Logo image
Logo image

Ecouter sans empathie: la déconnexion émotionnelle

5 minutes
L'écoute sans empathie peut avoir d'importantes conséquences négatives.
Ecouter sans empathie: la déconnexion émotionnelle
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Ecouter sans empathie, c’est comme regarder sans voir. C’est laisser notre visage dire oui alors que notre esprit est absent, déconnecté et émotionnellement éloigné de la personne à qui l’on parle. Peu de compétences sont aussi essentielles que la communication et l’écoute empathique pour construire des relations fortes et significatives. Elles impliquent de savoir se connecter avec les yeux, les sentiments et la volonté.

Il y a quelques mois, le psychologue de l’Université de Yale, Paul Bloom, spécialiste en sciences cognitives, a fait le tour du monde après des commentaires polémiques au sujet de l’empathie. Selon lui, cette dimension n’a presque rien de positif. Cependant, pour comprendre ce qu’il voulait dire à travers ces termes, il est nécessaire d’approfondir son message.

Selon le professeur Bloom, derrière cette dimension, on retrouve parfois un acte de fausseté sibylline. Une personne peut par exemple faire preuve d’empathie vis-à-vis de ce que lui explique son/sa conjoint-e mais ne pas être réellement intéressée. En d’autres termes, nous sommes tous capables, d’une certaine façon, de nous mettre à la place de quelqu’un d’autre et d’agir, après cela, avec une totale indifférence.

Par conséquent, nous pourrions conclure que l’empathie ne sert pas à grand-chose si aucune attitude proactive ne la suit. Une sensibilisation authentique et une attitude active envers la personne que nous avons en face de nous sont nécessaires. Qui plus est, comme nous le signale le professeur Bloom, certaines personnes ont parfois des comportements particuliers lorsqu’elles font preuve d’empathie. Or, elles n’agissent pas pour aider les autres mais pour se sentir bien avec elles-mêmes.

Tout cela nous invite donc à affiner un peu plus l’idée que nous avons de cette caractéristique. Il ne suffit pas d’être là, de ressentir les choses et de montrer que nous comprenons la réalité de l’autre. Il faut manifester ce sentiment et ce lien de façon active.

“Le cadeau le plus précieux que nous puissions faire aux autres est notre présence. Quand notre attention pleine étreint ceux que nous aimons, ils s’épanouissent comme des fleurs”.

-Thich Nhat Hanh-

Some figure

 

Ecouter sans empathie, un comportement tristement habituel

Ecouter sans empathie est plus habituel que nous ne pourrions le croire. Qui plus est, nous avons parfois tellement tendance à ritualiser nos interactions quotidiennes que nous ne percevons pas ce manque de connexion émotionnelle, celui que, sans le savoir, nous transmettons à la personne en face de nous.

Un exemple très caractéristique est celui de ces papas et de ces mamans qui répondent presque de manière automatisée lorsque leurs enfants leur expliquent quelque chose. Des phrases aussi banales que “oui, ce dessin est très beau” ou “c’est vrai? C’est très intéressant” quand ils vont les chercher à l’école ou lorsqu’ils sont occupés à faire autre chose alors que les enfants essayent de leur dire tout ce qu’ils ont fait.

Ces dynamiques ne veulent pas dire que nous n’aimons pas nos enfants, loin de là. Elles signifient seulement que nous n’avons parfois pas le temps d’être présents et que nous nous limitons à écouter sans empathie parce que la vie est un vrai chaos, parce que nos journées nous poussent à avoir l’esprit ailleurs.

Des réponses non empathiques qui entravent la connexion émotionnelle

Nous avons tous déjà eu cette sensation. Celle que nous ressentons quand nous parlons avec quelqu’un qui est absent, qui nous dit oui en hochant de la tête alors que ses pensées sont à des années-lumières de nous. Il est également habituel qu’un autre type de situation ait lieu, celle où on nous émet une réponse, un commentaire ou une réflexion qui, au lieu de nous aider, agissent comme des murs. Comme des clôtures qui bloquent toute connexion émotionnelle.

Les voici:

  • Réponse-conseil: voici ce que tu devrais faire…
  • Réponse personnelle emphatique: Tu exagères, ce n’est rien du tout!
  • Corrective: ce que tu dis est absolument faux…
  • Interrogative: pourquoi est-ce que tu dis/penses/fais cela?
  • Réponse-excuse: je sais que tu t’inquiètes mais je ne peux pas t’aider parce que…

Comme nous le voyons, avec ce type de réponses, nous nous rendons compte qu’il vaut parfois mieux que la personne ne dise rien. En plus de l’écoute sans empathie, nous rajoutons souvent un autre problème: l’émission de réponses qui brisent la compréhension empathique.

Some figure

 

Cultiver une empathie authentique et une attitude active

Nous pouvons tous être (et nous le serons sûrement) des personnes empathiques. Des études comme celle menée par le docteur Anthony David de l’Institut de Psychiatrie de DeCrespigny Park, à Londres, nous démontrent qu’il est possible de mesurer l’empathie et d’obtenir notre propre coefficient empathique.

Si nous le faisions, nous nous rendrions probablement compte d’une chose: nous possédons tous cette dimension. Or, nous échouons souvent dans l’une de ses dimensions clé: l’habileté sociale. En d’autres termes, nous sommes empathiques, mais nous n’utilisons pas efficacement cette compétence. Cela nous mène parfois à écouter sans empathie, à comprendre l’autre mais à répondre de manière inadéquate. L’autre personne a donc l’impression que nous ne la comprenons pas véritablement. Il est donc nécessaire de garder les clés suivantes à l’esprit.

Comment se servir efficacement de l’empathie

  • L’empathie requiert du temps. Nous devons apprendre à être présents, sans hâte et sans excuses.
  • L’attitude empathique s’appuie d’abord sur le regard. Nous avons besoin de regarder l’autre sans juger, en faisant preuve de proximité et d’affection.
  • Dans un second temps, nous devons savoir comment répondre. Les critiques, les jugements ou les “moi, à ta place, j’aurais…” n’aident jamais.
  • L’empathie a besoin, par-dessus tout, d’être proactive. Celui qui montre qu’il comprend mais ne fait rien trompe l’autre et échoue. Faire croire que nous sommes importants puis ensuite être indifférents laisse des traces et fait du mal.

Pour conclure, nous ne devons pas penser que nous sommes tous des experts en la matière. Nous avons toujours des choses à apprendre, à améliorer dans la pratique quotidienne de l’empathie. Commençons donc par nous-mêmes pour offrir ce que nous avons de mieux aux autres et prendre soin de nos relations. Car ce sont de véritables trésors.

 


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Shari M. Geller and Stephen W. Porges, “Therapeutic Presence: Neurophysiological Mechanisms Mediating Feeling Safe in Therapeutic Relationships” Journal of Psychotherapy Integration, 2014, Vol. 24, No. 3, 178–192.
  • Lawrence, EJ, Shaw, P., Baker, D., Baron-Cohen, S., y David, AS (2004). Medición de la empatía: fiabilidad y validez del cociente de empatía. Medicina psicológica , 34 (5), 911–919. https://doi.org/10.1017/S0033291703001624

 


Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.