"L'amitié au premier regard" existe-t-elle ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
“L’amitié au premier regard” existe, mais plus qu’au travers des regards, ce lien se tisse au moyen des rires partagés, de cette complicité magique où apparaît soudain une affinité en commun, une coïncidence… C’est un “coup de foudre” défini par des interactions positives qui plus tard se consolidera au travers du soutien émotionnel et, surtout, de la confiance.
Nous avons tous entendu parler de l’amour au premier regard, se traduisant par de multiples nuances telles que l’attirance physique, nos schémas inconscients et le toujours mystérieux mais inégalable pouvoir de nos neurotransmetteurs. Or, plus récemment, les psychologues de la personnalité se sont demandés si dans le domaine de l’amitié pouvait se produire quelque chose de similaire.
Nous pensons par exemple à tous ces lieux sociaux que nous fréquentons au quotidien : lieu de travail, salles de classe, blocs d’immeubles, salles de sport, fêtes, transports publics… Suffit-il que l’on croise le regard de quelqu’un pour savoir si cette personne peut devenir notre amie ? Ces premières impressions peuvent-elles nous donner une piste fiable et certaine de cela ?
“Qu’est-ce qu’un ami ? Une seule âme habitant deux corps.”
–Aristote–
Partant de ce postulat, un groupe de psychologues sociaux a réalisé une étude qui a été publiée dans la revue Social Psychological and Personality Science. Les résultats de cette étude ne pouvaient pas être plus intéressants : il reste clair, par exemple, que “le coup de foudre amical” existe. Nous émettons de rapides jugements sur quel type de personnes sont plus proches de nous sur le plan amical et nous valorisons certains aspects, de petites pistes, des nuances subtiles…
Cependant, ce “feeling” qui se forge souvent à partir d’impressions quelque peu biaisées se vérifie généralement dans 70% des cas. L’amitié, c’est pour les psychologues et les sociologues quelque chose d’aussi voire plus fascinant que l’amour. Ces forces qui nous attirent vers un certain type de personnes et non vers d’autres, c’est ce qui définit aussi notre identité sociale et notre ferme désir de nous entourer de profils proches du nôtre.
“L’amitié au premier regard” se produit tous les jours
“L’amitié au premier regard” se produit tous les jours. On peut par exemple la retrouver chez cet enfant effrayé par son premier jour à l’école primaire, ce même jour qui nous parents nous rend nerveux, et qui croise le regard d’un autre enfant assis au fond de la classe, un peu plus confiant que lui, qui lui sourit et l’invite à venir d’asseoir à côté de lui.
Cela arrive aussi lorsque nous prenons un nouveau poste, et qu’en pleine journée de travail, il se passe quelque chose d’inattendu qui ne fait rire que nous et une autre personne. Les rires se transforment en fous rires, et ensuite, nous découvrons que de là peut naître une belle amitié. Les premières impressions sont ainsi, chargées de coïncidences, de nuances émotionnelles, de subites coïncidences et de regards qui font de rapides lectures à la recherche d’affinités.
Or, quelque chose qui en apparence peut nous sembler magique est en réalité en grande partie biologique et neurochimique. Les régions cérébrales qui orchestrent ce type d’envoûtements amicaux sont l’amygdale et le cortex cingulaire antérieur. La première structure est liée à nos émotions, et plus concrètement, à ces pulsions liées à notre instinct de survie.
Ainsi, s’il y a quelque chose que nous savons tous, c’est qu’avoir à nos côtés un bon ami nous rendra la vie plus facile. Nous nous sentirons davantage protégés, plus heureux et plus satisfaits. D’un autre côté, le cortex cingulaire antérieur fait référence à cette zone cérébrale sophistiquée qui nous permet de prendre des décisions et d’accorder de la valeur à des objets et des personnes. Quelque chose que, parfois, nous faisons de manière incroyablement rapide et qui constitue sans doute cette “amitié au premier regard”.
Derrière “l’amitié au premier regard” se cachent certaines exigences
Les psychologues de l’Université Columbia, Jeremy C. Biesanz et Elizabeth W. Dunn, auteurs de l’étude citée dans le début de cet article portant sur les bases qui définissent ce “coup de foudre” amical, nous révèlent quelque chose d’intéressant ; “l’amitié au premier regard” existe, mais derrière elle se cache une série de mécanismes très sophistiqués dont il est important de tenir compte.
Quand nous nous connectons avec une personne, nous le faisons à partir de certaines attentes. Par exemple, cet enfant effrayé par son premier jour d’école et qui rencontre un autre camarade de classe qui lui sourit, se dira à lui-même que cet enfant peut être son allié dans cet environnement inconnu et quelque peu menaçant pour lui. Il se dira que ce sera quelqu’un avec qui il pourra partager des choses, avec qui il pourra jouer et qu’il pourra toujours avoir à ses côtés.
“L’amitié au premier regard” est en réalité un moyen de contrôler une personne avec laquelle on pense qu’il peut y avoir des ressemblances et des intérêts communs, une personne en laquelle il vaudra la peine de placer notre énergie émotionnelle, notre temps, voire même une part de nos projets.
Nous sommes exigeants et inconsciemment, nous attendons bien des choses en retour. Indubitablement, les plus belles amitiés sont des échanges enrichissants où tous les membres doivent sortir gagnants, où on investit et où on reçoit, où on donne et où on offre.
Pour conclure, nous pouvons dire que le coup de foudre amical est réel et que, parfois, il nous suffit de quelques minutes pour nous connecter avec une personne de manière intense et merveilleuse. Cependant, après cette première connexion basée sur une série de micro-jugements, de valorisations souvent quelque peu biaisées combinées aux attentes précédemment citées, ce sera le temps qui nous prouvera si nous avions raison ou non.
Finalement, toute amitié durable, significative et précieuse et celle qui se base sur trois piliers très clairs : confiance, réciprocité et soutien émotionnel positif.
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