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Des adolescents aux âmes blessées qui ont recours à l'automutilation, pourquoi le font-ils et comment pouvons-nous les aider ?

6 minutes
Actuellement, de nombreux cas d'automutilation sont rapportés au sein de la population adolescente. Qu'est-ce qui explique cette augmentation ? Comment pouvons-nous intervenir pour les aider ? C'est ce que nous allons découvrir au fil de la lecture.
Des adolescents aux âmes blessées qui ont recours à l'automutilation, pourquoi le font-ils et comment pouvons-nous les aider ?
Gorka Jiménez Pajares

Rédigé et vérifié par le psychologue Gorka Jiménez Pajares

Dernière mise à jour : 25 juin, 2023

Il y a de plus en plus d’adolescents qui, pour affronter les vicissitudes de la vie, ont recours à l’automutilation. En s’auto-infligeant des dommages physiques (par exemple, par de petites coupures), ils parviennent à atténuer la douleur psychologique qu’ils ressentent et, par conséquent, leur angoisse se réduit. L’automutilation pourrait être un comportement qui exerce un effet narcotique intense sur ces personnes.

Une automutilation est « une blessure causée volontairement par la personne elle-même ». C’est volontaire et le but est loin d’être suicidaire. Cette différenciation par rapport aux comportements suicidaires est très importante puisque l’objectif de l’automutilation n’est pas du tout de mettre fin à ses jours. Paradoxalement, ce que l’adolescent cherche en s’automutilant, c’est que « la vie lui fasse moins mal ».

« Les cicatrices que vous ne pouvez pas voir sont celles qui font le plus mal. »

-Michelle Hodkin-

L’automutilation : un canot de sauvetage dangereux

En raison du nombre croissant de cas de jeunes qui signalent des comportements d’automutilation, ce fait est considéré comme un problème mondial de santé publique (Zaragozano, 2017). Parmi les automutilations les plus courantes, on retrouve les coupures et les plaies cutanées, s’infliger des brûlures, s’arracher les cheveux, se griffer ou ingérer des substances toxiques.

Parfois, le comportement d’automutilation s’articule autour d’entités cliniques bien définies telles que la dépression, l’anorexie ou le trouble de la personnalité limite (TPL). Cependant, dans d’autres cas, les comportements d’automutilation surviennent sans cause clinique apparente. De plus, à mesure que l’adolescent grandit, ces comportements semblent augmenter. Ils sont également plus fréquents chez les femmes.

« Alors que les coupures cutanées prédominent chez les femmes, ce sont les brûlures auto-infligées qui sont majoritaires chez les hommes. »

-J. Fleta Zaragozano-

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Les automutilations fréquentes comprennent les coupures cutanées, les griffures et les brûlures.

Quelles sont les motivations derrière l’automutilation ?

Comme nous l’avons commenté au début de l’article, l’objectif de l’automutilation physique est de nature éminemment psychologique. En s’infligeant des blessures physiques, les adolescents expriment leur douleur psychologique. En ce sens, l’automutilation pourrait être configurée comme une « forme non verbale d’expression de la souffrance » (Zaragozano, 2017).

Jusqu’à 6 types de motivation ont été trouvés qui pourraient potentiellement expliquer pourquoi un sujet s’automutile. De manière pédagogique, nous allons les expliquer avec un cas clinique.
  • Pour rechercher un soutien social auprès de la famille ou des amis ; en définitive, quelqu’un qui est significatif pour l’adolescent. Par exemple, Andrea est une patiente de 21 ans qui, lorsqu’elle s’automutile, mentionne souvent que « si tu pars et me quitte, je vais me faire mal ».
  • Comme une forme de punition. Andrea verbalise que « je me coupe parce que je me dégoûte, je suis incapable de réaliser de bonnes choses dans cette vie, je ne mérite pas d’avoir la famille que j’ai. Ils se comportent si bien avec moi ! Et regardez comment je les remercie pour leur soutien. Je me coupe parce que je suis une mauvaise fille. » Comme nous pouvons le voir, les pensées d’Andrea sont extraordinairement dysfonctionnelles et causent de l’inconfort.
  • Dans le but de réduire la douleur psychologique. La patiente mentionne aussi souvent que « parfois, la seule façon d’arrêter de ressentir tant d’angoisse est de me faire du mal. De cette façon, je peux me concentrer sur la douleur de la coupure plutôt que sur l’angoisse. C’est une douleur plus tangible et réelle. »
  • Comme un comportement parasuicidaire. Il est à noter que ce comportement est loin de poursuivre l’objectif du suicide. Cela pourrait être décrit comme « un flirt avec un véritable comportement suicidaire ». Andrea verbalise que « je me coupe très près de la dernière cicatrice. À chaque fois j’essaie de faire en sorte qu’elle soit profonde, mais je n’ose pas ! Je suis incapable de mettre fin à mes jours. » Autrement dit, la personne a des raisons de continuer à vivre, malgré la douleur.
  • Parce qu’ils se sentent extrêmement « vides ». Cette émotion a été largement décrite dans le contexte du trouble borderline. L’automutilation serait une façon de « combler le vide » avec quelque chose, même si ce quelque chose est douloureux. Andrea mentionne lors d’une occasion que « parfois, je me sens si seule et vide que je me fais du mal. Cela me fait me sentir un peu plus vivante. Cela me fait ressentir autre chose que le vide. »

Importance d’une évaluation rigoureuse

Chaque automutilation est significative d’un point de vue clinique. En ce sens, les comportements d’automutilation doivent faire l’objet d’une attention posée et réfléchie, quelle que soit la motivation qui les sous-tend.

La frontière entre le comportement parasuicidaire et le suicide accompli est fine et, par conséquent, peut se terminer en tragédie. C’est pourquoi une évaluation rigoureuse du patient doit être effectuée afin de trouver l’intervention qui convient le mieux à ses caractéristiques.

« On dirait que je ne contrôle rien, mais je contrôle mon corps. »

-Karen Charpentier-

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Le soutien familial est essentiel pour résoudre les conflits et traiter les comportements d’automutilation.

Interventions efficaces

Il existe jusqu’à cinq types d’interventions qui se sont avérées efficaces pour traiter l’automutilation (et les entités cliniques qui l’accompagnent, le cas échéant). Il s’agit des propositions suivantes (Zaragozano, 2017) :

  • Les interventions basées sur la résolution de problèmes cherchent à résoudre un déficit que les adolescents ont souvent : la résolution efficace des conflits. Pour ce faire, on forme l’adolescent pour identifier et caractériser les problèmes, générer des solutions, mettre en œuvre lesdites solutions et évaluer leur impact.
  • La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est une intervention très efficace dans ce contexte. Son objectif est de modifier la manière dont les adolescents perçoivent les événements vitaux, afin que les interprétations qu’ils en font soient plus saines et deviennent des moteurs de bien-être.
  • La formation en habiletés sociales vise à changer la façon dont l’adolescent se rapporte à son entourage. L’objectif est de communiquer de manière efficace et affirmée et non par l’automutilation.
  • La thérapie familiale peut potentiellement être une intervention avec des avantages extraordinaires. Son objectif est de faciliter les solutions aux conflits qui surviennent et ont un impact au sein des interactions familiales, grâce à une meilleure communication.

En cas d’automutilation dans l’entourage, il convient d’aider sans être trop intrusif

Nous tenons à souligner que, au cas où le lecteur aurait observé une automutilation chez un membre de la famille ou un ami, il convient de faire preuve de tact lors de la communication avec la personne. Il est important de lui faire voir que « vous êtes disponible » si elle en a besoin (mais sans être excessivement intrusif, car cela pourrait augmenter le niveau d’angoisse).

En ce sens, une bonne recommandation serait que la personne qui s’automutile contacte son professionnel de confiance qui pourrait l’aider.

« Au secours, je l’ai refait. Je me suis trouvée dans cette situation à plusieurs reprises par le passé. Aujourd’hui, je me suis encore fait mal. Et le pire, c’est qu’il n’y a personne d’autre à blâmer. »

-Sia Furler-


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Zaragozano, J. F. (2017). Autolesiones en la adolescencia: una conducta emergente. Boletín de la sociedad de pediatría de Aragón, La Rioja y Soria, 47(2), 37-45.
  • Mollà, L., Batlle Vila, S., Treen, D., López, J., Sanz, N., Martín, L. M., … & Bulbena Vilarrasa, A. (2015). Autolesiones no suicidas en adolescentes: revisión de los tratamientos psicológicos. Revista de psicopatología y psicología clínica, 20(1), 51-61.
  • Suárez, L. F. G., Hurtado, I. C. V., & Betancurt, L. N. (2016). Revisión de la literatura sobre el papel del afrontamiento en las autolesiones no suicidas en adolescentes. Cuadernos Hispanoamericanos de Psicología, 16(1), 41-56.
  • Sánchez, T. S. (2018). Autolesiones en la adolescencia: significados, perspectivas y prospección para su abordaje terapéutico. Revista de psicoterapia, 29(110), 185-209.
  • Flores, R. E. U., Hernández, C. C., Navarrete, K. P., & Figueroa, G. V. (2013). Frecuencia de autolesiones y características clínicas asociadas en adolescentes que acudieron a un hospital psiquiátrico infantil. Salud mental, 36(5), 417-420.
  • Autolesiones ¿por qué se hacen? Acceso 20 de enero de 2017. Disponible en http://www.omicrono.com/2013/10/ autolesiones-porque-lo-hacen-todo-lo-que-necesitas-saber- y-como-enfrentarte-a-ellas-trigger/

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