L'autocensure : obstacles psychologiques à la transmission de l'information

Comment fonctionne l'autocensure et par quoi est-elle induite ?
L'autocensure : obstacles psychologiques à la transmission de l'information
Roberto Muelas Lobato

Rédigé et vérifié par Psychologue Roberto Muelas Lobato.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Parfois, nous choisissons de ne pas divulguer les informations dont nous disposons. Nous nous taisons sans qu’aucune barrière ne nous empêche de parler. Nous décidons qu’il vaut mieux se taire que de partager des informations. Pourquoi ? Tout cela est dû à un mécanisme psychologique appelé autocensure. L’autocensure est définie comme l’acte de dissimuler intentionnellement et volontairement des informations à autrui en l’absence d’obstacles formels.

Lorsque vous pensez que la divulgation de l’information a un coût élevé, il est fort probable que vous ne la partagiez pas. L’autocensure de l’information peut maintenir la coexistence dans une société et aider à prévenir le mal. Cependant, l’autocensure peut générer de la détresse, de la culpabilité et de la honte, en plus d’empêcher la libre circulation de l’information. Par conséquent, l’autocensure peut aussi conduire la société à l’ignorance, appauvrir le débat public et contribuer au déclin moral.

Un accès libre à l’information

Le libre accès à l’information accroît la valeur de la liberté d’expression et de la pensée critique. En outre, ce libre accès permet des discussions plus délibérées, plus ouvertes et plus libres. Il assure aussi la transparence du système et accroît la portée des discussions publiques.

Tout cela permet aux dirigeants et aux membres de la société de prendre des décisions plus équilibrées et mieux argumentées sur les questions sociales, prévenant ainsi les transgressions morales. Ainsi, le libre accès à l’information permet un échange dynamique d’opinions et facilite le développement de la tolérance.

Cependant, dans toute société, il existe une tension entre la libre circulation de l’information et sa restriction. En ce sens, nous pensons qu’une circulation débridée de l’information peut nuire à une société.

De fait, même les États les plus libéraux, démocratiques et éclairés jugent nécessaire de supprimer au moins une partie des informations et des opinions. Mais la limitation de l’accès à l’information ne se trouve pas seulement dans les lois, règles et mécanismes formels. Mais aussi chez les individus en tant que membres collectifs qui imposent l’autocensure.

autocensure et pensée critique

Les composantes de l’autocensure

L’autocensure exige que l’acteur ait des informations non divulguées. Lorsque nous parlons d’information, nous ne tenons pas compte des opinions. L’information, contrairement aux opinions, doit être véridique. Il s’agit de quelque chose qui s’est réellement produit et qui est considéré comme vérifié et validé sans se fonder sur des opinions personnelles. Le contenu de l’information peut être varié, avec des sujets allant du négatif au positif.

L’acte de censure indique que l’individu rejette intentionnellement et volontairement (ne partage pas) cette information malgré le fait qu’il n’existe aucun obstacle formel, tel que la censure externe, qui l’empêche de la partager.

En d’autres termes, les gens choisissent volontairement de ne pas partager des renseignements sans qu’aucun autre type de restriction ne les empêche de les divulguer. Ce comportement implique que les individus contrôlent et régulent de manière informelle la circulation de l’information ou, en d’autres termes, entravent le libre accès à l’information, la liberté d’expression et la libre circulation de l’information.

Les bases psychologiques de l’autocensure

L’autocensure a au moins trois bases établies en psychologie :

Premièrement, les êtres humains ont tendance à partager, communiquer et diffuser l’information. Les membres d’un groupe donné ont un intérêt psychologique et social à partager l’information. Par conséquent, pour qu’il y ait autocensure, il doit y avoir une autre raison de s’y opposer.

Deuxièmement, les gens, en tant que membres d’un groupe, s’en soucient. Cela signifie que nous essaierons de maintenir une image positive de notre groupe et d’éviter les informations qui ont des implications négatives sur l’image de notre groupe.

Enfin, une personne consciente de posséder de l’information nouvelle qui est pertinente et qui n’a pas été révélée sera confrontée à un dilemme. Ce dilemme se posera lorsque cette information peut causer un préjudice en étant révélée parce qu’elle viole une norme, un dogme, une idéologie ou une valeur.

Le niveau du dilemme peut varier d’une personne à l’autre et dépend du type d’information, du contexte ou d’autres facteurs. Mais une personne est toujours confrontée à un dilemme minimal lorsqu’elle pratique l’autocensure.

autocensure et société

Facteurs contributifs

Quatre facteurs contribuent à l’autocensure. Il s’agit du contexte du groupe, des facteurs individuels, du type d’information et des facteurs circonstanciels. L’importance du contexte collectif réside dans le fait qu’il dicte les besoins et les objectifs des membres de la société. Et les défis auxquels ils doivent faire face pour les atteindre.

Elle offre également des opportunités et des limites, des stimuli et des inhibitions, ainsi que des espaces et des limites pour le comportement humain. En termes de facteurs individuels, les traits de personnalité, les visions du monde, les valeurs, les idéologies, les émotions, les attitudes et les motivations influenceront l’autocensure.

En ce qui concerne le type d’information, les facteurs qui influenceront l’autocensure sont les suivants : la gravité de l’information, la pertinence pour le présent, le type d’acte qui implique l’information, les objets de l’information et les problèmes soulevés par l’information.

De même, les facteurs circonstanciels liés à la collecte d’informations, le nombre de personnes qui en ont connaissance, le temps écoulé depuis que l’information a été obtenue et les caractéristiques de l’auditoire auquel l’information devrait être communiquée (identité, rôle, état, etc.) influenceront l’autocensure.

Dans ce contexte, la personne calcule les coûts subjectifs et les avantages de chaque décision. Puis fait face au dilemme qui se pose en résolvant la dissonance. Le résultat de ces considérations personnelles subjectives détermine si une personne divulguera des renseignements, à qui, en tout ou en partie, ou pratiquera l’autocensure.

 


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