La thérapie de remédiation cognitive pour l'obésité
Rédigé et vérifié par Infirmier Daniel Baldó Vela
Aujourd’hui, malgré la tendance à faire davantage attention à notre corps et à notre alimentation, les taux de surpoids et d’obésité continuent à grimper dans le monde entier. Les programmes de régime et d’exercice échouent à long terme. Il semblerait que la thérapie de remédiation cognitive puisse faire partie de la solution.
La pertinence de cette thérapie comme élément fondamental dans la gestion de l’obésité est due à sa capacité à améliorer les fonctions exécutives. Les études nous montrent aujourd’hui que ceux qui souffrent d’obésité ont des difficultés à prendre les bonnes décisions en faveur de leur santé. Car ces fonctions sont altérées.
Remédiation cognitive : fonctions exécutives et obésité
On ignore l’origine du profil dysexécutif identifié chez les personnes souffrant d’obésité. Néanmoins, l’existence d’une relation bidirectionnelle entre l’altération des fonctions exécutives et l’obésité est indiscutable :
- Les anomalies du métabolisme du glucose et l’inflammation cellulaire en soi de ceux qui souffrent d’obésité ont des conséquences négatives sur les fonctions exécutives
- En même temps, les niveaux élevés de stress identifiés chez les personnes obèses sont également liés à l’altération de ces fonctions
- De plus, l’altération des fonctions exécutives génère une obésité plus importante en raison de la difficulté d’une prise de décisions optimale en ce qui concerne la qualité et la quantité des aliments consommés, tout comme la fréquence de la consommation
Ces points demandent une approche intégrale qui va au-delà des méthodes conventionnelles basées sur le régime et l’exercice physique. C’est là que la thérapie de remédiation cognitive a bien plus à apporter.
Thérapie de remédiation cognitive
La thérapie de remédiation cognitive constitue une intervention psychologique basée sur la réalisation d’une série d’exercices mentaux. L’objectif est d’améliorer les stratégies cognitives et les compétences de pensée et traitement de l’information grâce à la pratique.
Il s’agit d’une thérapie qui stimule la réflexion sur le raisonnement en soi pour entraîner des comportements plus sains. Son objectif principal est de renforcer en particulier les capacités cognitives qui sont altérées.
Dans le cas de l’obésité, la remédiation cognitive devrait se diriger vers l’amélioration des fonctions exécutives.
Thérapie de remédiation cognitive pour l’obésité
La thérapie de remédiation cognitive pour l’obésité (TRC-O) est un traitement en présentiel. Elle a pour but d’optimiser le fonctionnement exécutif. Il améliore ainsi le style de raisonnement lié à l’alimentation et à l’exercice physique. Le but est un style de vie plus sain.
La TRC-O a été conçue pour fournir aux individus obèses les outils pour penser différemment. Elle consiste en une série d’exercices mentaux destinés à améliorer les stratégies cognitives à travers la pratique de compétences et processus d’information.
Les études démontrent que les programmes de “perte de poids” qui incluent la TRC-O connaissent de meilleurs résultats :
- Meilleur style de vie
- Perte de poids plus importante
- Réduction des attaques de boulimie
- Augmentation de la qualité de vie
- Réduction des facteurs inflammatoires
Plusieurs études suggèrent que, même si les résultats ne seraient pas aussi satisfaisants, la TRC-O pourrait améliorer la perte de poids même sans être accompagnée de stratégies en termes d’alimentation ni d’exercice physique. Nous allons ensuite vous indiquer quelques activités pour entraîner vos fonctions exécutives.
Les processus cognitifs des personnes qui souffrent d’obésité se voient altérés et notamment ceux qui sont liés au contrôle inhibiteur, à la mémoire de travail, à la flexibilité de la pensée et à la cohérence centrale.
Activités pour obtenir un meilleur contrôle inhibiteur
Le contrôle inhibiteur se réfère à la capacité d’une personne à inhiber des réponses automatiques et à en générer d’autres guidées par l’attention et le raisonnement.
Obtenir un meilleur contrôle inhibiteur implique d’éviter le comportement voulu et de réfléchir sur la pensée qui nous en rapproche. Il s’agit de prendre conscience de ses propres pensées et de les analyser avant de développer l’action à laquelle on nous prédispose.
Dans ce cas, le mieux serait de donner un exemple. Si nous avons terminé de dîner et qu’une envie irrésistible de manger des bonbons survient, avant de céder, nous devrions nous interroger sur le contenu et la signification de notre propre raisonnement :
- Pourquoi ai-je besoin de manger des bonbons ?
- Est-ce que c’est de la faim ?
- Est-il possible que je n’aie pas mangé suffisamment de glucides ?
- Est-ce que je suis en train d’essayer de réguler une émotion ? Laquelle ? A-t-elle une fonction en particulier ? Dois-je l’éliminer ?
- Est-ce que j’irai mieux après avoir mangé les bonbons ?
- Quelles seront les conséquences de mon comportement ?
- Puis-je faire quelque chose de différent pour aller mieux ?
Faire travailler le contrôle inhibiteur suppose d’introduire une étape de réflexion entre l’apparition de la pensée et le développement de l’action.
Interventions pour améliorer la mémoire de travail
La mémoire opérative se réfère à la capacité de se rappeler de ce qui est nécessaire pour mener une action déterminée.
La compréhension et l’expérimentation sont sans doute les meilleurs outils pour favoriser le souvenir. Ainsi, il s’avère fondamental que nos “patients” comprennent la raison de chacune de nos interventions. Ils doivent également participer au développement des stratégies, expérimenter et adapter les changements les changements au contexte de leur propre vie.
Activités pour faire travailler la flexibilité cognitive
La flexibilité cognitive se réfère à l’habilité qu’a un sujet pour moduler sa pensée et son action face à une situation novatrice, changeante ou inattendue.
Pour faire travailler la flexibilité cognitive, nous aurons besoin d’affronter à une même circonstance avec différentes ressources. L’idée est d’obliger notre cerveau à développer des stratégies alternatives pour parvenir à un même objectif.
On peut prendre comme exemple :
- Aller au travail en empruntant des chemins différents
- Changer l’ordre de notre routine matinale
- Exposer un projet professionnel à un proche en utilisant nos propres mots
- Faire de nouvelles rencontres
- Essayer de respecter notre régime alimentaire habituel dans différents lieux (au travail, au restaurant, à la maison, etc).
Un exemple lié à l’alimentation pourrait consister à travailler sur une consigne d’alimentation ouverte. Ici, le sujet devrait construire une combinaison d’aliments déterminée (par exemple, fruits et laitages) sans que les aliments disponibles ne soient limités pour autant.
Entraînement de la cohérence centrale
La cohérence centrale peut être définie comme la capacité à offrir une vision globale et réaliste d’une situation déterminée. Lors de la consultation, il s’avère positif de réfléchir aux situations conflictuelles à voix haute, en prenant en compte le contexte et l’ensemble des idées associées.
De la même manière, solliciter un bref résumé, parfois oral et parfois écrit, après une lecture complexe et pleine de détails, peut contribuer à améliorer la capacité à développer et à comprendre une idée générale sans aller plus en détails.
En définitive, la thérapie de remédiation cognitive constitue un outil indispensable pour améliorer le profil dysexécutif propre aux personnes souffrant d’obésité. Par conséquent, on peut obtenir une gestion optimale de l’obésité à long terme.
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