L'amygdale cérébrale et son rapport à l'anxiété
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
L’amygdale cérébrale est en relation directe avec les troubles de l’anxiété. C’est un fait connu depuis longtemps. Cependant, une autre réalité s’avère beaucoup plus frappante. Les neuroscientifiques ont découvert qu’il existe des personnes ayant une amygdale plus grosse, ce qui augmente le risque de troubles de l’humeur.
Est-ce une coïncidence ? Peut-on naître avec un tel trouble neurologique ? Les recherches nous montrent qu’en réalité, cette particularité est due avant tout à un facteur très spécifique. Ce n’est rien d’autre que de souffrir d’une enfance compliquée qui est soumise à un stress constant, que ce soit en raison de mauvais traitements, d’abandon physique ou de négligence émotionnelle.
En d’autres termes, nos expériences antérieures et leur qualité façonnent l’architecture de notre cerveau. De plus, cela intervient d’une manière très particulière : si nous souffrons de stress dans l’enfance, cela altère toute cette neurobiologie liée à ce que l’on appelle la “toile de la peur”.
Des régions telles que l’amygdale, l’hippocampe ou le cortex cingulaire dorsal antérieur subissent de petites altérations qui augmenteront le risque de souffrir de troubles anxieux à l’âge adulte.
Nous allons approfondir ce sujet ci-dessous.
Quel est le rapport entre l’amygdale cérébrale et l’anxiété ?
Nous vivons tous de l’anxiété tout au long de notre vie et parfois avec une grande intensité. Les réalités, comme le fait d’être confronté à un entretien d’embauche, à un conflit ou à une prise de parole en public, nous mettent à l’épreuve et nous placent sur ce territoire où émergent la peur, l’incertitude ou l’angoisse de ce qui va se passer et de notre capacité à le faire bien.
Ces expériences, aussi complexes qu’elles puissent nous paraître, sont tout à fait normales. Cependant, ce qui n’est plus normal, c’est de subir une angoisse constante.
Parfois, il n’y a pas de déclencheur spécifique, on ressent en permanence un sentiment de menace inexplicable et qui altère toute sa réalité, tant physiquement que psychologiquement. Cette anxiété est pathologique et agit comme un poison qui coupe la santé et le potentiel humain.
Phobies, stress post-traumatique, trouble d’anxiété généralisée… Il existe de nombreuses conditions psychologiques conjuguées à l’anxiété qui sont limitantes. C’est pourquoi les neuroscientifiques se demandent depuis des décennies ce qui se passe dans notre cerveau et quelles sont les structures qui orchestrent ces situations défavorables.
Voyons ce que les études nous apprennent.
La “toile de la peur” et un petit protagoniste : l’amygdale cérébrale
L’anxiété n’est pas le résultat de l’activité d’une seule structure cérébrale ; en fait, elle est le résultat d’une “conversation” complexe de plusieurs régions cérébrales différentes, configurant ce que l’on appelle la toile de la peur. Nous le savons, rien que son nom fait peur.
Pour mieux le comprendre, nous allons commencer par expliquer quelque chose de très simple : notre cerveau est à la fois émotionnel et rationnel. Il comporte des domaines très anciens qui articulent et dominent tous les processus liés à nos sensations, nos émotions et nos sentiments. De même, notre cortex cérébral et plus particulièrement les zones frontales contrôlent les processus cognitifs et les plus réflexifs.
Lorsqu’une personne souffre d’un trouble anxieux, son cerveau est dominé par le réseau de la peur, c’est-à-dire que le cerveau est “détourné” par une série de structures qui limitent sa pensée plus logique et réfléchie.
De plus, le responsable qui orchestre ce contrôle est l’amygdale cérébrale. Nous le savons depuis les années 90, grâce à une étude réalisée à l’université de Yale, par le Dr Michael Davies :
- Nous savons que l’amygdale cérébrale humaine est capable d’extraire des informations de manière ultra-rapide sur ce qui nous entoure, de détecter les risques et les menaces (sans qu’il soit nécessaire que celles-ci soient réelles ou non)
- Peu après, elle active la sensation de peur pour favoriser l’évasion ou la défense
- Plus tard, ce sentiment de peur et de vigilance atteint également le cortex cingulaire antérieur dorsal (situé dans le lobe frontal). Cette structure amplifie la sensation de peur et bloque les pensées les plus rationnelles, car ce qui domine le cerveau maintenant, c’est l’émotion, c’est l’angoisse. Et ce qu’il veut, c’est que nous réagissions
Altérations dues à une enfance stressante
C’est en 2013 que l’Université de Stanford a fait une grande découverte. Le Dr Vinod Menon, professeur de psychiatrie, a découvert grâce à l’IRM que certaines personnes avaient une amygdale cérébrale beaucoup plus grande que la moyenne. Ces personnes avaient également d’autres facteurs de corrélation.
En premier lieu, beaucoup d’entre elles souffraient de troubles de l’anxiété. En second lieu, elles ont vécu une enfance traumatisante ou du moins stressante en raison de facteurs tels que l’abandon, la négligence émotionnelle, etc.
Il semble donc que le fait d’avoir une amygdale de dimensions supérieures à la moyenne entraîne une altération des connexions avec les autres régions du cerveau responsables de la perception et de la régulation des émotions.
Il y a de l’hyperactivité, c’est-à-dire que l’amygdale cérébrale est plus sensible et que les problèmes de régulation de la peur, de l’angoisse, de l’anxiété, du sentiment de menace, etc. sont plus importants. Cependant, le Dr Menon insiste sur un fait : passer par une enfance difficile n’est pas une cause directe de l’apparition de troubles de l’humeur à l’âge adulte. Il y a cependant un risque, une probabilité plus grande.
Sachant cela, la science se concentre sur la régulation de l’activité de l’amygdale cérébrale. Cette voie pourrait nous donner de nouveaux et précieux outils pour traiter l’anxiété, une condition qui, comme nous le savons bien, est très présente de nos jours.
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- Tye, K. M., Prakash, R., Kim, S. Y., Fenno, L. E., Grosenick, L., Zarabi, H., … Deisseroth, K. (2011). Amygdala circuitry mediating reversible and bidirectional control of anxiety. Nature, 471(7338), 358–362. https://doi.org/10.1038/nature09820
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