Art et réalité post-conflit : transformer les réalités
Rédigé et vérifié par Psychologue María Alejandra Castro Arbeláez
Lorsque nous grandissant en étant témoin de la souffrance dans un environnement de violence, il est difficile de tirer des forces pour maintenir le rythme vital, même une fois que la situation de violence ait cessé. Cependant, il existe un moyen de transformer ces réalités si écrasantes : le secret est dans le lien entre l’art et la réalité post-conflit.
Lorsque nous parlons de réalité post-conflit, nous faisons référence à tous les événements qui suivent la disparition d’un conflit avec les accords de paix. Maintenant, quel est le lien entre l’art et la réalité post-conflit ? Pourquoi ce lien transforme-t-il les réalités ?
“Commencer mal dans la vie ne signifie pas que vous devez être misérable.”
-Boris Cyrulnik-
Le lien entre l’art et la réalité post-conflit
L’art et la réalité post-conflit sont liés de différentes manières. Voyons quelques ponts :
- Ces deux éléments permettent de parler des phénomènes. La réalité post-conflit permet de raconter des histoires à travers l’accompagnement des victimes. Cette réalité va de paire avec la génération de ressources, le renforcement des institutions et les processus sociaux de pardon. L’art raconte des histoires à travers des processus créatifs.
- Ils nous permettent de partager des histoires. La réalité post-conflit montre la réalité de la violence passée. Les questions collectives peuvent aussi être représentées dans l’art par la création.
- Ils touchent les aspects les plus profonds de l’être humain. Ils affectent les émotions, les pensées et le comportement. Dans la réalité post-conflit, grâce aux expériences traumatisantes qui sont évoquées. Dans l’art, en raison des processus inconscients qui surviennent dans la création.
- Ce sont deux moyens de transformer les angoisses. Dans la réalité post-conflit, grâce à la recomposition, c’est-à-dire via des activités qui conduisent à préserver la paix et à reconstruire ce qui a été perdu. Avec l’art, nous pouvons transformer la douleur en remodelant la situation traumatisante.
L’art, un élément transformateur
L’art peut être un élément transformateur des réalités, car c’est une forme de langage. Il permet en effet de nous exprimer.
Après une expérience traumatisante, il est très difficile de mettre des mots sur ce qui nous est arrivé et même de pouvoir le reconnaître et de l’exprimer. Dans ces cas, l’art pourrait fonctionner comme un véhicule, c’est-à-dire comme le moyen par lequel nous pouvons nous exprimer.
Pourquoi cela fonctionne-t-il ? Parce que le traumatisme peut être difficile d’accès pour notre conscience, nous pouvons même ressentir une mer d’émotions et de pensées que nous ne savons pas gérer. A travers l’art, nous pouvons commencer à transmettre notre ressenti, et à l’aide d’images, nous pouvons progressivement construire ce qui a été brisé.
L’art est donc un outil pouvant s’avérer utile dans une réalité post-conflit. En voici les raisons :
- Il aide à construire un langage collectif.
- Les processus créatifs collectifs favorisent le sentiment d’identité, l’empathie et même la motivation.
- Il protège de l’isolement, car grâce à l’art, la personne peut se connecter avec elle-même et avec les autres.
- C’est une façon de réaliser le traumatisme et de chercher du soutien, soit en se sentant contenu dans l’art, soit par d’autres formes comme la psychothérapie.
L’art est un transformateur de réalités, car c’est un moyen d’arrêter d’être prisonnier du passé tout en maintenant la souffrance. Il nous motive à apprendre une nouvelle façon de vivre avec ce qui s’est passé. C’est donc une sorte de pont qui nous aide à transformer ce qui nous submerge tant en quelque chose de plus sain pour notre esprit.
Après avoir traversé une période de violence, la vie est loin de sembler facile.L’art peut être le moyen d’intégrer dans notre histoire ce qui nous a fait tant de mal.
Cependant, le processus ne peut fonctionner que si la volonté est présente. D’autre part, il faut souligner qu’il existe des groupes et des stratégies politiques, sociales et éducatives qui étudient chaque processus post-conflit, afin que l’intervention soit la plus juste possible, puisque chaque conflit a sa spécificité.
Art, résilience et réalité post-conflit
L’art nous conduisant à transformer des réalités traumatisantes, il peut aussi être un facteur de résilience. Boris Cyrulnik, neurologue, psychiatre et psychanalyste français expert en processus d’art, de conflit et de résilience, nous en parle.
Cyrulnik explique que les processus post-conflit invitent à développer la résilience et que l’art est un outil utile pour développer cette capacité. Dans sa conférence sur la résilience et l’art, il montre comment, en Colombie, après plus de 50 ans de guerre, l’art peut être un élément précieux pour cultiver cette capacité à surmonter l’adversité.
Il existe d’innombrables façons de faire germer la résilience à travers l’art. Le cinéma, l’opéra, la littérature, la photographie, la peinture ou encore la musique sont seulement quelques exemples.
De plus, Cyrulnik considère la psychothérapie comme une autre forme d’art, car elle aussi peut aider à transformer un traumatisme. Ceux qui s’y consacrent, transforment l’anxiété en un langage que la personne qui a vécu l’expérience traumatisante peut comprendre.
L’art est transformateur si nous l’utilisons correctement. Il permet de développer la résilience individuelle et collective chez les personnes qui ont subi un traumatisme après la guerre. Ce n’est pas la seule alternative, mais celle qui, à partir de l’expression, ouvre la voie aux personnes souffrant de douleurs intenses. Il s’agit d’une forme de libération du passé.
Libérons la douleur et l’angoisse. Et ayons recours à l’art pour nous transformer et être des instruments de paix pour nous et notre communauté.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Gómez-Restropo, C. (2003). El posconflicto en Colombia: desafío para la psiquiatría. Revista colombiana de psiquiatría, 32 (2) 130-132.
- Lara, L., & Cyrulnik, B. (2009). Vencer el trauma por el arte. Cuadernos de pedagogía, (393), 42-47.
- Cyrulnik, B. (2001). La maravilla del dolor: el sentido de la resiliencia.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.