Le pouvoir moderne ne cherche pas à réprimer, mais à angoisser
La peur est une émotion humaine complètement naturelle qui, de fait, garantit la survie. Mais la peur à l’extrême a la capacité de conditionner la pensée, les émotions et le comportement des personnes.
Le pouvoir et ses représentants ont toujours su que la peur est une arme efficace pour contrôler la vie des autres et leur faire penser, ressentir et agir exactement comme ils le souhaitent.
Depuis toujours, qui a le pouvoir fait appel à la peur pour soumettre la conscience de qui se trouve sous sa coupe. Dans son expression la plus élémentaire, cette peur est inculquée en fonction de la punition physique, qui menace l’intégrité ou la vie des personnes soumises.
Tout au long de l’histoire, les coups, les privations ou la douleur ont été des outils utilisés, pour punir les rebelles, atteindre la soumission des ennemis ou maintenir une menace latente pour faire obéir.
Mais il y a une différence entre soumettre les serfs au fief, pendant l’époque médiévale, et contrôler les grandes masses de l’époque actuelle.
Beaucoup pouvaient échapper aux punitions physiques car il leur était impossible de détecter tous les actes qui allaient à l’encontre du pouvoir, ou appliquer vraiment la punition.
Aujourd’hui, le pouvoir est devenu bien plus sophistiqué. On ne s’occupe plus autant de réprimer ceux qui sortent des clous, mais d’implanter des mécanismes qui garantissent l’obéissance de la plupart des gens.
Le pouvoir et la peur actuels
S’il y a une émotion installée massivement aujourd’hui, c’est bien la peur. Mais il s’agit d’une peur imprécise, diffuse, qui naît de centaines de menaces latentes, même si elles ne sont pas directement liées au danger.
Les risques ne sont pas tout à fait clairs et c’est pour cela que la peur réussit à s’installer et à envahir la vie émotionnelle, sans que nous nous en apercevions. Le terme le plus correct pour parler de cette peur, c’est “angoisse”.
Au fond, ce qui s’est consolidé, c’est la peur de vivre et sans le vouloir ou en le voulant, nous affrontons cette crainte en obéissant.
Entre conscient et inconscient, nous nous conformons aux injonctions qu’on nous formule. Nous essayons de nous fondre dans le troupeau.
Et même, nous pratiquons la rébellion de manière soumise : nous pouvons nous surpasser dans un match de football, mais peu ont la liberté intérieure qui permet de tout abandonner pour se consacrer uniquement à ce dont ils ont toujours rêvé.
Beaucoup sont même capables de renoncer à leurs droits, s’il obtiennent une contrepartie, un “supposé” état de plus grande sécurité.
Les politiques le savent et c’est pour cela qu’ils justifient la réduction des droits et des libertés en pratiquant la menace.
S’ils limitent les services de santé, c’est pour ne pas créer un collapse financier. S’ils vous demandent plus d’impôts, c’est pour garantir votre retraite.
S’ils acceptent que la police rentre chez vous sans ordres judiciaires, c’est pour conjurer la menace terroriste. On dit aujourd’hui que les politiques ne promettent rien, ils travaillent pour conjurer des cauchemars.
L’usine à menaces
Le monde actuel n’est pas vraiment un hymne à la concorde et à la fraternité, c’est sûr. Mais ce n’est pas non plus l’apocalypse que nous vendent chaque jour les journaux et les médias en général.
Les grands médias se sont spécialisés dans le crime, la violence et la corruption. Ils sont montrés comme étant le centre de la réalité.
Si tout cela existe bien sûr, il est évident que les actions des gens honnêtes et sincères se comptent pas milliers. Il y a de nombreuses personnes qui ne souhaitent qu’une chose : vivre en paix.
Mais le pouvoir a besoin de gens angoissé, car qui est angoissé est vulnérable et les personnes qui se perçoivent comme vulnérables ressentent, plus qu’elles ne réfléchissent.
Elles se laissent emporter par la peur qui les habite et acceptent l’inacceptable : vivre selon des conservations fades sur un téléphone portable, vouer un culte aux muscles du corps, passer cinq Masters pour se sentir compétent ou chercher à tout prix le grand amour qui nous sauvera tous…
Il y a des professionnels de la peur et de l’angoisse. Il n’y a pas un employé qui ne craigne pas pour son emploi, car dans la plupart des entreprises, le fantôme des “coupes dans le personnel” rôde.
Peu de parents éduquent tranquillement leurs enfants : il y a les pédérastes, le trouble de l’hyperactivité et déficit d’attention et mille autres choses.
Nous sommes tous face à l’incertitude de la prochaine folie : une guerre, le changement des règles du jeu qui pourrait nous en faire sortir etc.
Pourquoi punir avec des coups ? Pourquoi réprimer ? Angoisser les sociétés est suffisant.
Pour cela, se trouve l’usine à peurs, pour apprendre à tout le monde que nous n’avons pas le contrôle de nos vies et qu’il y a des menaces qui sont indépendantes de notre capacité de réaction. Cela justifie le fait qu’il y ait des centaines d’êtres répulsifs aux postes de pouvoir.
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