Haute sensibilité environnementale : signes et caractéristiques

Haute sensibilité environnementale : signes et caractéristiques
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater.

Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Des bruits ou des odeurs fortes, les lumières brillantes, une foule de gens… La haute sensibilité environnementale caractérise toutes ces personnes qui ressentent un stress élevé face à certains stimulus sociaux, physiques et émotionnels qui habitent autour d’eux. Loin d’être anecdotique, cette condition peut aussi bien altérer notre productivité que notre équilibre psychologique.

John Dewey, célèbre pédagogue et psychologue des Etats-Unis, disait que notre bien-être dépend toujours de notre ajustement par rapport à notre environnement social. N’importe quelle altération, petite irrégularité ou tension crée en nous une instabilité psychique et physiologique immédiate.

“Nous avons modifié notre environnement d’une façon si radicale que nous devons maintenant nous modifier nous-mêmes pour pouvoir continuer à exister.”

-Norbert Wiener-

Par exemple, si nous nous trouvons dans une pièce où il fait très chaud, nous nous sentirons mal. Nous essayerons donc d’ajuster la température de ce lieu à nos besoins. Autre exemple: si nous marchons, en pleine nuit, dans une rue sombre et déserte, et écoutons tout à coup des pas derrière nous, nous ressentirons une sensation de menace, un stimulus qui obligera notre cerveau à émettre une réponse: courir, appeler quelqu’un au téléphone ou nous retourner pour affronter la situation.

Bien, mais quand nous parlons de la haute sensibilité environnementale, nous sommes face à un type d’expérience plus particulier. Pensons à un endroit où un groupe de personnes (par exemple, un environnement de travail) se sent à l’aise. Toutes, à part une, une personne plus sensible aux sons, aux conversations, à la lumière de ce bureau et même à ce voile invisible où tout son monde émotionnel est suspendu…

Haute sensibilité environnementale : pourquoi en souffrons-nous ?

Le thème de la haute sensibilité environnementale n’est pas nouveau. Aussi curieux que cela nous paraisse, la psychologie écologique étudie depuis des années la façon dont nous nous lions à notre environnement le plus proche. Lors de cette interaction, notre organisme, notre esprit et notre culture sont pris en compte.

Ainsi, des auteurs comme Lazarus, Folkman et Cohen  ont développé un modèle théorique à travers lequel ils expliquaient que cette sensibilité se base sur une série d’agents spécifiques. Nous avons chacun un seuil de tolérance par rapport à certains stimulus, des stimulus que nous ne pouvons pas contrôler et face auxquels nous manquons de stratégies personnelles pour réduire leur impact sur nous.

Par ailleurs, il existe aussi d’autres points de vue qui prennent en compte notre personnalité. Ainsi, et en guise d’exemple, l’Université d’Harvard a pu démontrer que le cerveau des personnes introverties se caractérisait précisément par une haute sensibilité environnementale. En moyenne, un style de personnalité introverti fait davantage attention aux détails quotidiens, un fait qui génère souvent une surcharge s’il y a un excès de stimulation dans l’environnement.

En outre, cet excès de stimulus, qu’ils soient auditifs, visuels, tactiles, etc., génère chez ces personnes un plus grand niveau de stress et d’épuisement. Sans parler d’un autre fait très important: leur haute sensibilité aux émotions des autres, à l’anxiété, aux préoccupations, aux peurs que d’autres inscrivent dans cette atmosphère dans laquelle nous ne savons pas tous placer des filtres. Cette contagion émotionnelle est un autre fait fréquent chez les personnes avec une haute sensibilité environnementale.

Quelles caractéristiques a la haute sensibilité environnementale ?

Une donnée importante que nous devons prendre en compte sur cette condition psychologique est qu’elle entre dans un spectre. En d’autres termes, certaines personnes souffriront d’une grande sensibilité et d’autres afficheront un seuil plus résistant face à certains stimulus psychosociaux de leur environnement. Voyons maintenant quelles sont les caractéristiques les plus communes :

  • Inconfort face à des lumières brillantes, des sons forts et certaines couleurs.
  • Sursauts face à des bruits soudains, comme le coup de frein d’une voiture, une porte qui se ferme, un verre qui tombe…
  • Inconfort dans des environnements où il y a continuellement un grand nombre de personnes. Par ailleurs, la personne ressent aussi du stress quand elle est dans un endroit où plusieurs choses se produisent en même temps (télévision allumée, conversations, enfants qui jouent, téléphone qui sonne…).
  • La personne extrêmement sensible se sent habituellement très affectée par les nouvelles négatives des journaux.
  • Il est aussi commun qu’elle ressente de la rage, de la tristesse ou de la déception quand elle voit ou lit des faits au cours desquels l’humanité se montre injuste et violente.
  • Toutes ces émotions sont manifestées à travers des processus psychosomatiques: maux de tête, fatigue, problèmes de peau…
personne avec haute sensibilité environnementale

Façons de gérer la sensibilité environnementale

Maintenant que nous savons ce qu’est la sensibilité environnementale, que pouvons-nous faire quand celle-ci est très haute? La réponse à cette condition n’est pas d’éviter ce qui nous produit du stress. Nous ne pouvons pas non plus contrôler tout ce qui nous entoure. Nous ne pouvons pas, par exemple, baisser le son de la circulation, demander aux gens d’arrêter de parler ou de partir d’un endroit. Nous ne pouvons pas, tout simplement, mettre de l’ordre dans des environnements caractérisés par l’hyper-stimulation, l’imprévisibilité et l’anarchie.

La réponse ne se trouve pas à l’extérieur mais en nous. Elle consiste à minimiser l’impact qu’ont ces stimulus sur notre esprit et notre corpsPar conséquent, pour gérer l’hypersensibilité, il n’y a rien de mieux que de travailler notre immunité émotionnelle et sensorielle.

  • Identifiez vos facteurs de stress et pensez à un moyen de vous défendre face à eux (s’il s’agit de la lumière, mettez des lunettes; s’il s’agit du bruit, mettez vos écouteurs et de la musique que vous aimez…).
  • Appliquez des techniques de relaxation et d’attention. Par exemple, si la foule vous angoisse, fixez votre regard sur un point précis (un arbre, une fenêtre, un tableau, une publicité dans la rue…). Essayez de travailler votre respiration pendant que vous concentrez votre regard sur ce point.
  • Établissez des moments de repos dans vos journées. Parfois, nous avons seulement besoin de 5 minutes toutes les 40 minutes pour tranquilliser notre esprit. Il suffit de marcher un peu, d’aller dans un endroit silencieux ou même de méditer quelques instants.
  • Enfin, et pour éviter la contagion émotionnelle, nous devons cesser de nous concentrer sur le monde extérieur pour replacer notre regard sur nous-mêmes. Prenez conscience de vos propres émotions et établissez un mur. Évitez la perméabilité, concentrez-vous sur votre propre état mental. Que rien ni personne n’altère votre calme!

Pour conclure, nous sommes tous, d’une certaine façon, sensibles à notre environnement. Cependant, il y a une limite: il faut que tous ces stimulus nous affectent le moins possible afin de gagner en mobilité, en productivité, en efficacité et en bien-être. Apprenons à mettre en place des filtres adéquats dans cet océan de stimulus qui nous entoure en permanence.

 


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