Connaissez-vous l'évolution culturelle ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Nous avons tous entendu parler de l’évolution. Ce terme nous amènera certainement à penser à Charles Darwin. Il en est ainsi parce que Darwin a proposé une théorie révolutionnaire dans son livre L’origine des espèces. Sa proposition était qu’il existait une évolution biologique à travers la sélection naturelle. Les plus adaptés pour survivre évoluaient. Il ne s’agit cependant pas du seul type d’évolution existante. Les humains changent également en raison de l’évolution culturelle.
Les humains sont la seule espèce disposant de culture. Ceci nous rend spécial. Nous allons créer et transmettre de la culture. Mais, qu’est-ce que la culture ? La culture peut être définie comme le développement des habitudes, des coutumes, des religions, des valeurs, de l’organisation sociale, de la technologie, du droit, des langues, des dispositifs, des outils, des transports, qui se développent par l’accumulation et la transmission des connaissances en vue d’une meilleure adaptation à l’environnement. L’évolution culturelle, d’autre part, est la transformation dans le temps des éléments culturels d’une société, lesquels modifient également les individus.
Adaptation culturelle
La culture est devenue une stratégie de survie. La capacité de transmettre des connaissances et des compétences a été développée avec elle, ce qui a rendu possible l’émergence d’une technologie plus raffinée. Le processus évolutif s’est accéléré grâce à l’évolution culturelle. L’évolution culturelle nécessite toutefois deux compétences pour pouvoir se développer. Il s’agit de l’apprentissage social et la théorie de l’esprit.
Bien que certains animaux semblent disposer de traditions culturelles, ces dernières n’évoluent pas ou ne s’améliorent pas avec le temps. Cela ne pourrait se produire que si ces animaux acquerraient la théorie de l’esprit et l’apprentissage social. Les sociétés humaines, en revanche, se développent et évoluent progressivement à travers l’adaptation culturelle cumulative. Au fur et à mesure que les personnes s’imitent les unes les autres, choisissent et modifient les technologies existantes tout en stockant leurs connaissances et leurs compétences. Le résultat de tous ces processus est une culture variée et complexe.
Théorie de l’esprit et apprentissage social
La théorie de l’esprit est la capacité d’attribuer des pensées et des intentions à d’autres personnes. Cette capacité est acquise aux alentours de 6 ans et est commune aux humains. La théorie de l’esprit nous permet de savoir que les autres pensent également et, par conséquent, qu’elles possèdent aussi des intentions. C’est ce qui nous facilite le fait d’avoir des croyances communes et nous permet de développer la culture.
Par ailleurs, les humains transmettent la culture. Lorsque nous parlons de notre religion à quelqu’un et que nous lui montrons les rites sacrés, nous transmettons notre culture. Grâce à l’apprentissage social, nous imitons et apprenons de ce que nous voyons. Carl Sagan a par exemple raconté que les crabes au Japon avaient la forme d’un masque de samouraï. Ceci était dû au fait que pendant des générations les crabes qui avaient cette forme n’étaient pas pêchés. Une culture qui adorait les samouraïs a permis que, grâce à l’apprentissage social, les personnes laissent ces crabes libres et pèchent les autres.
Théories du changement culturel
Les théories qui tentent de prédire l’évolution culturelle introduisent une classification qui vient de Karl Marx. Cette classification divise les différents aspects de la culture en trois parties : l’infrastructure, la structure et la superstructure. Dès lors, tous les aspects de la culture sont classés dans chacun de ces trois niveaux .
L’infrastructure comprend les aspects les plus matériels ou liés à la technologie, aux moyens de production et aux ressources naturelles ou humaines que la société utilise dans son activité économique et sociale. Les changements d’infrastructure sont difficiles à prévoir. Ils dépendent des progrès technologiques, du développement économique et des changements dans l’économie. Les changements dans les autres niveaux affecteront l’infrastructure.
Dans la structure se trouvent l’organisation des tâches et des fonctions sociales. À ce niveau, nous avons également le système hiérarchique et le pouvoir, en plus des règles qui régissent les relations entre les individus. Les changements à ce niveau ont un impact important sur l’infrastructure et vice versa. Par exemple, l’intégration massive des femmes occidentales sur le marché du travail eu égard à l’apparition d’un nombre élevé d’emplois dans le secteur des services. Ce changement d’infrastructure a provoqué des changements dans les relations sociales.
La superstructure englobe les aspects immatériels et idéaux. Certains d’entre eux sont les croyances religieuses, les valeurs morales et la “haute culture”, telle que la peinture, l’architecture, la musique, la littérature ou le cinéma. Les changements à ce niveau ont tendance à se réaliser sur les valeurs et les croyances. Lorsque ces dernières changent, elles le font habituellement pour justifier l’ordre social dominant. Par exemple, l’intégration des femmes sur le marché du travail a été associée à une augmentation du prestige des femmes salariées travaillant à l’extérieur du foyer et contribuant au revenu du ménage.
Exemple d’évolution culturelle
Selon ces théories, les cultures sont adaptatives. Les cultures essaient de s’adapter au contexte dans lequel elles vivent. Selon le matérialisme culturel, approche de recherche créée par Marvin Harris, les changements d’infrastructure, plus précisément le mode de production ou la technologie, sont ce qui fait apparaître de nouveaux facteurs culturels changeant la structure et la superstructure. Malgré cela, les trois niveaux restent étroitement liés et les changements dans l’un d’entre eux peuvent affecter les autres niveaux, quoique d’une manière plus subtile.
L’un des changements culturels interprétés à partir de l’évolution culturelle est celui qui se réfère à l’abandon du cannibalisme. Le cannibalisme, pratique culturelle, est apparu dans certaines sociétés comme un sous-produit de la pratique de la guerre. Mais, avec le développement des États et des empires, l’objectif de la guerre cessa d’être la destruction de l’ennemi. Les prisonniers de guerre pouvaient contribuer à l’expansion de l’État, de sorte que le cannibalisme disparu. Les changements dans l’infrastructure, le passage de la tribu à l’état, font que la structure changea et abandonna le cannibalisme.
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