Est-il vrai que les jeux vidéo violents génèrent des comportements violents ?
Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Il existe de nombreuses histoires qui circulent sur Internet à propos de jeunes qui assassinent leurs parents à cause de jeux vidéo violents. Par exemple, cette année, dans la ville d’Elche (Alicante), un jeune homme tua ses parents après qu’ils lui coupèrent l’accès à Internet en raison de ses mauvaises notes. Comme celle du garçon au katana, cette histoire est terrifiante. Mais est-il vrai que les jeux vidéo génèrent des comportements violents ?
La réponse est compliquée. Bien que de nombreuses études et professionnels défendent depuis des années que les jeux vidéo, notamment les plus violents, génèrent des comportements violents chez les enfants et les jeunes, les dernières recherches montrent que de nombreux autres facteurs entrent en jeu lorsqu’il s’agit d’expliquer le comportement violent d’une personne.
Une relation de cause à effet entre violence et jeux vidéo ?
La résolution de l’American Psychological Association (APA) de 2015 stipule qu ‘”il n’y a pas suffisamment de preuves scientifiques pour corroborer un lien de causalité entre les jeux vidéo violents et les comportements violents”. Peut-on dire que la consommation de jeux vidéo violents peut entraîner une augmentation de l’agressivité et des comportements violents ? Oui. Mais il semble qu’il n’y ait pas de relation directe de cause à effet, puisque d’autres facteurs comme l’environnement ou l’histoire de la violence entrent en jeu.
“La violence est un problème social complexe qui découle souvent de nombreux facteurs qui méritent l’attention des chercheurs”, déclara la présidente de l’APA, Sandra L. Shullmam. “Attribuer la violence aux jeux vidéo n’est pas scientifiquement fondé”, poursuit-elle. Et c’est que ladite déclaration “détourne l’attention d’autres facteurs tels que les antécédents de violence”.
Jeux vidéo violents
Tout d’abord, il convient d’établir ce qu’on entend par violence dans les jeux vidéo. Il est clair que les jeux de guerre et d’armes, comme Call of Duty, ont une composante violente indéniable. Mais aussi d’autres jeux vidéo plus ouverts, comme n’importe lequel de la saga GTA, dans lesquels sont reproduits des comportements racistes, du sexe explicite ou d’autres contenus qui devraient être se voir appliquer contrôle de l’âge.
“Attribuer la violence aux jeux vidéo n’est pas scientifiquement fondé, cela détourne l’attention d’autres facteurs tels que les antécédents de violence.”
-Sandra L. Shullmam-
Un autre aspect à valoriser est la notion de compétition de nombreux jeux vidéo. Des titres comme FIFA ou Rocket League ne proposent peut-être pas de contenu violent, mais le simple fait de vivre de la compétition pourrait aussi influencer l’apparition de certains comportements violents.
La propre décision de l’APA reconnaît qu’il existe des liens entre les jeux vidéo violents et “des résultats agressifs comme crier et bousculer”. Dans le cas des jeux vidéo qui ne contiennent pas de violence explicite, ces comportements pourraient être aussi compréhensibles que ceux qui peuvent survenir après, par exemple, un match de football. Il existe une relation entre certains jeux vidéo et ces comportements, mais pas suffisamment pour établir une relation directe de cause à effet.
Génèrent-ils ou non des comportements violents ?
Alors, comment expliquer les comportements violents chez les enfants et les jeunes ? Il est clair que les jeux vidéo sont un facteur à prendre en compte, mais aussi d’autres comme l’environnement social et familial ou un passé de violence. Dans les travaux sur le sujet publiés ces dernières années, on trouve des raisons de penser que bien d’autres investigations ne tinrent pas compte de l’importance de ces autres facteurs.
Une étude menée en Allemagne en 2019 analysa les comportements de 90 volontaires âgés de 18 à 45 ans. Ils jouèrent tous à Grand Thef Auto V Auto V, Sims 3 ou aucun. Après cette période, une série d’enquêtes axées sur les comportements agressifs et violents ont été menées, mais les résultats ne montrèrent aucune différence entre les trois groupes.
On peut donc s’attendre à ce que les comportements violents présentés chez certains enfants et jeunes s’expliquent par de nombreux autres facteurs. C’est la conclusion à laquelle parvient une étude publiée dans le Journal of Economic Behavior & Organization par des scientifiques de l’Université de Londres, portant sur des enfants âgés de 8 à 18 ans qui jouent au jeu vidéo Call of Duty.
Bien que certains parents disent que leurs enfants étaient plus susceptibles de casser des objets après avoir joué, il ne semble pas que cela ait un lien direct avec la violence. Selon l’auteure principale de l’étude, Agne Suzyedelite, cela peut indiquer que ces types de jeux vidéo laissent les enfants plus agités, mais pas nécessairement qu’ils incitent à la violence. Après tout, les sujets n’étaient pas plus agressifs envers les autres.
La difficulté de mesurer la violence
Un autre aspect fondamental de ce débat est la grande difficulté à mesurer la violence. Dans quelle mesure peut-on établir une relation directe entre casser un objet ou manipuler une arme-jouet avec un comportement violent ?
Il est évident que le contenu consommé par les enfants et les jeunes détermine bon nombre de leurs comportements. Mais lorsqu’il s’agit d’analyser la violence dans ce groupe de population, il est plus commode d’analyser d’autres facteurs plus graves liés au niveau socioculturel ou aux antécédents de violence dans la famille.
Tout contenu peut générer une influence sur certains utilisateurs, notamment parmi les plus jeunes. Mais, au lieu de se limiter aux jeux vidéo, il convient de les traiter comme de puissantes armes éducatives capables d’améliorer les capacités cognitives telles que la créativité, la concentration, l’attention ou les performances spatio-visuelles, parmi tant d’autres.
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Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
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