La colère refoulée, l'émotion qui modifie notre personnalité
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
La colère refoulée, cette rage passée sous silence et ensevelie de force, peut changer notre personnalité. Les déceptions, les échecs, la souffrance non gérée, les illusions perdues et chaque croche-pied qu’on nous a fait laissent des séquelles. Cela se transforme souvent en colère. Si on ne gère pas ces réalités internes, nous traînerons un boulet en permanence.
La colère est une émotion qui demeure encore méconnue par une grande partie de la population. Nous l’associons souvent avec ces explosions où émerge le côté le plus obscur de l’être humain. C’est dans ces moments que nous finissons par dire ou faire des choses qu’on regrettera plus tard. Il faut cependant souligner que dans la plupart des cas, la colère n’émerge pas, elle ne se manifeste pas. Nous la refoulons et elle demeure sous une forme subjacente.
Cette émotion présente en outre un problème quantitatif. En effet, plus elle s’accumule, plus le mal-être psychologique provoqué est important. Un excès de colère ne se traduit pas toujours par une expression faciale énervée. Ni par quelqu’un qui passe son temps à pousser les autres, à crier ou à répondre de manière inappropriée. Cette émotion provoque de l’angoisse, de la fatigue. Elle se traduit en mauvaise humeur, en anxiété. Dans de nombreux cas, cela va jusqu’à un trouble dépressif.
Voyons de quoi il s’agit dans la suite de cet article.
La colère refoulée, l’émotion cachée que nous oublions de contrôler
Cela peut nous sembler marquant. L’être humain peut ainsi vivre avec une colère refoulée pendant pratiquement toute son existence. Souffrir l’abandon de la part d’un parent ou de maltraitance, par exemple, est souvent à l’origine de ce problème qui finit par changer notre personnalité.
La colère, en fin de compte, n’est rien d’autre que la réunion de plusieurs émotions qui polissent une lourde pierre que chacun peut choisir de porter pendant longtemps. On peut y mettre la tristesse, le sentiment d’injustice, l’angoisse et souvent la peur. La peur que des choses déterminées réapparaissent et une peur absolue à nous sentir à nouveau vulnérables. Tout cela se catalyse en colère, un mal-être sans nom et permanent qui occupe l’esprit et efface tout en même temps.
Colère, furie, irritabilité, agressivité, tension, perte de contrôle. Tous ces termes sont les premiers qui nous viennent à l’esprit quand on pense à la colère. Faire cette association d’idées n’est pas une erreur. Néanmoins, nous ne réagissons pas toujours de cette manière en vivant cette émotion.
Le docteur Thomas Denson, de l’université de Michigan (États-Unis) indique dans une étude qu’il existe différentes façons de ressentir de la colère. Il y a ceux qui l’expriment et aussi ceux qui la refoulent et la gardent avec eux. Ces derniers, caractérisés par la colère refoulée, ont tendance à l’alimenter encore plus à cause de la pensée ruminante. Un tel phénomène finit par avoir une incidence sur son comportement et sa personnalité.
Quelles sont les caractéristiques de la colère refoulée chez une personne ?
Avoir vécu plusieurs déceptions affectives. Vivre la trahison d’un membre de notre famille ou de quelqu’un d’important. Ne pas atteindre un objectif important pour nous. Toutes ces réalités sont quelques exemples de l’origine de cette colère refoulée que ressentent de nombreuses personnes.
Voyons cependant quelques signes qu’on peut observer :
- Méfiance, difficulté clair à faire confiance à l’entourage
- Comportements et réactions sarcastiques, cyniques voire frivoles
- Changements d’humeur constants
- Tendance à la procrastination
- Irritabilité
- Difficulté à profiter des moments de loisir
- Insomnie, cauchemars, réveils successifs
- Fatigue physique et mentale
Comment gérer la colère ?
Quand nous lisons des livres ou des articles sur la gestion de la colère, nous voyons souvent qu’ils utilisent une approche incomplète, et pis encore quand on parle de la colère refoulée. Pour travailler cette émotion, faire des exercices de relaxation n’est pas suffisant. Tout comme le fait de chercher un catalyseur ou un moyen de l’exprimer. Ces techniques sont utiles mais elles ne résolvent pas le problème à la racine.
Le mieux à faire est d’avoir les idées suivantes à l’esprit.
La vulnérabilité
Pour gérer la colère refoulée, il faut aller à la racine du problème. Dans la plupart des cas, c’est le sentiment de vulnérabilité. Lorsque nous nous sentons dévalués, trahis, soumis à l’injustice, frustrés ou en colère contre quelque chose ou quelqu’un, la colère surgit. Nous devons par conséquent en trouver l’origine.
L’estime de soi
La deuxième étape est travailler l’estime de soi, la valorisation de soi. Nous ne pourrons parfois pas résoudre les problèmes à l’origine de la colère refoulée. Par conséquent, il est nécessaire de travailler sur nous-mêmes, de réparer notre dignité, nos valeurs, notre potentiel humain, notre appréciation de nous-même.
Les pensées utiles
La colère refoulée a un grand pouvoir ruminant. Notre esprit se concentre toujours sur ce foyer de douleur, sur cette déception, ce fait du passé. Cette focalisation assombrit souvent notre jugement et nous mène vers une usure psychologique considérable. Il est nécessaire que nous travaillions sur un dialogue interne utile et sain.
Nous concentrer sur la réparation de la colère refoulée et non à l’alimenter
La colère est un feu que notre pensée alimente jour après jour. Nous l’attisons avec l’inertie, avec la procrastination, avec une approche mentale rigide qui s’affère complètement à ces faits du passé. Si nous voulons réellement réparer et soigner la colère refoulée, il faut lever cette ancre du passé pour nous permettre d’avancer en réparant nos dégâts.
On y parvient en se fixant de nouveaux objectifs, en cherchant le changement, en nous mettant dans de nouvelles situations où nous pouvons nous sentir compétents. Où on peut se connecter avec de nouvelles personnes positives. Il est parfois nécessaire de recommencer à zéro dans tous les sens du terme pour laisser derrière tous ces boulets qui nous ne permettaient pas même de respirer. Pensons-y.
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- Lerner, J. S., & Keltner, D. (2001). Fear, anger, and risk. Journal of Personality and Social Psychology, 81(1), 146–159. https://doi.org/10.1037/0022-3514.81.1.146
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