La personnalité existe-t-elle vraiment ?
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Le domaine de la psychologie comprend une spécialité au nom ronflant de psychologie de la personnalité. Ça sonne bien, non ? Les problèmes commencent néanmoins à se multiplier lorsque vous commencez à l’étudier.
Pour être plus précis, il ne s’agit pas de parler de problèmes mais plutôt de modèles, avec leurs mises à jour, révisions et critiques associées. C’est comme si vous étudiez la chimie et qu’il existait plusieurs tableaux périodiques différents. Vous pouvez imaginer l’ampleur du désordre dont nous parlons.
Le vrai paradoxe : l’existence de la personnalité
Il existe néanmoins une autre difficulté supérieure à la multiplication des modèles et des définitions qui ne sont pas transmis ou alors parcimonieusement. Cette difficulté est celle du titre du présent article : la personnalité existe-t-elle vraiment ?
Concrètement, pouvons-nous dire que quelqu’un est aimable comme nous disons qu’il est grand ou petit ou, pour être pointilleux, qu’il mesure 175 cm ? Eysenck ou McCrae et Costa répondraient certainement que oui. Ces derniers sont peut-être les créateurs les plus célèbres des tableaux périodiques de la personnalité.
Ces tableaux tombent toujours lors des examens de psychologie de la personnalité et constituent une référence pour la taxonomie des principaux manuels de diagnostic. Les amateurs d’analyse factorielle, de composants principaux et d’autres techniques de synthèse d’informations à travers des processus statistiques seraient également d’accord.
Vous connaissez néanmoins sûrement quelqu’un qui est particulièrement extraverti dans un contexte et introverti dans un autre. Il n’est même parfois pas nécessaire de changer de contexte. Nous tendons en effet souvent à osciller dans cette dimension lors d’un même rassemblement social.
Dès lors, parler d’une personnalité ne devient-il pas quelque peu gênant ? Il serait tellement plus facile de simplifier l’information et dire, en toute honnêteté, que quelqu’un est névrosé et amical.
Est-ce une illusion ?
Que se passerait-il si notre croyance dans les traits de personnalité était une illusion, comme le Père Noël ou les Rois Mages ? Et si les individus manquaient de cohérence d’une situation à une autre ?
Il s’agit là d’une possibilité qui ébranla les fondements de la psychologie de la personnalité à la fin des années 1960, lorsque Walter Mischel publia un livre intitulé Personality and Assessment. Que proposait ce psychologue ?
Sa proposition n’a pas aboutit à la psychologie de la personnalité. Du moins pas de la manière dont Caïn tua Abel ou Nietzsche décapita Dieu. Mischel opta pour une évaluation de la personnalité contextuelle. Mischel pensait que les psychologues devaient se concentrer sur les réactions distinctives des personnes face à des situations spécifiques.
Cet auteur déclara qu’une personne n’est pas honnête, mais que nous pouvons identifier en elle une tendance à l’être dans certaines circonstances. Carlos peut être honnête lorsque le mensonge ne lui est pas profitable, mais il peut ne pas l’être si mentir lui est favorable. Disposant de cette information, que pourrions-nous dire maintenant quant à l’honnêteté de Carlos ?
Pour boucler la boucle, Carlos peut ne pas être honnête lorsqu’il doit protéger ses proches. Il peut toutefois l’être lorsqu’il reçoit beaucoup d’argent pour qu’il mente. Carlos aurait accepté cette somme d’argent si la dernière déclaration d’impôts ne lui était pas restituée.
Nous, les êtres humains, sommes un monde. Pour Mischel, il existerait cinq variables qui influent le comportement d’une personne :
- Compétences : à tous les niveaux (physiques, intellectuelles, sociales, etc.).
- Stratégies cognitives : manières de faire face et expériences.
- Attentes : les conséquences que la personne attend pour chaque option envisagée.
- Échelle des valeurs personnelles et concept de soi : les actions en phase avec notre échelle de valeurs seraient plus probables – sous menace de dissonance.
- Systèmes d’autorégulation : ensemble de règles et de normes auxquelles les personnes s’adaptent pour réguler leur comportement.
Une réflexion finale
Nous pouvons dire que la philosophie étudie le sujet le plus compliqué qui soit : l’être humain lui-même. De sorte qu’il existe une très grande différence entre les connaissances populaires et les connaissances scientifiques.
Mischel pensait que chaque comportement était le produit d’une interaction. La cohérence que nous trouverions lorsque nous parlons de trait de personnalité est ou serait alors limité à des situations spécifiques dans lesquelles les caractéristiques les plus saillantes sont identiques ou similaires.
La psychologie n’a pas encore résolu le problème posé par la critique des théories des traits de personnalité. Il semble exister un certain consensus soutenant qu’il y aurait néanmoins une tendance générale.
Si nous mettons Juan face à 100 situations testant son honnêteté, nous pourrions obtenir un pourcentage définissant son honnêteté. Nous lui attribuerions alors un score sur le trait. Il est honnête à 65 %, par exemple.
Dans quelle mesure pourrions-nous cependant prédire le comportement de Juan dans une situation concrète rien qu’à partir de cette information ? Le problème est que nous disposons en réalité d’informations très limitées sur la personne en face de nous.
Il existe une certitude malveillante en matière de méthodologie. Par exemple, une population peut déterminer la taille moyenne en centimètres, mais il se peut que personne au sein de la population ne mesure la taille indiquée. En somme, la psychologie de la personnalité a du mal à transcender les modèles théoriques et à les appliquer dans la réalité.
Le jeune Focoult était déjà conscient d’une chose. Selon lui, « la nature dialectique des relations de l’individu avec son environnement oblige la psychopathologie à assumer une perspective nécessairement écologique, annulant la possibilité de considérer l’individu malade de manière isolée. » (Novella, 2009)
Concernant la partie didactique, les modèles sont parfaits sur les diapositives des salles de classe, mais nous continuons à rencontrer de nombreux problèmes dans la pratique. La théorie semble, à ce stade, épuisée. Elle a survécu en grande partie grâce à l’essor de la psychologie positive.
Ce seront tôt ou tard les données qui primeront sur la réflexion. Elles commenceront alors à nous guider vers une solution. Des paradigmes, comme l’IRT, pourraient alors devenir la corde qui nous permet de sortir du puits.
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Eysenck, HJ (1981). Un modelo para la personalidad. Nueva York: Springer Verlag.
McCrae, RR y Costa, PT (1987). Validación del modelo de personalidad de cinco factores a través de instrumentos y observadores. Revista de Personalidad y Psicología Social, 52 , 81-90.
J. Novella, E. (2009). El joven Foucault y la crítica de la razón psicológica: en torno a los orígenes de la Historia de la locura. Isegoría, 0(40), 93-113. doi:http://dx.doi.org/10.3989/isegoria.2009.i40.647
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