L'angoisse : une épidémie silencieuse

L'angoisse : une épidémie silencieuse

Dernière mise à jour : 05 mai, 2017

Les manifestations de l’angoisse et les consultations sont si nombreuses que certain-e-s expert-e-s la considèrent comme une véritable épidémie. On cesse de ressentir les choses, et de nombreuses manières : les difficultés à dormir, les crises de panique, les phobies en tous genres etc. Ce que ces manifestations ont en commun, c’est cette peur insidieuse qui assaille au quotidien.

Face à ce phénomène, le monde de la santé a déjà développé plusieurs réponses. Il existe une large offre de médicaments. D’un côté, les traditionnels : tout un attirail d’anxiolytiques développés dans les laboratoires pharmaceutiques, qui promettent de diminuer la dose d’angoisse. Cependant, ces médicaments ont non seulement des effets secondaires atroces, mais offrent aussi des solutions seulement éphémères. C’est-à-dire qu’ils n’ont de l’effet que lorsqu’ils sont pris.

“On épuise plus de gens dans les verres que dans les rivières.”

-Georg Christoph Lichtenberg-

Il existe aussi une énorme offre de médicaments alternatifs “naturels”, homéopathiques et de solutions bio-énergétiques. Et bien sûr tous les remèdes maison contre l’angoisse : l’eau de valériane ou de mélisse, les bains d’eau tiède et toute une série d’astuces traditionnelles. Cependant, aucun d’entre eux ne semble fonctionner à 100%.

L’épidémie d’angoisse naît dans l’esprit collectif

Tous les phénomènes qui ont lieu dans l’esprit se ressentent dans le corps. La plupart du temps, ils surviennent dans cet ordre : d’abord dans l’esprit, puis dans le corps. C’est le contraire seulement dans un faible pourcentage de cas : d’abord dans le corps, puis dans l’esprit. Cela arrive quand, par exemple, on a une fièvre carabinée ou que l’on a ingéré une substance qui altère la perception, entre autres.

Ainsi, le succès de l’intervention avec des psychotropes est limité. Ils réduisent les symptômes, c’est sûr, mais ils ne résolvent pas la cause qui en est à l’origine. Les médicaments, de n’importe quel type, doivent être vus comme une aide limitée et temporaire, et non pas comme une solution définitive.

La véritable solution apparaît si l’on s’attaque à la cause réelle de l’angoisse. Le problème est que, selon certain-e-s expert-e-s, la période actuelle est elle-même source d’angoisse à outrance. Tout arrive à une vitesse vertigineuse, et les outils psychologiques dont nous disposons ne parviennent pas à assimiler la réalité au même rythme. C’est pour cela que l’angoisse n’est plus aujourd’hui un problème individuel, mais une véritable épidémie.

Pourquoi dit-on que c’est une épidémie silencieuse ?

L’un des aspects les plus complexes de cette épidémie se trouve dans la difficulté à la verbaliser. Chaque individu ressent en lui ce malaise quotidien, qui l’empêche de dormir, le rend de mauvaise humeur ou le mène à des habitudes tyranniques. Mais en même temps, cet individu a beaucoup de mal à mettre des mots sur ce qu’il ressent.

Chaque personne ressent comme quelque chose qui serait en trop. Un poids dont elle veut se libérer mais qu’elle ne parvient pas à identifier vraiment. D’où provient cette sensation de poids, d’excès ? Où se trouve cette lourde pierre ? Est-ce mon travail qui ne me convient pas ? Peut-être que les relations que j’entretiens sont négatives pour moi ? Quels buts dois-je viser pour me sentir mieux ? … Voici les questions qui arrivent, sans être invitées.

C’est comme si l’existence était bourrée de choses dont on n’a pas besoin. Une sensation similaire à celle que l’on a quand on entre dans une pièce remplie à ras bord, pleine d’objets inutiles. Nous savons ce que nous devons ranger mais il y a tant de choses à organiser que nous ne réussissons pas à identifier la porte de sortie.

De l’épidémie à l’individu

La science s’est évertuée à concevoir des solutions génériques ou standardisées. C’est finalement sa mission : trouver des solutions universelles pour des problèmes particuliers. Mais, concernant la subjectivité humaine, ce type d’approches est souvent mal venu. Car elles ne résolvent finalement rien.

C’est pour cela qu’il y a une épidémie d’angoisse, et c’est pour cela que cette épidémie arrive avec la complicité du silence, qui naît du drame que chacun vit. La réponse à cette inquiétude peut être donnée uniquement par chaque personne, selon son cas personnel. Il n’y a pas de solution applicable à tous les cas. Il n’existe pas de formule magique ou universelle qui s’applique avec la même efficacité à tou-te-s. Chacun-e doit trouver son propre chemin pour résoudre son manque de sommeil, sa sensation d’oppression et d’épuisement, son ennui récurrent…

Chacun-e doit comprendre que pour résoudre son angoisse, la première chose à faire est de se confronter à la nouveauté, au vide. Il est absolument nécessaire de rompre avec ses habitudes : c’est la seule manière de commencer à faire de l’espace dans la pièce mentale bondée. Une thérapie qui libère l’expression est aussi une bonne option, tout comme les exercices de relaxation qui contribuent à ouvrir la fenêtre d’un esprit surchargé.

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Images de César Biojo


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