Dévictimiser la victime, en ôtant du pouvoir à l'expérience traumatique
Rédigé et vérifié par Psychologue María Alejandra Castro Arbeláez
Les victimes d’une expérience traumatique connaissent ou ont connu une grande souffrance. Parfois, à travers nos attitudes, nous contribuons à leur revictimisation, ce qui crée une permanence de cette grande douleur. Il est donc important d’en prendre conscience et de les aider à reprendre des forces pour sortir de cette angoisse. Dévictimiser la victime aide à favoriser sa récupération.
Il s’agit plutôt d’emprunter un chemin vers la transformation, où l’expérience traumatique ne serait plus ce qui définit la victime. Il est possible d’y parvenir, même si c’est un sujet délicat. Nous allons, dans cet article, vous expliquer de quoi il s’agit et comment réussir à le faire. Nous vous parlerons aussi de la résilience, un puissant outil qui peut aider les victimes. N’hésitez pas à nous accompagner sur ce chemin.
Dévictimiser la victime : de quoi s’agit-il ?
Une victime est une personne qui souffre d’un mal à cause de quelqu’un d’autre ou d’une cause fortuite. Le mal peut être physique, psychologique, social et matériel. Ce qui est certain, c’est que, derrière lui, une ou plusieurs parcelles de la santé d’une personne sont touchés. Cette dernière peut être victime de divers faits, comme : une catastrophe naturelle, un viol, une agression psychologique à cause d’un conflit armé, entre autres.
Tous ces processus peuvent créer des victimes, des personnes qui, après une expérience douloureuse ou traumatique, devront apprendre à vivre avec un mal ou une douleur. Cette expérience sera associée à différentes pensées, émotions et comportements qui pourraient être nocives si elles se maintenaient dans le temps.
Quand nous parlons de l’importance de dévictimiser la victime, nous faisons référence au fait de réussir à ce qu’elle ne considère plus comme telle pour récupérer le contrôle de sa vie. La victime doit donc se doter d’éléments pour ne pas rester bloquée dans la victimisation. En d’autres termes, elle ne doit pas se positionner en tant que victime, profiter de sa situation ou l’exagérer. Les victimes construisent parfois toutes leurs histoires à partir de leur condition de victime, en cessant de se montrer et de se considérer comme quelqu’un qui se trouverait au-delà de cela.
Attention, nous ne sommes pas en train de dire que la victime veut continuer à l’être de manière consciente. Elle perpétue parfois cet état à cause d’une peur associée à ce qui lui est arrivé. Il est aussi possible que son entourage continue à la voir comme telle et souhaite la protéger.
La dévictimisation est un processus qui implique un modèle d’intervention adéquat pour que la victime parvienne à transcender sa condition. Pour y parvenir, on doit se concentrer sur le comment et le pourquoi. Par ailleurs, la victime peut le faire en effectuant un travail sur soi, avec ou sans soutien mais en se centrant surtout sur la responsabilité de se prendre en charge.
Comment dévictimiser la victime
Pour commencer, la victime doit vouloir emprunter ce chemin vers la dévictimisation. L’un des premiers pas consiste alors à reconnaître l’auto-victimisation. Ceci lui permettra de tout voir d’un autre point de vue et de commencer à agir. Voyons maintenant quelques formes :
- Reconnaître les émotions pour comprendre comment elles se manifestent et prendre le contrôle de manière progressive. Pour cela, il faut aussi naviguer à travers la connaissance de soi : cela aidera à savoir vers où nous allons et comment nous sommes
- Dire adieu aux masques : il faut trouver son véritable moi pour mettre en place une attitude qui va au-delà de la situation qui nous a transformés en victimes
- Détecter les pensées auto-destructrices pour y mettre un frein : c’est en faisant cela que nous sortirons de notre stagnation cognitive
- Mettre l’attitude passive de côté : ceci nous aide à agir. L’idée est d’avancer vers la prise de contrôle de notre vie
Nous pouvons aussi commencer à tout voir d’un autre point de vue. Un point de vue plus ouvert, qui nous permet de nous sauver, de nous montrer tels que nous sommes réellement et de tirer parti de tout ce dont nous pouvons offrir aux autres ou à nous-mêmes. Il s’agit de nous reconstruire.
Ce n’est pas un travail simple mais nous pouvons progresser, petit à petit. Pour cela, nous devrons prendre soin de notre monde affectif, social, physique et spirituel. Souvenons-nous que la santé est intégrale et que prendre le contrôle de nos vies signifie être responsables de nous-mêmes.
Le pouvoir de la résilience
La résilience peut se cultiver. À travers elle, nous pouvons faire apparaître le meilleur de nous-mêmes. Il s’agit de la capacité à surmonter des problèmes. Leur faire face. Elle est liée à tous les domaines de notre développement ; par conséquent, elle est aussi bien influencée par notre biologie que par l’environnement.
Pour renforcer la résilience, nous pouvons nous servir de différentes stratégies. Par exemple, à travers les récits et l’art, nous créons des ponts de communication qui nous permettent de montrer et de comprendre ce qui nous arrive. Nous pouvons aussi nous rendre à une psychothérapie de groupe ou individuelle. Ou avoir recours à la réalité augmentée, comme le suggère Ibeth Johana Acosta, spécialiste en psychologie juridique et médico-légale.
Lorsque nous bénéficions de cette capacité de résilience, nous sommes capables de voir les obstacles comme des apprentissages. Ainsi, nous nous déconnectons de cette position de victimes et commençons à construire de nouveaux récits qui apportent un autre sens à notre expérience.
Cyrulnik et ses collègues nous parlent en profondeur de ce sujet dans leur livre “La résilience : dévictimiser la victime”. Ils soulignent, entre autres points, qu’il y a une option psychologique pour la vie dans les processus de victimisation et nous invitent à transcender le regard psychopathologisant du sujet, aussi bien d’un point de vue professionnel que personnel.
En somme, la dévictimisation permet à la victime de mettre de côté ce qui la maintient dans cette position. Elle lui permet de mieux se retrouver avec les autres et avec elle-même.
Par ailleurs, la résilience peut être bénéfique pour la construction de nouveaux récits qui favorisent un monde avec un sens chargé d’apprentissages et de nouveaux panoramas. Ceci la dote d’un nouveau sens, un qui va bien au-delà de l’expérience traumatique. Une merveilleuse forme de transcendance.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
Acosta Rubiano, I.J. (2018). La resiliencia, una mirada hacia las víctimas del conflicto armado colombiano.
Cyrulnik, B., Manaciaux, M., Sánchez, E., Colmenares, M.E., Balegno, L., Olaya,, M.M., Cano, F. (2006). Centro Internacional de investigación Clínico-Psicológica (CEIC).
Fernández, A.A. (2017). Víctima y desvictimización. Tesis Doctoral, Universidad Católica San Antonio de Murcia.
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