La conscience d'un point de vue neuroscientifique
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
La conscience a toujours été un domaine polémique et difficile à étudier. Au cours d’une grande partie du XXème siècle, les recherches sur la conscience ont systématiquement été rejetées, aussi bien dans le domaine psychologique que dans le domaine scientifique. Cela fut en grande partie dû au positivisme extrême des perspectives comportementalistes de l’époque, qui rejetaient complètement la terminologie mentaliste. Or, après les avancées de la psychologie cognitive, le besoin d’étudier les processus conscients et inconscients s’est étendu.
La conscience est une construction très difficile à définir. Le fait est que nous savons presque tous ce que c’est mais peu de définitions parviennent à refléter sa complexité. Nous pourrions peut-être la définir, en simplifiant à l’excès, comme la capacité mentale de savoir ce qu’il se passe autour de nous ou en nous-mêmes, de manière “active”. La conscience est ce qui nous permet de savoir que nous sommes nous et que nous sommes présents au sein des faits.
Lorsque nous étudions à fond l’esprit humain, nous nous rendons compte qu’il existe une énorme quantité de processus inconscients. Par exemple, nous ne nous chargeons pas de réguler de manière directe les battements de notre cœur ou le mouvement de notre langue, nous y pensons, tout simplement, et ils se produisent. Bien, mais dans quelle mesure notre traitement est-il conscient ou inconscient ? Qu’est-ce qui caractérise les processus conscients et inconscients ? Quelles bases neurophysiologiques constatent l’existence et la fonction de la conscience ?
Caractéristiques des processus conscients et inconscients
La première question que se pose un scientifique qui veut étudier la conscience est la façon dont il peut la mesurer. Le problème réside dans le fait qu’il s’agit d’un événement totalement invisible à l’observation directe. Par conséquent, nous devons en faire des mesures indirectes ; la plus simple sera le propre compte-rendu de la personne. Très souvent, une norme fonctionne : si l’individu est capable d’en parler, c’est qu’il en a été conscient.
En menant de telles recherches, nous nous rendons compte que nous pouvons présenter différents stimuli aux sujets, de sorte qu’ils peuvent en inclure certains dans leur communication et pas d’autres. Par ailleurs, nous observons aussi que même si le sujet n’est pas conscient du stimulus, celui-ci peut influer sur son comportement. Un exemple de ceci est celui des techniques de priming (amorçage) : la présentation d’un mot de manière inconsciente qui facilite ou complique la lecture d’un mot présenté ensuite.
Nous pouvons trouver différents niveaux de conscience dans le traitement cognitif :
- Le traitement subliminal : il a lieu quand la force du stimulus est très faible ou sa présentation très brève, ce qui ne lui permet pas d’atteindre le seuil de la conscience. Cependant, ce stimulus peut influer sur le comportement ou déclencher un autre type de traitement. Il faut savoir que tous les experts ne sont pas convaincus de l’existence de ce type de processus.
- Le traitement pré-conscient : il a lieu quand les stimuli ont la force nécessaire pour franchir le seuil de la conscience mais, en raison d’un manque d’attention, le processus ne se produit pas à cause d’une erreur d’amplification. Un exemple peut être celui de la cécité d’inattention : une cécité face à certains stimuli très saillants à cause d’une déviation de l’attention. Vous pouvez retrouver sur ce lien une curieuse vidéo qui constitue un bon exemple.
- Le traitement conscient : il a lieu quand le stimulus a la force nécessaire pour franchir le seuil de la conscience et quand les processus d’attention lui ont permis d’accéder à la conscience. Dans ce cas, les individus reçoivent l’information et peuvent y répondre de manière active.
Il est important de noter que ces catégories sont des niveaux de dimension et qu’elles ne constituent pas des catégories fixes. Ce qui veut dire que n’importe quel traitement peut se trouver à n’importe quel point, entre le “non-perçu” et le “pleinement conscient”.
Les bases neurophysiologiques de la conscience
L’un des points clés dans l’étude de la conscience a été de lier ce processus à des corrélats biologiques ou neurophysiologiques. Beaucoup de chercheurs ont présenté une multitude de modèles sur le fonctionnement et la fonction de ce processus mais de nombreuses questions planent encore. Par ailleurs, les recherches ont identifié certaines structures qui peuvent être impliquées et certaines explications à l’existence de la conscience.
Pour étudier les structures cérébrales de la conscience, le plus simple est d’utiliser des instruments de neuro-image pour comparer des processus conscients et inconscients. Les résultats indiquent qu’il existe une activation nerveuse ajoutée dans ces processus au caractère conscient.
Il est vrai qu’en changeant la tâche, les aires activées changent aussi; il semblerait que la conscience ne soit pas focalisée sur des structures déterminées et il est possible qu’il s’agisse du travail de tout l’encéphale. Le facteur le plus commun entre les différentes études est peut-être l’activation de zones pariétales et frontales de l’encéphale, mais il faut prendre ces données avec précaution.
Par rapport à la grande question de “pourquoi avons-nous une conscience ?”, même si la réponse est difficile, la réponse la plus soutenue est peut-être qu’elle a la fonction d’un système de court-circuit. C’est-à-dire un processus superviseur qui se charge d’évaluer le comportement de l’individu et de “court-circuiter” les processus s’il y a des erreurs. Ce supposé système n’agirait qu’au niveau des processus ayant une grande importance pour économiser des ressources et être plus efficace, ce qui expliquerait les différents niveaux de conscience.
La conscience est un processus intéressant et mystérieux qui a tenu en haleine de nombreux psychologues, philosophes et neuroscientifiques tout au long de l’histoire. Le développement de la recherche nous aide, jour après jour, à en savoir plus sur la conscience. Cependant, il nous reste un long chemin à parcourir pour comprendre en profondeur sa véritable réalité.
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