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L'aplatissement affectif, l'indifférence face aux émotions

7 minutes
L'aplatissement affectif, l'indifférence face aux émotions
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Écrit par Francisco Pérez
Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Qu’est-ce que cela donnerait de sentir que nous ne sommes pas capable d’exprimer ou d’éprouver des émotions (aplatissement affectif) ? Imaginons un moment que l’un de nos proches ait gagné à la loterie et que nous ne soyons pas en mesure d’être heureux pour lui. Au lieu d’éprouver de la joie, nous restons impassible, ne sourions pas, ne le félicitons pas, notre visage ne change pas. Cognitivement, nous nous réjouissez pour lui, mais sentir, nous ne ressentons pas vraiment cette joie.

Imaginons qu’une personne soit renvoyée de son travail pour une raison totalement injuste. Cette personne, au lieu d’éprouver de la colère ou de la tristesse, est incapable de ressentir aucune de ces émotions. L’aplatissement affectif est un phénomène que certaines personnes éprouvent lorsqu’elles sont incapables de ressentir et d’exprimer de la joie, de la tristesse, de la peur, de la colère ou toute autre émotion, alors que cela est justifié. Les situations ci-dessus reflètent des exemples de ce phénomène.

Avant de continuer à décrire en quoi consiste l’aplatissement affectif, voyons ce que sont les émotions et quel est leur  rôle dans nos vies. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons comprendre comment l’aplatissement affectif peut affecter une personne.

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Qu’est-ce que les émotions et à quoi servent-elles ?

Les émotions sont des réactions que nous éprouvons tous : joie, tristesse, peur, colère… Elles sont connues, mais elles ne cessent de devenir complexes lorsque nous nous y arrêtons une seconde et les analysons. Bien que nous ayons tous ressenti de l’anxiété ou de la nervosité, nous ne sommes pas tous conscients qu’une mauvaise régulation de ces émotions peut conduire à un blocage ou même à une maladie.

En simplifiant légèrement, elles représentent une tendance biologique à réagir de manière déterminée à certains stimuli, que nous possédons à la naissance et qui sont modélisés à travers l’apprentissage et l’environnement dans lequel nous nous évoluons. Actuellement, la plupart des experts conviennent qu’il existe différentes réponses aux émotions.

Ces réponses ou manifestations sont les suivantes : il se produit tout d’abord une réponse neurophysiologique (causée par les hormones et les neurotransmetteurs), qui se manifeste à travers une autre comportementale (comme les gestes) et une autre, cette fois cognitive, qui est celle qui nous fait prendre conscience de ce que nous ressentons. Et ces deux dernières varient en fonction de l’environnement et de la culture de chaque individu.

Le ton hédonique de l’émotion, c’est-à-dire le plaisir que nous éprouvons ou la sensation agréable ou désagréable sont “le sel de la vie”. Il est essentiel pour la mémoire, pour la prise de décision, pour nos jugements et notre raisonnement, pour notre comportement, nos relations sociales et notre bien-être.

Il en est ainsi parce que les souvenirs que nous gardons sont surtout émotifs. Nous avons également besoin de tensions émotionnelles pour prendre des décisions. En effet, nous décidons souvent de manière émotionnelle. Mais le plus important est que les émotions nous préparent, nous motivent et nous guident.

L’émotion a deux composantes : l’une est la sensation subjective que nous ressentons à l’intérieur. L’autre composante est la manifestation externe de l’émotion. Parfois, il est possible de séparer les deux composantes.  Par exemple, un acteur peut simuler toutes les manifestations d’une émotion sans vraiment la ressentir.

À quoi servent les émotions ?

L’une des fonctions les plus importantes de l’émotion est de nous préparer à l’action. Elle mobilise l’énergie nécessaire pour donner une réponse efficace en fonction des circonstances et dirige notre comportement vers le but désiré. Chacune des émotions nous indique et nous pousse vers un type d’action différent.

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Les émotions remplissent également une fonction sociale. Communiquer notre état d’esprit aux personnes de notre entourage facilite et renforce la relation avec elles. Nos émotions agissent sur les autres tels des signaux. Par conséquent, elles leur offrent des indices afin qu’ils puissent adopter l’attitude et le comportement les plus appropriés à notre égard.

Enfin, les émotions ont également une fonction de motivation. D’une part, l’émotion stimule le comportement motivé. Par exemple, la colère facilite les réactions défensives, la joie l’attraction interpersonnelle, la surprise l’attention aux nouveaux stimuli, etc.

En outre, elles dirigent le comportement dans le sens où elles facilitent l’approche ou l’évitement de l’objectif d’un comportement motivé en fonction de ce que nous ressentons. Il est donc hautement important d’exprimer et de ressentir les émotions.

En quoi consiste réellement l’aplatissement affectif ?

L’aplatissement affectif n’est pas un trouble. Il s’agit d’un symptôme qui nous avertit que quelque chose ne va pas. Nous pouvons par conséquent définir l’aplatissement affectif comme un symptôme lié au manque d’expression et d’expérimentation des émotions. L’aplatissement affectif est souvent appelé indifférence émotionnelle ou émoussement affectif. Il en est ainsi parce que la personne qui en souffre reste distante ou indifférente aux émotions des autres et même aux siennes.

Il est nécessaire de souligner que l’absence d’émotions se produit tant avec des émotions positives que négatives. La personne est non seulement incapable d’éprouver de la joie, mais également d’éprouver de la peur, par exemple. L’aplatissement affectif se manifeste rarement avec une intensité totale. Nous entendons par là que la personne qui en souffre peut ressentir des émotions à différents degrés d’intensité, même si ce n’est que dans des situations exceptionnelles. Il s’agit plutôt un ton émotionnel général dans lequel il existe très peu d’oscillations.

Comment l’aplatissement affectif est-il lié à la dépression ?

Les personnes souffrant d’aplatissement affectif ne sont pas nécessairement déprimées. La dépression est associée à l’apathie et à la mauvaise humeur. En ce sens, l’aplatissement affectif ne doit pas être confondu avec l’impossibilité d’éprouver du plaisir.

D’autre part, l’incapacité à éprouver le plaisir, ou l’anhédonie, est typique des troubles dépressifs. La personne déprimée n’apprécie plus les activités qui lui étaient auparavant agréables. Par conséquent, elle cesse de les exécuter, ce qui, à son tour, l’empêche de se sentir mieux.

Les personnes souffrant d’aplatissement affectif vivent les émotions de manière peu intense, très “light”, ou ne les éprouvent pas du tout. Cependant, contrairement aux personnes souffrant de dépression, cela ne leur génère aucun mal-être. Elles ne ressentent ni ne souffrent, comme il se dit familièrement.

Il est parfois difficile de distinguer l’anhédonie de l’aplatissement affectif, mais il est convient de noter que les deux symptômes peuvent se manifester simultanément chez la même personne. Pour distinguer les deux symptômes, il est bon de se rappeler que l’anhédonie est l’incapacité de ressentir du plaisir (une émotion positive). Cependant, l’aplatissement affectif est l’absence d’émotions ou une diminution de leur expression.

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Pourquoi expérimentons-nous l’aplatissement affectif ?

L’aplatissement affectif est le symptôme ou l’expression d’une maladie sous-jacente, comme nous l’avons signalé précédemment. Par conséquent, il ne se produit jamais de manière isolée. L’aplatissement affectif se produit conjointement à d’autres symptômes pour constituer un trouble ou un syndrome particulier.

L’aplatissement affectif a toujours été associé à la schizophrénie. Dans les troubles de la schizophrénie, nous pouvons distinguer deux grands groupes de symptômes : les symptômes positifs et les symptômes négatifs.

Sont appelés symptômes positifs ceux qui, en réalisant une comparaison avec quelqu’un qui ne connaît pas ces symptômes,  supposent un excès. Les négatifs sont ceux qui se manifestent sous la forme de manque. Par exemple, une hallucination serait un “excès” de perception, tandis que l’apathie serait un “manque” de motivation.

Dès lors, l’aplatissement affectif tomberait dans le groupe des symptômes négatifs de la schizophrénie. Cependant, l’aplatissement affectif n’apparaît pas seulement dans la schizophrénie. Un aplatissement affectif peut également apparaître dans les troubles du spectre autistique. Les personnes autistes éprouvent des difficultés à vivre intensément leurs émotions et à les exprimer correctement.

L’aplatissement affectif peut également survenir chez les personnes atteintes d’un type de démence. Il s’agit d’une conséquence des changements qui se produisent au niveau du cerveau. Comme nous avons pu le constater, l’aplatissement affectif fait partie d’un groupe plus important de symptômes. Par conséquent, pour le traiter, il est nécessaire de traiter la maladie ou le trouble sous-jacent.

Références bibliographiques

Díaz Marsá M, Faire face à la schizophrénie. Guide pour les patients et les proches. Enfoque Editorial SC 2013.

Cooper, David (1985). Psychiatrie et antipsychiatrie . Paidós Ibérica, Barcelone.

 


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