur manuel Educar y crecer en salud: el papel de padres y educadores en la prevención de los trastornos alimentarios.
Les commentaires amusants sur le physique
Le corps d’une adolescente change et elle n’est pas la seule à le remarquer. Il est commun que l’entourage fasse des commentaires sur ces changements physiques. Ces commentaires peuvent énormément influer sur l’estime de soi.
De nombreux adultes ayant souffert d’un TCA disent avoir été la cible de commentaires de ce type : “ne mange pas trop, tu vas grossir“, “regarde le corps de ta cousine“, “avec cette coiffure, tu parais idiote“…
Les outils pour une adolescente qui manque d’assurance
L’adolescence est un défi qui peut survenir à un moment où l’adolescente n’est pas prête. Les adolescentes concernées cherchent souvent à atténuer leur mal-être avec une fausse solution. A savoir un TCA qui leur donne l’impression qu’elles ont le contrôle sur leur corps (qui est déjà en soi une source constante de mal-être) et sur la nourriture.
Il est d’une importance vitale d’éduquer les adolescentes. De leur fournir des outils qui leur apprennent à gérer leurs frustrations. Ces outils doivent leur permettre d’éviter une vie confuse à cause du manque d’informations de la part des parents.
Il est également souhaitable de parler des TCA, des signaux d’alerte et des pensées associées à ces troubles. Tout comme il est nécessaire d’insister sur le fait que la beauté existe sous différentes expressions. C’est à vous de dire à votre fille que la beauté n’est pas synonyme de minceur. C’est aux parents que revient cette mission. En effet, il est fort probable que les amis et une grande partie de la société ne véhiculent pas de tels messages. Ne pas véhiculer ces informations sur les TCA et la notion de beauté revient à prendre le risque que les adolescentes traversent cette étape en associant la notion de beauté à l’extrême minceur.
Les limites à la fois nécessaires et compliquées à gérer
La permissivité ne vous aide pas, en tant que parent, à gérer les TCA. L’imposition de limites avec tendresse et l’acceptation des envies des enfants en distinguant bien vos souhaits et les leurs sont des facteurs de protection face à tout TCA.
Une partie du rôle des parents dans la prévention des TCA consiste à imposer des limites. C’est sans doute l’une des tâches les plus ingrates à court terme. Mais les effets sont bien plus satisfaisants à moyen et long termes.
Ainsi, si dès leur plus jeune âge, les enfants n’apprennent pas à cohabiter sainement avec des limites, à l’adolescence, ils négligeront ces limites. Et ce même s’ils en ont besoin. Les spécialistes affirment d’ailleurs que seuls deux ingrédients sont nécessaires pour tenir les TCA éloignés : l’affection et le contrôle.
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- Martínez, J., Navarro, S., Perote, A. y Sánchez, M. (2010). Educar y crecer en salud. El papel de padres y educadores en la prevención de los trastornos de alimentación. Ed: Instituto Tomás Pascual Sanza para la nutrición y la salud. Madrid, España.
- Piñeros, S., Molano, J. y López de Mesa, C. (2010). Factores de riesgo de los trastornos de la conducta alimentaria en jóvenes escolarizados en Cundinamarca (Colombia). Revista Colombiana de Psiquiatría, 39(2), 313-328.
- AEPNYA. Trastornos de la conducta alimentaria (TCA). Procolocos 2.008.
- Ochoa de Alda, I., Espina, A. y Ortego, M. (2006) Un estudio sobre personalidad, ansiedad y depresión en padres de pacientes con un trastorno alimentario. Clínica y Salud, 17(2), 1-20.
- Martínez, D. y Martínez, S. (2017). Relación entre tratornos de la conducta alimentaria y género y familia en adolescentes escolarizados, Suba (Bogotá). Carta Comunitaria, 25(143), 29-33.
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