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L'abus de médicaments pour améliorer le rendement intellectuel

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L'abus de médicaments pour améliorer le rendement intellectuel
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

La consommation de médicaments s’est normalisée tout au long de ces dernières décennies. Des produits de tous types sont utilisés pour pouvoir réaliser les tâches du quotidien sans problèmes. Par exemple, prendre un analgésique pour éviter un mal de tête nous semble tout à fait normal. Or, l’une des conséquences de ce fait est que l’abus de médicaments devient de plus en plus fréquent. Auparavant, nous en prenions un quand nous en avions vraiment besoin; désormais, nous en consommons de manière constante.

Actuellement, on utilise de plus en plus les médicaments pour faire augmenter le rendement intellectuel. Cet abus n’est pas récent : il existe depuis les années 50 ou 60. Or, lors de cette dernière décennie, cette pratique s’est répandue dans les écoles et les universités. Et ceci est assez nouveau.

Le documentaire Take your pills de Netflix nous parle précisément de cette situation. Il nous explique comment sont utilisés les médicaments pour contrôler les symptômes du TDAH et améliorer le rendement intellectuel. Il nous prévient aussi des dangers que cela implique.

Dans cet article, nous verrons ce qu’implique l’abus de médicaments pour améliorer le rendement. Nous parlerons aussi des possibles conséquences négatives pour la santé (aussi bien physique que mentale). Enfin, nous réfléchirons au rôle du système éducatif actuel dans ce type de situations (par exemple, dans le diagnostic du trouble du déficit de l’attention et d’hyperactivité).

Le surdiagnostic du TDAH

Dans le documentaire Take your pills, nous pouvons observer comment toute une série de facteurs surgit dans le système éducatif, facilitant la prise de médicaments à des élèves alors qu’ils n’en ont pas besoin. Dans un premier temps, nous voyons que le facteur le plus puissant pour l’abus de médicaments dans le contexte éducatif est le diagnostic massif de TDAH. Ce trouble est aujourd’hui largement reconnu et cela favorise l’existence de faux positifs. Etant donné qu’il s’agit d’une maladie très “populaire”, beaucoup de personnes et de professionnels de la santé finissent par la diagnostiquer alors que la personne n’en souffre pas.

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Les symptômes du TDAH sont en partie facilités par le modèle éducatif actuel. Les enfants et adolescents sont surstimulés dès leur naissance sur le plan visuel, auditif et tactile. Il n’est pas rare de voir des enfants de plus en plus jeunes passer leur temps sur des téléphones portables, tablettes et jeux vidéos.

En entrant dans le système éducatif formel, ces enfants se retrouvent dans un milieu trop ennuyeux. Pour le dire d’une autre manière, le cerveau des enfants s’est habitué à fonctionner dans des environnements changeants. Or, on leur demande après cela de rester calmes et attentifs pendant des heures à une situation peu stimulante. C’est par exemple le cas lorsqu’un professeur explique quelque chose au tableau.

Dans ce genre de situations, beaucoup d’enfants ont des problèmes pour se contrôler et finissent par recevoir le diagnostic de TDAH. En réalité, ils ne font qu’afficher une réponse normale face à un modèle éducatif qui ne sait pas s’adapter aux demandes des enfants du numérique. Nous vivons dans un environnement plus dynamique et virtuel alors que le système éducatif n’a presque pas changé en un siècle. Tout cela entraîne une série de problèmes, parmi lesquels le diagnostic massif de TDAH et l’abus de médicaments pour le contrôler.

La culture de l’effort et la compétitivité dans le système éducatif

La culture de l’effort et la compétitivité est un autre facteur qui pousse à l’abus de médicaments pour améliorer le rendement intellectuel. Si nous rajoutons à cela le style de société individualiste dans lequel nous vivons, nous aboutissons à un contexte compétitif. Ceux qui ont plus de mal à se détacher finissent donc par avoir recours à une aide externe.

En d’autres termes, les personnes qui ne peuvent pas faire d’efforts pour se détacher (que ce soit en raison de caractéristiques personnelles ou à cause de conditions externes) se voient réduites à considérer les médicaments psychostimulants comme une façon de régler leurs problèmes. Les étudiants réagissent de la même façon. Ceux qui ont plus de difficultés ou de besoins spéciaux sont entravés par cette supposée “égalité” de critères de rendement et d’évaluation.

Ainsi, l’abus de médicaments est plus présent chez ces personnes qui ont besoin de plus de temps pour apprendre et qui présentent des difficultés au moment d’avoir un plus grand rendement. Il sera aussi présent chez ceux qui, à cause de difficultés familiales ou de responsabilités économiques, ne peuvent pas se dédier à 100% à leurs études.

Dans ces situations, le besoin d’être au même niveau que les autres pousserait certains élèves à abuser de médicaments psychostimulants.

Effets positifs des médicaments psychostimulants

Les médicaments pour améliorer le rendement intellectuel empêchent les neurones de capter deux substances qui leur permettent de communiquer: la dopamine et la noradrénaline. La dopamine se charge de la motivation et de la concentration. La noradrénaline, elle, augmente l’état d’alerte et l’énergie intellectuelle.

Les médicaments psychostimulants les plus connus sont le méthylphénidate, l’atomoxétine, l’Adderall (nom commercial très célèbre aux Etats-Unis) et le Concerta (nom commercial d’un médicament extrêmement prescrit en Espagne).

Par ailleurs, ces médicaments psychostimulants font monter le niveau de dopamine et de noradrénaline cérébrale (surtout dans le cortex préfrontal). On est donc plus facilement motivés, alertes, concentrés et intéressés. Ces effets sont positifs mais ce ne sont pas les seuls.

Il est important de se rappeler que tous les psychostimulants ont des effets non désirés. L’abus de médicaments comporte un risque important pour la santé mentale et physique.

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Points négatifs de l’abus de médicaments psychostimulants

Il existe beaucoup d’effets secondaires pour presque tous ces médicaments. Parmi les plus fréquents, nous pouvons retrouver des tics, de la tachycardie, de l’insomnie, de l’agitation, de l’anxiété et de l’anorexie. Par ailleurs, il existe un certain risque de dépendance. Il faut aussi savoir que leur consommation n’est qu’une solution temporelle aux problèmes des étudiants. Ceux-ci peuvent penser qu’ils ne sont pas suffisamment bons. Pourquoi ? Parce qu’ils ne sont capables de réussir leurs examens qu’avec les médicaments.

Enfin, il est important de préciser que dans certains cas, les médicaments sont nécessaires. C’est par exemple le cas lorsque le TDAH est réel. Mais ils ne résolvent pas le problème en soi. Il est nécessaire d’appliquer des stratégies psycho-éducatives à l’école et à la maison. Dans la majorité des cas, les médicaments devraient constituer une aide, pas une solution unique.

 

 

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.