L'alcool n'aide pas à oublier
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Bien qu’il existe toujours une croyance populaire selon laquelle l’alcool est un bon allié pour oublier, il est temps de déterrer complètement ce mythe. Boire pour oublier est une idée très mauvaise et inutile. Outre le fait d’être nuisible, elle a une efficacité très faible à cet effet. Cette drogue psychoactive n’aide pas à oublier les mauvaises expériences, mais, comme le démontre la science, les renforce même davantage dans la mémoire. Le vécu, est vécu.
L’alcool est un produit chimique dont les effets sur le corps varient avec le temps. Ce composé agit sur un grand nombre de systèmes de neurotransmetteurs et de structures cérébrales, annulant notre système nerveux central. Il provoque de graves problèmes à court, moyen et long terme. Comment cela nous affecte-t-il ?
Pourquoi nous sommes si vulnérables à l’alcool ?
L’alcool éthylique (éthanol) est une drogue qui passe rapidement dans le sang. De plus, les membranes cellulaires ont une perméabilité très élevée, c’est-à-dire une grande facilité pour le passage des molécules. Cela signifie que l’alcool, une fois dans la circulation sanguine, peut facilement se propager dans tous les tissus de notre corps.
Après avoir été ingéré, l’alcool tarde entre 30 et 90 minutes pour atteindre le sang. Cette drogue accélère la transformation du glycogène en glucose, qui est éliminé plus rapidement. De ce fait, les niveaux de concentration de sucre dans le sang diminuent, ce qui provoque faiblesse et épuisement.
Effet biphasique
Lors de l’ingestion d’une boisson alcoolisée, les effets qui se produisent dans notre corps n’ont pas une manifestation immédiate. Il en est ainsi parce que l’alcool nous affecte de manière biphasique, autrement dit en 2 phases qui peuvent générer des symptômes totalement opposés.
Nous ressentons au début un sorte de relaxation, la joie, d’euphorie ou de désinhibition. Par la suite, au fil du temps et en fonction de la quantité et du moment où nous avons ingéré cette substance, d’autres effets peuvent se manifester : vision floue, vertiges ou problèmes de coordination , entre autres. Pourquoi cela nous arrive-t-il ?
Comment l’alcool affecte notre cerveau
L’alcool agit comme un puissant dépresseur du système nerveux central. Autrement dit, il ralentit l’activité du cerveau et de la moelle épinière. Il agit sur la formation réticulaire, le cortex cérébral et le cervelet, parmi d’autres infinis systèmes. Nous pouvons dire que ses effets sur notre cerveau suivent trois étapes :
- Au début, il affecte la partie la plus primitive et antérieure, le prosencéphale. Cela réduit la coordination motrice et le processus de prise de décision.
- Ensuite, l’alcool attaque le mésencéphale. Cela provoque une perte de contrôle des émotions et augmente les chances de perdre conscience.
- Enfin, il frappe le tronc cérébral et affecte la fréquence cardiaque, la température du corps, l’appétit et la conscience. Le coma peut survenir à ce stade.
Comme nous pouvons le constater, la consommation excessive et ponctuelle d’alcool provoque la perte de conscience. Et, dans les cas extrêmes, peut même provoquer la mort par empoisonnement éthylique ou arrêt cardiaque.
Sa considération erronée en tant qu’antidépresseur
Lorsque nous nous sentons déprimé, beaucoup parmi nous se tournent vers cette drogue pour arrêter de ressentir ce sentiment de profonde tristesse. En agissant comme un inhibiteur du cerveau, la personne cesse d’être consciente de son humeur. Elle vit un état dans lequel elle ne ressent aucune douleur, aucun chagrin, aucune colère. Cela fait de l’alcool une drogue attrayante pour les personnes particulièrement vulnérables émotionnellement.
Une étude a été publiée récemment dans la revue Translational Psychiatry dans laquelle il nous est assuré que l’ingestion excessive de cette substance n’aide non seulement pas à effacer les souvenirs, mais les grave davantage. En d’autres termes, boire de l’alcool de façon modérée ne convient pas, en soi, à l’organisme. Mais si nous savons scientifiquement que cela ne permet même pas d’obtenir ce que certaines personnes recherchent, en ingérer compense alors encore moins.
Boire n’est pas la solution. Cela ne vous aide pas à résoudre vos problèmes, ni à résoudre tous vos conflits. Cela ne vous donne pas non plus la force ou le courage de prendre les rênes de votre vie. Tout le contraire. Recourir à la boisson ne fait que prolonger la souffrance. Et pas seulement le vôtre, mais celle des personnes autour de vous.
Conséquences de la consommation d’alcool à long terme
Les effets à long terme de l’alcool sur nos corps sont vraiment catastrophiques. La consommation fréquente d’alcool provoque l’extension de ses effets à tous les organes du corps.
- Au niveau du cerveau, l’alcool peut provoquer des lésions dans les lobes frontaux ou même diminuer la taille et le volume du cerveau.
- L’alcool favorise la non-absorption de la thiamine (vitamine B1), laquelle participe à l’oxygénation cérébrale et au métabolisme du glucose. Cela peut conduire au syndrome d’encéphalopathie de Wernicke ou, finalement, au syndrome de Korsakoff.
- Une affectation des nerfs périphériques est également associée à ces lésions cérébrales graves, dont les conséquences peuvent être irréversibles.
- L’alcool entrave l’apprentissage de nouvelles informations et du bon fonctionnement visuel-spatial.
- Il génère fréquemment de graves troubles du sommeil.
- Il diminue le désir sexuel ou provoque l’infertilité et la dysfonction érectile.
- Il produit une déshydratation dangereuse et fait que le corps cesse de produire des globules blancs et rouges. Cela conduit à l’anémie, ainsi qu’à des altérations dans la mémoire de durée variable.
- Il augmente la pression artérielle. Ce qui, à son tour, peut causer de graves dommages au muscle cardiaque, l’affaiblissant. Il perd ainsi la capacité de pomper correctement le sang dans toutes les parties du corps.
- L’éthanol irrite les organes, au point où, outre les nombreuses maladies telles que l’hépatite ou la cirrhose, il peut provoquer le cancer de l’estomac, du larynx, de l’œsophage ou du pancréas.
L’alcool est malgré tout une drogue légale dans une large partie du monde, à l’exception des États islamiques. Par conséquent, en tenant compte de la manière dont cette substance psychoactive affecte votre cerveau et vos organes, il est de votre responsabilité d’en consommer avec modération.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.