Notre GPS cérébral : un système très étonnant
Peut-être que vous faites partie de ces personnes qui, même si elles inventent continuellement des systèmes de navigation, finissent toujours par se perdre. Peut-être aussi que vous vous sentez concerné-e par l’extrême inverse et que vous êtes capable de répéter la route exacte que vous avez faite, dans une ville inconnue, en ayant suivi une fois un-e ami-e qui la connaît. Et vous êtes capable de le faire sans GPS ni carte.
La plupart des gens ne se trouvent ni à un extrême ni à un autre, mais se situent dans un endroit intermédiaire de ce continuum. D’autre part, il y a une différence entre là où on se trouve réellement et là où l’on pense se trouver. Il existe tellement de fanfarons et de faux modestes dans ce domaine…
Alors, ce qui nous intéresse dans cet article, c’est d’essayer de faire un petit schéma des structures du cerveau pour nous orienter dans l’espace comme un GPS mental.
Les taxis de Londres et leur GPS mental
Commençons avec une idée claire : notre cerveau n’est pas de la pâte à modeler, mais il jouit de l’une des propriétés de cette matière : la plasticité. Nous parlons ici de neuroplasticité comme la capacité qu’a le cerveau à s’adapter fonctionnellement et structurellement aux demandes extérieures. L’une de ses adaptations ont un lien avec notre adresse dans l’espace, avec notre utilisation de notre GPS mental.
Si vous voyagez continuellement et que vous vous promenez dans des villes nouvelles, votre cerveau comprendra que l’orientation est importante pour votre survie et ouvrira une petite section dédiée uniquement à votre déambulation.
À présent, nous allons parler des chauffeurs de taxi de Londres. Ces chauffeurs sont connus en psychologie grâce à la célèbre étude qu’a réalisée Eleanor Maguire, professeure de l’University College de Londres. Ces travailleurs doivent réaliser un examen pour obtenir leur poste et dans ce texte, on leur demande quel trajets ils prendraient s’ils devaient aller de tel endroit à tel autre.
On a fait passer ce test à des personnes qui faisaient une autre profession, à des personnes qui postulaient pour devenir chauffeurs de taxis et à des chauffeurs de taxi qui exerçaient leur profession depuis plusieurs années, tout en leur faisant passer un test de résonance magnétique. Il a été montré que les chauffeurs de taxi avaient une zone de l’hippocampe sensiblement plus grande que les personnes qui n’étaient pas chauffeurs de taxi. De plus, on a trouvé que la taille de cette zone était plus grande quand les années de profession étaient plus nombreuses. Révélateur, non ?
Alors, sachez que vous vous orientez plus rapidement dans les endroits que vous connaissez car vous avez gravé dans votre cerveau une petite carte qui prend de la place. Logiquement, la carte d’une ville aussi grande que Londres et avec des parcours aussi différents qu’un chauffeur de taxi peut faire doit occuper un plus gros espace.
Zones du cerveau impliquées dans l’orientation
Cette étude a véritablement révolutionné l’étude sur l’orientation dans l’espace. Nous allons à présent citer les zones de notre cerveau chargées de nous rendre plus ou moins habiles dans nos capacités d’orientation. Commençons par le cortex pré-frontal. Cette zone est chargée de contrôler nos impulsions, et il semblerait qu’elle ne se développe pas complètement jusqu’à la fin de l’adolescence et participe à l’orientation car elle est chargée de prendre des décisions.
Le cortex préfrontal est la partie du cerveau qui a le dernier mot sur la rue que l’on va emprunter. Lorsque nous mélangeons plusieurs chemins différents, c’est aussi lui qui va décider lequel gagne.
Le striatum est celui qui conserve les cartes déjà téléchargées dont nous avons parlé précédemment. C’est lui qui écoute le cortex préfrontal lorsque nous marchons dans des endroits que nous ne connaissons pas. De plus, il stocke des informations de temps et de distance dans l’hippocampe, là où se trouvent les fameux neurones de localisation, qui permettent que nous téléchargions de nouvelles cartes dans le striatum.
Le cortex pariétal se charge de la direction et du sens, et le cortex entorhinal nous situe par rapport à un point de référence, comme cela peut être le lieu où nous avons garé la voiture. Finalement, on trouve le cervelet, qui se charge de coordonner la partie motrice avec ce qu’a décidé le cortex préfrontal.
Dans l’orientation, d’autres structures participent également, comme le système limbique qui déclenche la colère ou l’énervement lorsque notre conjoint ne fait pas confiance à notre GPS cérébral. Mais en dehors de ces interventions anecdotiques, nous avons décrit les structures de notre GPS mental. Nous espérons que ce guide vous a plu et que vous ne vous y êtes pas perdu-e !
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.