Comment vit une personne souffrant de trouble obsessionnel compulsif ?
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Avez-vous déjà songé à ce en quoi consiste le fait de vivre en étant obsédé par l’ordre, la propreté ou certaines règles ? Cela vous arrive-t-il ? Nous parlons ici de trouble obsessionnel compulsif. Un désordre à deux visages : dans l’un se trouvent des obsessions qui envahissent l’esprit de l’individu et qui sont vécues comme quelque chose de très négatif, et dans l’autre se développent des compulsions (visibles ou cachées) destinées à réduire le mal-être généré par l’obsession.
Le cercle qui apparaît entre “l’obsession apparaît – la compulsion est mise en oeuvre” est ce qui définit la vie d’une personne souffrant de trouble obsessionnel compulsif. Il s’agit de personnes qui vivent avec un haut degré de souffrance et d’anxiété, qui se sentent peu comprises et passent aussi beaucoup de temps au quotidien à conjurer des obsessions à travers des rituels compulsifs. Nous expliquerons dans cet article comment vit une personne avec un trouble obsessionnel compulsif, et quelles pensées, émotions et peurs elle possède.
Le cercle qui apparaît entre “l’obsession apparaît – la compulsion est mise en oeuvre” est ce qui définit la vie d’une personne souffrant de trouble obsessionnel compulsif.
L’anxiété est la protagoniste du trouble obsessionnel compulsif
Une personne ayant un trouble obsessionnel compulsif vit avec anxiété, avec beaucoup d’anxiété. Cette émotion est en quelque sorte comme son ombre. Pourquoi ? Parce que le trouble obsessionnel compulsif est un problème basé sur l’anxiété, ce qui signifie que c’est l’anxiété, et la nécessité de l’éviter, qui en fin de compte motive la plupart des comportements. Lorsque l’obsession émerge, l’anxiété commence à augmenter, et si le rituel compulsif n’est pas réalisé, l’anxiété grandit et se développe, ce qui engendre la peur en alternance avec l’émotion principale.
Par exemple, une personne qui est obsédée par le nettoyage (se laver les mains) ne ressentira pratiquement pas d’anxiété si elle dispose de la possibilité de “se laver les mains”. Mais, qui dispose de suffisamment de temps pour passer la journée sous le robinet ? Quelle peau endurerait d’être en contact avec du savon toute la journée ?
D’autre part, imaginons que cette personne utilise un moyen de transport public, comme le métro, appuie sur le bouton pour ouvrir la porte pour entrer dans la voiture et commence à réfléchir à la quantité de germes que ses doigts ont en ce moment (pour avoir touché la porte). Dans ce cas, dans la mesure où elle se trouve dans un endroit où elle ne peut pas exécuter sa compulsion (se laver les mains), elle ressentira beaucoup d’anxiété, laquelle augmentera à chaque minute qui passe sans pouvoir exécuter sa compulsion.
Nous pouvons dès lors imaginer qu’une personne ayant un trouble obsessionnel compulsif dispose d’une capacité très limitée à vivre une routine normale. L’obsessionnel compulsif évitera les situations qui l’empêchent de réaliser sa compulsion ou l’exposent à son obsession (dans ce cas : un endroit très sale). Le résultat de tout ceci est de posséder une vie qui se limite à la maison, à de courtes distances, de petits groupes d’amis et peu ou pas d’activités sociales.
La peur de nos propres pensées : l’esprit en tant qu’ennemi incontrôlable
Les personnes atteintes de trouble obsessionnel compulsif ont peur de ce que pense leur propre esprit, elles ont fusionné avec leurs pensées et ont l’illusion que penser à quelque chose augmente la probabilité que cela se produise. En outre, une personne souffrant de trouble obsessionnel compulsif crée des règles ou des normes concernant ce à quoi penser et ce à quoi ne pas penser, et estime que si elle ne s’y conforme pas, quelque chose de terrible se produira. Par conséquent, dans de telles hypothèses, l’émotion de base est la peur, et la stratégie éronnée qui perpétue et maintient cette peur au fil du temps est le rituel compulsif.
En d’autres termes, avoir un contrôle absolu de nos pensées est une tâche impossible, essayer de ne pas penser à “un éléphant rose” n’a pour d’autre résultat que de nous faire penser à cet éléphant. La règle du fonctionnement psychologique humain est la suivante : plus nous évitons quelque chose, plus nous l’aurons. Une personne ayant un trouble obsessionnel compulsif dispose des mêmes pensées que les autres, la différence résulte du fait que ces dernières essaient de les affronter de manière frontale, les faisant ainsi se maintenir.
La règle du fonctionnement psychologique humain est la suivante : plus nous évitons quelque chose, plus nous l’aurons.
Si nous avons conscience de tout cela, nous pouvons comprendre que les personnes obsessionnelles compulsives vivent en fonction de ce que leur “dit” leur esprit, essayent de contrôler leurs pensées avec des stratégies inappropriées et, dans la mesure où elles n’y parviennent pas, leur anxiété augmente, se transforme en peur et il semble que seul le rituel compulsif les ramène dans leur zone de confort. Elles vivent dès lors emprisonnées dans leur esprit, évitent de vérifier à travers leur expérience que “rien ne se passe” si elles ne pratiquent pas le rituel, et doivent vivre au jour le jour en essayant de contrôler l’incontrôlable.
En fin de compte, si vous connaissez quelqu’un qui présente ce trouble, il est très important que vous n’essayez pas de rationaliser avec lui ses obsessions et ses rituels. En effet, ces personnes savent toujours qu’il existe de nombreuses possibilités que ce qu’elles anticipent et craignent tant ne se produise pas. En d’autres termes, il ne s’agit pas de personnes avec un trouble psychotique et leur rapport avec la réalité est correct, elles savent qu’elles exagèrent leur capacité à contrôler les événements, mais l’anxiété et la peur qu’elles ressentent est très puissante. Et ces deux émotions les amènent à se maintenir dans ce cercle vicieux dont elles ne peuvent s’échapper.
Si vous connaissez quelqu’un d’obsessionnel compulsif, la meilleure chose que vous puissiez faire est de l’inciter à consulter un psychologue spécialisé dans les troubles obsessionnels et anxieux. Vous pouvez l’aider à en chercher un et même, s’il existe suffisamment de confiance, vous pouvez l’accompagner à la première session. Rappelez-vous : le trouble obsessionnel compulsif peut être très handicapant, mais il est également vrai qu’il existe des stratégies thérapeutiques efficaces pour réduire son impact négatif sur la vie quotidienne de la personne qui en souffre.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.