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Enseignants, le programme n'est pas la seule chose importante

6 minutes
Enseignants, le programme n'est pas la seule chose importante
Sergio De Dios González

Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González

Dernière mise à jour : 27 janvier, 2023

Nous avons probablement tous connu un enseignant qui est parvenu à se mettre à dos l’un de ses élèves, à discuter et même à annihiler toutes ses interventions. Une attitude qui laisse beaucoup à désirer et que certaines personnes appelleraient “se mettre au niveau de l’élève”. Il existe cependant d’autres types d’enseignants. Ceux qui entrent dans la classe et lisent le livre au programme sans expliquer quoi que ce soit, ou qui semblent être toujours pressés et ne cessent de dire “nous n’aurons pas le temps de tout voir”.

La dynamique est la même. Un enseignant, qui peut avoir de bonnes ou mauvaises relations avec les élèves, dont le seul but est de suivre le programme éducatif, l’ordre du jour, de se concentrer sur les notes que les élèves obtiennent (étant beaucoup mieux si elles sont bonnes) et de donner des quantités excessives de devoirs avec comme objectif que les élèves consolident leurs connaissances et apprennent. Ne manque-t-il pas quelque chose dans tout ça ?

“Dites-moi et je l’oublie, enseigne-moi et je m’en souviens, implique-moi et je l’apprends.”

-Anonyme-

Le programme n’est pas la seule chose importante

Ceux qui désirent suivre le programme, atteindre les objectifs ou voir le livre dans sa totalité, finissent par détruire la créativité des jeunes qui, loin d’apprendre, tentent d’intérioriser, comme ils le peuvent, toute la quantité d’informations qui leur est fournie. Le problème est que l’année suivante ils ne se souviendront de rien, ou de presque de rien.

Il s’agit de quelque chose dont beaucoup d’enseignants se plaignent. Cependant, peu se décident à vérifier si leur façon de procéder est correcte. L’importance des notes, le peu d’empathie qui est offerte à l’élève, en particulier à l’adolescent, et l’influence de l’enseignant sur ses derniers sont autant de sujets sur lesquels personne ne semble vouloir se pencher.

Some figure

Il semble que dès qu’ils entrent dans la salle de classe, certains enseignants oublient la partie humaine de ce processus. Notamment s’ils sont en contact avec l’âge délicat de l’adolescence. Il est pas surprenant que lorsque apparaît un cas de bullying ou de harcèlement, les enseignants s’en lavent les mains et proclament, surpris : “Nous avions rien remarqué !”. Quelque chose de totalement naturel, surtout lorsque les élèves leurs sont indifférents.

Cependant, bien qu’il existe un certain nombre d’enseignants qui ne sont pas capables d’inspirer et de transmettre à leurs élèves la passion qu’ils devraient ressentir pour leur travail, il en existe beaucoup d’autres qui y parviennent. Voici un fragment du témoignage que Carlos Arroyo, écrit dans le journal espagnol El País le 17 août 2013 :

“Le meilleur professeur de ma vie était Don Manuel Bello. Il était mon professeur de littérature en 5ème année de lycée […]. C’est lui qui déclencha en moi le goût et l’amour de la lecture. Dans un environnement presque suffocant et guère pédagogique comme l’était ce lycée à cette époque, où se trouvaient de nombreux pseudo enseignants, non de véritables enseignants…ce professeur parvint à me motiver à lire de façon naturelle.”

Un élève peut adorer les mathématiques et finir par les haïr ou les aimer selon l’enseignant qu’il lui est dévolu. Un autre, peut ne jamais devenir un écrivain, alors même que cela le passionne, parce qu’il a rencontré un professeur de littérature qui a critiqué ses écrits de façon négative. Les enseignants influencent l’estime d’eux-mêmes de leurs élèves.

Les enseignants peuvent générer des changements chez leurs élèves

Tout comme le choix d’un renforcement positif ou négatif influence le comportement des enfants à la maison, une chose similaire se produit en classe. Si un enseignant ne croit pas en ses étudiants et leur transmet se sentiment ; s’il n’est pas capable de les motiver, il est certain que la situation ne s’améliorera pas d’elle-même. Il ne servira alors à rien de se plaindre. Parce que l’enseignant possède un pouvoir qu’il ne veut pas utiliser ou qu’il ignore.

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Je peux affirmer cela en fonction de mon expérience personnelle. J’ai non seulement été une élève (chose que de nombreux enseignants oublient) mais j’ai également été une enseignante dans le secondaire. J’ai, de mes propres yeux, vu mon propre tuteur de stage se mettre à dos un élève et me dire les mots suivants à propos de ce dernier : “avec lui il n’y a rien à faire, il n’ouvre même pas son livre”.

Mon tuteur ne voyait que des adolescents rebelles, certains meilleurs que d’autres, mais la grande majorité distraits et “mauviettes”. Cette vision ne coïncidait pas du tout avec la mienne dans la mesure où, sans le savoir encore, je me focalisais davantage sur le fait que la plupart des élèves n’étaient pas sûrs d’eux, étaient démotivés, manquaient d’estime d’eux-mêmes et, sans même leur demander, je supposais qu’ils avaient des problèmes dans leurs foyers.

Fait intéressant, lorsque j’ai été en charge des cours pendant deux mois, ce même élève qui n’ouvrait jamais son livre, le fit. Je ne l’ai ignoré à aucun moment, et ne lui ai jamais mal parlé. Je ne lui ai non plus pas ordonné de faire quelque chose qu’il ne voulait pas, mais quelque chose c’est tout simplement produit.

Ma façon de diriger mes cours, la passion que je transmettais et qui faisait que les élèves voulaient même passer au tableau et parler devant les autres, a amené cet élève à prendre conscience du plaisir que prenaient ses camarades à étudier. Il ouvrit alors son livre, son cahier de motu propri et fit l’exercice que j’avais demandé : une rédaction.

Mon tuteur en est resté bouche bée. Il me dit que j’avais réalisé l’impossible. Je ne pensais toutefois qu’à cet élève dont j’ai pu vérifier à travers sa rédaction ce que je supposais presque avec certitude : il vivait dans une famille dysfonctionnelle. Je n’ai malheureusement pas pu continuer vu que mon stage prenaient fin. J’ai néanmoins réalisé que c’est l’enseignant qui génère un changement dans l’attitude de l’élève.

“Le professeur médiocre, dit. Le bon professeur, explique. Le professeur supérieur, démontre. Le grand professeur, inspire.”

-William A. Ward-

Mon tuteur me dit que permettre aux élèves de passer au tableau et de représenter certains exercices en groupe était positif. Mais, à long terme, cela ôtait beaucoup de temps pour l’application du programme scolaire. Je me suis toutefois demandé : et qu’est-ce qui est le plus important ? Que l’élève apprenne en s’amusant, en s’exprimant, en s’exposant face à ses camarades de classe et en faisant une activité didactique ou réprimer cela uniquement pour suivre un programme dont ils n’intérioriseront qu’une infime partie ?

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Nous avons besoin de changements dans les salles de classe. Bien que certaines écoles mettent déjà en œuvre la méthode Montessori ou d’autres, comme l’école de Barcelone Sadako, dans laquelle il nous ne trouvons aucun des bureaux individuels, où l’apprentissage collaboratif et l’éducation affective, sociale et philosophique est encouragée, la plupart des écoles se conforment toujours au modèle traditionnel. Un modèle qui ne fonctionne pas pour tout le monde. Parce que bien que le programme soit un élément important, il n’est pas tout.


Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.