La femme fatale et les stéréotypes misogynes
Avant l’apparition du Romantisme (et du mouvement de libération féminine), la femme n’était pratiquement pas représentée dans le monde culturel. On avait construit trois stéréotypes basiques : l’épouse et la mère, la mystique et la sorcière et/ou la prostituée.
Grâce aux mouvements d’émancipation féminine, on a commencé à voir la femme comme une menace. Non seulement elle prenait de plus en plus d’espace dans de nombreux secteurs de la société, mais elle adoptait également une nouvelle attitude.
C’est ainsi qu’apparut initialement “la femme fatale” dans la littérature. Beaucoup de romans de l’époque intégrèrent cette nouvelle facette féminine qui était surtout synonyme de danger . Dans les intrigues littéraires, les hommes finissaient toujours par être leurs victimes.
Dans les années 1940, la “femme fatale ” fit son apparition au cinéma. Ce fut l’époque des grandes divas, qu’on définit comme des “vamps”.
Le fait de comparer ces belles femmes avec les vampires est une preuve concrète qu’on les considérait comme des personnes monstrueuses, en quelque sorte. On jugeait qu’elles pouvaient “aspirer” la vie des hommes et les conduire à leur propre destruction.
À cette époque, la femme fatale n’était pas seulement une figure, mais elle possédait également tout un ensemble de traits psychologiques.
La femme fatale était une dame imperturbable, calculatrice et en théorie insensible. Sa grande force résidait dans le fait qu’elle était capable de séduire les hommes sans tomber amoureuse personnellement. Ses intérêts étaient plus pratiques : le pouvoir, l’argent.
La “femme fatale” était en fait la version féminine du classique “Don Juan”.
De la femme fatale à la “top model”
Pendant la seconde moitié du 20e siècle et ce que l’on connaît comme le début du 21e siècle, le cinéma, la publicité et même une bonne partie de la littérature modifièrent considérablement la figure typique de la “femme fatale”. En réalité, ils transformèrent le mythe en un cliché.
La femme “terriblement attirante” est maintenant incarnée par la figure de la “top model”. La plupart des images publicitaires incluent cette facette féminine : la femme perverse et de mauvaise vie, mais tentatrice et irrésistible.
L’image féminine apparaît également de plus en plus masculinisée . On a établi un prototype séducteur de cette femme qui combat : une espèce d’amazone contemporaine qui partage intrinsèquement les valeurs du guerrier.
C’est une femme hyper sexualisée, résolue et défiante. On dirait qu’elle est tout le temps à la conquête de quelque chose d’important dans le monde masculin. La femme fatale d’aujourd’hui est une grande femme d’affaires, conspiratrice, politique, militaire, athlète…
La femme fatale rivalise d’égale à égal avec les hommes, mais dans le style du célèbre 007, elle utilise ses atouts physiques et sa capacité de séduction pour se tirer des situations difficiles.
Elle ne possède plus une “beauté mystérieuse”, comme celle des femmes fatales d’autrefois. À présent, le stéréotype est beaucoup plus rigide : corps parfaitement tonifié, traits européens (quelle que soit la couleur de peau), lèvres proéminentes, etc.
La femme fatale contemporaine ne veut pas juste être un objet de désir pour les hommes, mais elle souhaite également servir d’idéal pour les autres femmes.
Voilà pourquoi la femme fatale se montre dominante, avec une personnalité percutante, indépendante et bien sûr, belle, même si elle survit depuis un an dans une jungle sauvage. Elle est aussi rebelle et revêt les dernières tendances de la mode, à tout moment.
De nos jours, la femme fatale a pourtant le même problème que beaucoup d’hommes à travers les générations : l’obligation de se montrer invulnérable, perdant ainsi la possibilité de vivre les plaisirs de la tendresse en toute quiétude.