La fixation et la régression, deux faces de la même pièce
En temps normal, tous les êtres vivants avancent de façon naturelle vers un processus de maturation. Cependant, la croissance ne se fait pas de manière totalement continue. Cela veut dire que même lors d’un processus de croissance normal, il y a des moments d’avancée, d’arrêt et de retour en arrière. C’est à cela que font référence les concepts psychanalytiques de fixation et de régression.
Le mot fixation renvoie à quelque chose qui reste, mais aussi à une résistance à la variation. Il s’agit d’un arrêt dans le processus de développement. En d’autres termes, un point où il n’y a ni progrès, ni recul. Ce n’est pas une stagnation au sens strict du terme mais plutôt une insistance, une réitération inaltérable.
De son côté, le mot régression est lié à un retour en arrière. Cela veut dire qu’on a avancé vers une phase supérieure mais, pour une raison connue ou inconnue, nous sommes revenus à une étape antérieure. Pourquoi les phénomènes de fixation et de régression se produisent-ils ? Qu’impliquent-ils dans la vie psychique ?
“Nous ne réagissons pas toujours aux chocs avec une régression. Parfois, face à une crise, nous grandissons.”
-Naomi Klein-
La libido en tant que facteur évolutif
La fixation et la régression sont des phénomènes étroitement liés au concept de libido. En psychanalyse, la libido est une énergie psychique (une pulsion) qui s’oriente vers l’obtention de plaisir. Un désir qui meut le sujet et le pousse à obtenir satisfaction. Cette force ou impulsion se dirige vers différents objets, en fonction du processus d’évolution de chaque sujet.
Cette pulsion est également instinctive. Selon Sigmund Freud, la libido suit un cours évolutif dans lequel nous retrouvons plusieurs étapes. Lors de chacune d’elles, l’obtention de plaisir est associée à une zone déterminée du corps et à des actions liées à cette dernière. Ces phases sont les suivantes :
- Phase orale. Il y a une prédominance de l’obtention de plaisir dans la zone de la bouche. L’action associée est celle consistant à se nourrir du sein maternel. Elle est associée à la satisfaction de recevoir.
- Phase anale. Elle a lieu après le sevrage. Dans ce cas, les sensations de plaisir se centrent sur le rectum et les zones adjacentes. La plus grande satisfaction est de se retenir et d’évacuer. On l’associe au plaisir de donner ou de refuser.
- Phase phallique-génitale. Le plaisir vient des organes génitaux, et plus simplement de la masturbation.
- Phase de latence. C’est une étape au cours de laquelle la libido diminue sensiblement et se “calme”, pour ainsi dire.
- Puberté. Une exacerbation du désir sexuel a lieu et le transit vers la vie adulte s’achève. Le plaisir s’obtient alors à travers les relations sexuelles.
La fixation et la régression
D’un point de vue psychanalytique, lorsque l’on parle de fixation, on fait référence à la persistance de l’une de ces phases de développement de la libido. Ainsi, par exemple, une personne peut rester bloquée à la phase orale ou anale. Cela veut tout simplement dire qu’elle exhibe les traits qui correspondent à cette étape et non aux autres.
La régression, elle, suppose de revenir à une phase qui avait déjà été dépassée. Elle est très commune chez les aînés quand ils ont un petit frère ou une petite sœur. Ils veulent parfois boire à nouveau le lait du sein maternel et il est possible qu’ils cessent de contrôler leur sphincter pour attirer l’attention de leur mère, comme quand ils étaient bébés.
On peut aussi souffrir d’une régression à l’âge adulte. Elle ne se fera pas d’une façon aussi basique mais l’on retrouvera les traits caractérologiques qui accompagnent une étape déterminée. Par exemple, un fumeur ou un consommateur compulsif d’alcool obtiennent du plaisir dans une action orale. Ils cherchent le plaisir perdu de cette étape.
La cause de ces mécanismes
La fixation et la régression sont aussi des mécanismes de défense. Il s’agit de stratégies inconscientes pour aborder une situation adverse lorsque l’on ne bénéficie pas d’outils psychiques qui permettent de l’assumer et de la surmonter de façon consciente. Par conséquent, la fixation et la régression supposent l’existence d’une problématique associée.
En général, la fixation apparaît quand il y a un excès d’indulgence ou une grave frustration à une étape déterminée. Lors de chacune des étapes de développement de la libido, les adultes, et plus particulièrement les parents, jouent un rôle fondamental. Lorsqu’ils tombent dans de graves déficiences pour répondre à la satisfaction ou à la limitation des manifestations libidinales, ils font naître la fixation.
La régression, elle, se produit quand une situation extrêmement frustrante, voire traumatique, a lieu. Revenir en arrière est une façon d’éluder ou de nier cette situation et les défis qu’elle implique. Ainsi, un adulte peut avoir une crise de colère quand la réalité ne correspond pas à ses attentes.
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Kohut, H. (1989). Análisis del self. El tratamiento psicoanalítico de los trastornos de personalidad. Buenos Aires: Amorrortu.
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