La théorie recalibrationnelle pour expliquer la colère
Rédigé et vérifié par Psychologue Cristina Roda Rivera
La théorie recalibrationnelle de la colère explique comment la sélection naturelle a créé la colère pour négocier un meilleur traitement et comment cela peut expliquer, du moins en partie, ses caractéristiques les plus définitoires. La colère est responsable d’une grande partie des actes agressifs humains.
Les chercheurs du Centre de Psychologie Evolutive de Santa Barbara (Californie) ont étudié la fonction évoluée de l’émotion de la colère, aussi bien sur le plan théorique que sur le plan empirique. Ils considèrent ainsi que la colère est un programme régulateur du comportement.
Elle est en effet venue se greffer à l’architecture neuronale de l’espèce humain au fil de l’évolution. La question clé est : pourquoi ?
La théorie recalibrationnelle de la colère est un modèle évolutif computationnel qui soutient que la fonction de la colère est de recalibrer les individus qui ne prennent pas en compte, ou du moins pas suffisamment, le bien-être.
Cette théorie s’éloigne du besoin de présence de frustration pour que la colère surgisse. Pour résumer, il semblerait que la colère surgisse d’un besoin de pouvoir.
Qu’est-ce que la colère ?
La colère fait partie de la biologie de base de l’espèce humaine.
- Elle apparaît spontanément au moment de l’enfance.
- Elle est universelle dans sa distribution entre cultures et individus.
- Et elle a une base neuronale typique de l’espèce.
Néanmoins, pour comprendre la biologie évolutive de la colère, il est aussi important de comprendre son évolution. La théorie recalibrationnelle de la colère émet l’hypothèse selon laquelle le programme régulateur qui gouverne la colère aurait évolué au service de la négociation : résoudre des conflits d’intérêts en faveur de l’individu fâché.
La théorie recalibrationnelle de la colère, un modèle explicatif alternatif basé sur l’évolution
Selon la théorie recalibrationnelle de la colère, autour de l’émotion, il existe tout un système cognitif complexe qui a évolué pour mieux négocier. La colère coordonne les expressions du visage, les changements de ton, les arguments verbaux, la rétention de bénéfices ou le déploiement de l’agression.
Cet ensemble de variables cognitives et physiologiques vise à tirer profit de cette position de négociation pour obtenir de meilleurs résultats. En définitive, la colère est produite par un programme neurocognitif conçu par la sélection naturelle dans le but de résoudre des conflits d’intérêts en faveur de l’individu fâché.
Le programme est ainsi conçu pour orchestrer deux tactiques de négociation interpersonnelle :
- Infliger des coûts ou garder des bénéfices pour donner plus de poids au bien-être de la personne fâchée. Les individus ayant de meilleures capacités pour infliger des coûts sont plus forts.
- Offrir des bénéfices, par exemple, à des individus intéressants qui ont une meilleure position en négociation dans les conflits. Les chercheurs avaient prédit que les personnes qui étaient plus sujettes à la colère l’emportaient davantage dans les conflits d’intérêts et pensaient avoir droit à un meilleur traitement. Ces prédictions ont été confirmées dans différentes études.
Colère, liens de compensation de bien-être et négociation
Chez les espèces sociales, les actions communément entreprises par un individu ont un impact sur le bien-être des autres. Étant donné qu’un choix implique le “moi” et une autre personne, quel poids devons-nous accorder au bien-être de l’autre par rapport au nôtre ? Ce fait est connu sous le nom de lien de compensation de bien-être.
Selon cette théorie, quand le programme de colère détecte que l’autre n’accorde pas « suffisamment » de poids au bien-être de l’acteur, la colère fait son apparition. Les preuves tirées des expériences appuient d’ailleurs ce point de vue.
Les prédictions d’agissement du modèle recalibrationnel de la colère
Le modèle recalibrationnel de la colère prédit que les individus avec de meilleures capacités à infliger des coûts ou à offrir des bénéfices se fâcheront plus facilement, pour deux raisons liées :
- Dans un premier temps, leur plus grande capacité à retirer des bénéfices ou à infliger des coûts se traduit par une plus grande influence dans la négociation de conflits d’intérêts, ce qui signifie qu’il est plus probable que la colère fonctionne mieux pour eux que pour d’autres ayant moins d’influence.
- Dans un second temps, leur plus grande influence les pousse à attendre que d’autres accordent plus de poids à leur bien-être. Plus le lien de compensation de bien-être qu’une personne attend d’une autre sera élevé, plus l’ensemble des compensations de bien-être que le système de colère traitera comme étant inacceptable sera important.
Beaucoup de facteurs contribuent à la capacité à infliger des coûts ou à accorder des bénéfices et, par conséquent, ils devraient générer des différences individuelles de principes au niveau de la colère. Cependant, pour simplifier, nous en sélectionnons deux : force et attrait.
Des prédictions justes
Selon une analyse évolutive, l’effet de la force sur la colère a été plus important pour les hommes et l’effet de l’attrait sur la colère a été plus important pour les femmes. Par ailleurs, comme on l’a prédit, les hommes les plus forts avaient une plus grande histoire de lutte. La force est donc plus efficace pour résoudre les conflits, aussi bien des conflits interpersonnels qu’internationaux.
Le fait que les hommes les plus forts utilisent davantage la force reflète les récompenses ancestrales caractéristiques d’un monde social à petite échelle, au lieu d’évaluations rationnelles des récompenses modernes au sein de populations importantes.
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