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La peur d'être blessé : une barrière à l'amour

8 minutes
Parfois, nous avons peur de nous abandonner de peur d'être blessés. On ne veut plus souffrir et on se protège. Le problème, c'est que parfois, quand on essaie de se mettre en sécurité, on fait le contraire : on se met en danger.
La peur d'être blessé : une barrière à l'amour
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Dernière mise à jour : 20 août, 2024

Parfois, nous avons passé un si mauvais moment dans une relation précédente que notre seul objectif est d’éviter de vivre la même chose. Il y a eu tant de déceptions, tant de douleurs qui nous ont noyés, que nous sommes terrifiés à l’idée de revivre cela. Le problème, c’est que nous avons tellement peur d’être blessé, tellement peur de souffrir, qu’en essayant de nous mettre en sécurité, nous pouvons aussi nous mettre en danger.

Certes, si l’on demandait à l’un d’entre nous s’il veut souffrir, on répondrait non sans hésitation. Le fait est que même si nous prenons cette décision, les circonstances ne se déroulent pas toujours comme prévu. Car la souffrance est une expérience courante dans nos vies. En effet, chacun de nous porte l’empreinte de ses blessures et de ses cicatrices dans sa propre histoire. Une empreinte qui, en quelque sorte, conditionne tout notre univers.

Dans le cas des relations, il est très courant que les fantômes du passé fassent leur apparition. Surtout, si après une rupture, les plaies ne sont pas cicatrisées et que cette étape n’est pas terminée. Si au lieu de mettre un point, c’était l’ellipse qui gagnait la partie.

Ainsi, le passé influence le présent comme un signal d’alarme et tout signal détecté par notre esprit comme menaçant ou dangereux met tout l’organisme en mouvement.

Le problème est que, parfois, il s’embrouille également. Bien que son but ultime soit de nous protéger, il nous paralyse. Il impose des barrières à notre droit d’aimer et d’être aimé -parfois presque insurmontables-, de nous confondre et d’en tirer des leçons. C’est-à-dire que cela nous empêche de continuer à cause de cette peur d’être blessé…

“Tout ce que vous avez toujours voulu est de l’autre côté de la peur.”

-George Adair-

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Les chaînes de la peur d’être blessé

La peur nous protège et nous avertit, mais elle nous limite aussi.

Personne ne veut de la souffrance dans sa vie. C’est pourquoi nous essayons tous d’une manière ou d’une autre de la fuir, de la tromper ou, du moins, de l’éviter. Nous pouvons même parfois la cacher au sous-sol de notre esprit. Nous avons peur de souffrir, d’éprouver cette douleur déchirante qui nous rappelle que nous sommes vulnérables, surtout en amour.

Ainsi, lorsque nous avons peur d’être blessé, la plupart du temps, nous craignons de souffrir de faire confiance. De nous donner à une autre personne et qu’elle ne nous valorise pas comme nous l’attendons, nous rejette ou même nous abandonne. Nous avons peur de rompre à nouveau. Pour cette raison, nous nous donnons généralement à moitié, avec le verrou sur nos cœurs et avec une armure qui protège nos vulnérabilités.

Le problème est qu’aimer est un exercice à risque. Et il est tout à fait normal que la peur accompagne l’amour à plusieurs niveaux. La question est de savoir jusqu’où nous décidons et d’où la peur commence à le faire. C’est-à-dire lorsque nous lui donnons le pouvoir de gouverner nos vies et nos relations.

Car si nous faisons confiance à la peur, si nous devenons victimes de nos propres peurs, il est fort probable que notre relation se détériore voire se termine. Si nous ne faisons rien pour la gérer, si nous ne l’exprimons pas à l’autre.

Par peur de dire ce que l’on ressent, par peur d’exprimer qu’on a peur, par peur de ce qu’on va penser de nous, on se tait. On fait taire nos inquiétudes et on laisse place à une spirale de croyances négatives qui conduisent à un grand malaise. Celui que l’on porte sur le dos et qui souille notre univers. Celui qui nous rend apathiques et méfiants, qui envoie des signaux à notre partenaire de mécontentement ou qui est camouflé par des insécurités, des jalousies et des conflits.

En matière d’amour, quand on a peur de souffrir, on prend nos distances. Bien qu’il ne s’agisse que d’un mécanisme de protection, il agit également comme une barrière de distanciation. Ainsi, se libérer de cette peur est essentiel pour que le lien avec l’autre soit sain et qu’on cesse de le vivre comme une menace.

Car même si à un moment donné nous souffrons, cela ne veut pas dire que ça arrivera toujours. Et cela ne veut pas dire non plus qu’il faut complètement changer notre façon d’agir.

La peur d’être blessé est une prison qui soustrait la qualité de vie de notre présent et qui façonne des états débilitants qui nous nuisent.

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La souffrance est inévitable : comment surmonter la peur de souffrir et d’être blessé?

La peur de souffrir dans une relation provoque la mise en branle de certains mécanismes qui nous empêchent d’approfondir le lien avec l’autre. De nous connecter profondément aux sentiments et de nous montrer tels que nous sommes. Le problème est que, la plupart du temps, ces mécanismes agissent inconsciemment, sous un mandat de protection guidé par l’autotromperie.

Désormais, il est possible d’abandonner, petit à petit, la peur d’être blessé. Pour ce faire, il est nécessaire de travailler avec soi-même, d’enquêter sur les croyances, les expériences passées et la façon dont nous nous valorisons.

Quelques aspects qui peuvent être d’une grande aide

  • Il est important de réfléchir à ce dont nous avons peur au-delà de la peur d’être blessé. La peur est une émotion qui nous dit qu’il y a une menace ou un danger pour nous, quelque chose qui a été configuré tout au long de notre histoire. Dans ce cas, cela indique que nous avons peur de souffrir, de passer un mauvais moment ou d’être abandonné. Bien que cela semble facile à reconnaître, en être conscient n’est pas si facile. Par conséquent, il est recommandé de l’étudier. De voir d’où elle vient et quel effet elle a sur notre présent. Quelles sont les croyances et les sentiments qu’elle active en nous.
  • La souffrance est inévitable. Tôt ou tard, la souffrance apparaît. L’important est l’attitude que nous adoptons pour y faire face. Car si ses effets sur nous sont complexes, négatifs et désagréables, elle a aussi une mission. Nous obliger à nous arrêter, à éteindre nos énergies, pour que, petit à petit, nous comprenions ce qui nous arrive.
  • La gestion des émotions arrête les impulsions et nous aide à nous connaître. Une émotion est un indicateur de ce que nous ressentons, un signal contenant des informations sur nous. Or, il est important de les vivre au lieu de les refouler. Mais aussi de ne pas se laisser emporter impulsivement par elles. Par conséquent, il est préférable de se demander ce que cette émotion nous dit et à quoi elle sert. Si nous la prenons au sérieux, nous découvrirons comment nous sommes. Par exemple, la jalousie est souvent un avertissement d’insécurité et de faible estime de soi.
  • Exprimer ce que l’on ressent détruit les murs et les barrières dans la relation à l’autre. Parler de nos inquiétudes et de nos peurs guide l’autre sur ce que nous ressentons et, d’une certaine manière, lui permet de mieux nous comprendre. Sinon, nous pouvons amener de la confusion sur nos sentiments qui déroutera l’autre. Par exemple, il peut commencer à prendre ses distances parce qu’il pense que nous avons besoin d’espace et nous pouvons interpréter cela comme quelque chose de négatif, en décidant de prendre également nos distances. Ce qui à un moment n’était qu’un simple souci, a peu à peu entraîné un refroidissement de la relation par manque de communication.

Quelques conseils supplémentaires..

  • Pour aimer, il faut prendre des risques, en plus de vivre avec la possibilité de perdre. Aimer, c’est oser. Décider courageusement de montrer ses sentiments et faire confiance à une autre personne. C’est investir du temps, des efforts et des émotions pour créer un lien dont nous ne sommes pas sûrs qu’il durera. Mais qui, malgré cette incertitude, en vaut la peine.
  • Il faut fermer des cycles et mettre des points et des fins. Dire au revoir au passé est essentiel pour abandonner la peur d’être blessé. Guérir les blessures et tirer des leçons de ce que nous avons vécu qui nous aident à grandir est fondamental. Si nous ne le faisons pas, les fantômes du passé apparaîtront continuellement et nous rappelleront que nous ne sommes pas valides, qu’ils nous blesseront à nouveau et que nous sommes voués à l’échec. Il n’y a pas deux personnes identiques. Juger une relation sur la base de la précédente est une mesure très injuste pour l’autre, pour nous et pour la relation elle-même.
  • S’aimer de façon responsable est une bonne mesure de protection. S’aimer soi-même est le support à partir duquel construire une relation saine avec soi-même et avec les autres. Celui dans lequel bien que la peur apparaisse, nous pourrons la vaincre, savoir que ce n’est qu’un avertissement, mais que ce n’est pas toujours juste. Parce que la meilleure mesure de protection est de s’aimer soi-même.
  • L’acceptation et l’empathie sont une bonne combinaison. L’acceptation est étroitement liée à l’amour de soi. Mais lorsqu’elle est focalisée sur un autre, elle est le support de la valeur telle qu’elle est, sans ajouts d’aucune sorte. Ainsi que l’empathie. Ces deux compétences sont nécessaires dans une relation. Deux armes très puissantes qui, en plus de créer des liens sains, affaiblissent les peurs.

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Conclusion…

Enfin, surmonter la peur d’être blessé est un processus dans lequel le travail personnel est l’épine dorsale. Car bien qu’il soit tout à fait compréhensible d’en faire l’expérience, l’important est de ne pas se laisser emporter par elle. En effet, la peur de la souffrance nous handicape généralement et génère plus de peur. L’amour est un trop beau sentiment pour le laisser s’échapper et l’empêcher d’atteindre nos vies.

“On perd beaucoup de choses de peur de perdre”.

-Paulo Coelho-


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  • Cramer,D.(2004): Satisfaction with a Romantic Relationship, Depression, Support and Conflict. Psychology and Psychotherapy-Theory Research and Practice 77(4):449-461.
  • Yela,C.-Jiménez-Burillo,F.-Sangrador,J.L.(2003): Las dos caras del amor: funciones, mitos, paradojas y renuncias. En S. Worchel, J. Cooper,G.R. Goethals y J.M. Olson (eds) Psicología Social. Madrid. Thomson.

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