La violence verbale pendant l'enfance laisse des traces
Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González
La violence verbale pendant l’enfance affecte directement l’estime de soi des enfants. Nous ne sommes néanmoins pas conscients de tout ce que cela implique. En effet, nous pouvons parfois confondre cette dernière avec l’utilisation de gros mots. La violence verbale va cependant beaucoup plus loin.
Il s’agit d’une atteinte directe au sentiment de valeur de la personne qui en fait l’objet, en l’occurrence les enfants. La violence verbale implique en outre de maltraiter au niveau psychologique. En effet, selon les données de la National Child Traumatic Stress Network (NCTSN), la maltraitance psychologique est la forme de violence la plus fréquente.
Il est très important de faire attention à ce que nous disons à nos enfants si nous sommes parents. Il convient donc de vérifier notre façon de communiquer avec eux, et notamment la manière dont nous soulignons leurs erreurs.
Pourquoi la violence verbale pendant l’enfance laisse-t-elle des traces ?
La raison pour laquelle la violence verbale pendant l’enfance laisse des traces est que l’enfance est un moment très critique de la phase évolutive. Le système nerveux et le cerveau sont très vulnérables à tout stimulus de l’environnement. Par conséquent, tout ce qui se passe à l’extérieur influence l’enfant d’une manière ou d’une autre.
Selon J. Pinel, le processus de neuro-développement se déroule de la conception à la période fœtale. Il se poursuit dans la période postnatale et ne ralentit pas jusqu’à l’âge adulte. Il est donc naturel que les enfants se trouvent à un stade susceptible de provoquer des dommages au niveau neuropsychologique.
Par ailleurs, une publication intitulée Examen de la neuropsychologie de la maltraitance infantile : la neurobiologie et le profil neuropsychologique des victimes de violence pendant l’enfance parle de la façon dont la violence verbale peut causer des problèmes d’attention et de mémoire, des difficultés de langage et du développement intellectuel, ainsi que l’échec scolaire.
De quelle manière favorisons-nous le fait que la violence verbale pendant l’enfance soit plus présente qu’elle ne le devrait ? Comment la couvrons-nous pour que, parfois, au lieu de l’appeler par son nom, nous la justifions en soulignant que nous “enseignons” ou “éduquons” du mieux que nous pouvons ?
La punition est le coupable
De nombreux parents ne savent pas comment éduquer leurs enfants autrement qu’en se concentrant toujours sur ce qu’ils font de mal. Ils ne soulignent en revanche pas ce qu’ils font de bien parce qu’ils considèrent que cela devrait toujours être le cas. De sorte que si un enfant proteste ils affirment catégoriquement : “c’est ce que tu dois faire”.
Cependant, focaliser l’attention uniquement sur les aspects négatifs lors d’une période aussi délicate que l’enfance génère de graves conséquences. L’attention n’est pas seulement focalisée la plupart du temps sur ce que l’enfant fait de mal. L’attitude des parents tend à ce que l’enfant se sente coupable de les avoir mis en colère. Nous devons en outre ajouter à cela le mauvais choix de mots pour exprimer les messages.
Comparer un enfant avec un autre ou lui jeter un “tu es stupide” peut sembler innocent. Nous pourrions même le justifier par le fait que le parent était très en colère et a perdu son sang-froid. Tout ceci peut néanmoins laisser une marque indélébile dans l’esprit de tout enfant. Notamment si cela se répète.
Par exemple, si nous lui disons qu’il est bête lorsqu’il ne parvient pas à résoudre immédiatement un problème de mathématiques, et que nous insistons sur le fait que son camarade le fait toujours bien, l’enfant se considérera comme étant nul dans cette matière. Il croira en outre qu’il est un étudiant pire que son ami.
Il croira immédiatement qu’il n’y a rien à y faire, ce qui l’encouragera à rejeter les mathématiques dans le futur. Cela peut également lui faire ressentir une certaine peur de l’échec. De sorte qu’il abandonnera à la moindre une tentative ratée dans n’importe quel domaine. Il s’étiquettera en outre comme “non valide”.
Quelle image de soi voulons-nous que l’enfant se fasse de lui-même avec ce type de comportement ? N’oublions pas en effet que c’est lors de l’enfance qu’il construit son identité. Une identité entachée de “je ne vaux rien”, “je suis coupable du fait que mes parents soient en colère”, “je ne fais rien de bien”, “je suis un imbécile”, “je suis désastreux” et “je mérite le pire”. Ce qui empêche de construire une estime de soi solide.
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