Anarchie relationnelle : des liens sans hiérarchies ou étiquettes
Rédigé et vérifié par Psychologue et journaliste Sara Clemente
L’anarchie relationnelle est un courant de pensée qui défend la création et le maintien de liens sans étiquettes ou hiérarchies préétablies. Cette forme d’anarchisme cherche à détacher les relations intimes des idées, engagements ou traditions conventionnelles. Son plus grand objectif est de se libérer de ce qui a été dicté ou créé par la société.
Ce point de vue prétend établir des relations en-dehors des catégories établies et basées uniquement sur l’accord mutuel de ses membres. Les anarchistes relationnels suivent un style de vie éloigné de tout type de norme ou de doctrine imposée. Mais est-ce réellement viable ? Comment ces personnes considèrent-elles l’amour et les relations ?
Les relations de l’anarchie relationnelle
Les partisans de cette pensée ne font pas de différence entre les relations de couple et les autres. Au lieu de les étiqueter, ils préfèrent inscrire tous leurs liens intimes dans le champ d’un “accord mutuel”.
Ils considèrent que le pilier fondamental de toutes leurs relations doit être la confiance. Ils ne peuvent maintenir des relations libres et sans attaches que s’ils sont certains que les personnes qui les entourent n’ont pas l’intention de leur faire du mal. La relation ne pourra être satisfaisante que si ce climat d’intimité et de liberté est mis en place. Et, au contraire, si cette dernière est pleine de suspicion, de méfiance et de doute, elle deviendra une véritable torture.
La communication est donc le principal véhicule pour que ce lien soit adéquat. Actuellement, nous avons tendance à parler de nos sentiments quand nous avons un problème. Or, ceux qui pratiquent l’anarchie relationnelle cherchent à se parler constamment pour augmenter ce degré de confiance par rapport à l’autre personne.
Amour illimité et sans étiquettes
L’anarchiste relationnel considère que l’amour est infini. Par conséquent, il ne se concentre pas que sur une seule personne et ne se limite pas à une seule forme d’amour.
Chacun est susceptible d’en faire preuve autant de fois qu’il le veut, sans que cela nuise à la moindre personne. L’anarchiste se base sur l’idée d’apprécier chacun de ses liens de manière indépendante, sans comparaisons ni classements entre eux. Il leur est impossible d’utiliser des phrases préétablies comme “amis-amants”, “seulement amis” ou “nous sommes dans une relation libre“.
“L’amour est abondant et chaque relation est unique.”
-Andi Nordgren-
Un engagement basé sur un accord mutuel
L’anarchie relationnelle ne défend pas la suppression de l’engagement. Bien au contraire. Elle y est favorable, mais seulement quand les membres du couple créent eux-mêmes un accord mutuel. À travers ce pacte, les deux personnes établissent le niveau et le type d’engagement qu’ils vont suivre, selon les sentiments qu’ils ressentent l’un pour l’autre.
Cet accord doit se créer à partir d’une carte de valeurs, en prenant toujours en compte la naturalité, le consensus, la communication et le désir sincère d’aimer l’autre personne. C’est pour cela qu’il n’y a aucune place pour les attaches, les hiérarchies ou les normes imposées par l’extérieur. Les influences ou les conditions sociales ne sont pas admises. Les liens doivent apparaître de façon naturelle et spontanée.
Rompre avec ce qui a été établi par la société
L’anarchie relationnelle considère que la société d’aujourd’hui impose une façon d’aimer. À travers des lois, des droits et des obligations, elle dicte quoi faire et indique quel comportement doivent adopter les citoyens à chaque instant. Ce courant supprime l’idée selon laquelle dans une relation, chacun des membres a un droit sur l’autre.
Par exemple, si l’un d’eux décide de sortir avec ses amis et rentre tard, il est impensable que l’autre exige des explications ou implore un “j’ai le droit de savoir où tu as passé la nuit”. Le respect et l’indépendance sont intouchables.
Par ailleurs, l’anarchie relationnelle critique le fait que la société indique que la norme est établie par l’hétérosexualité. C’est pour cela que face à ces impositions, elle propose d’aimer n’importe quelle personne, indépendamment de son sexe, de son genre, de sa culture ou de ses croyances.
Anarchie relationnelle ou polyamour ?
Ces deux courants ou pratiques relationnelles peuvent être confondus, étant donné qu’ils défendent tous deux un maintien de liens avec plusieurs personnes, aussi bien au niveau affectif qu’au niveau sexuel. Or, même si leur différence est subtile, l’anarchie relationnelle et le polyamour sont différents.
L’anarchisme relationnel ne catégorise pas, ne catalogue pas et ne classifie pas. Chaque relation est considérée comme unique, irrépétible et indépendante des autres. Dans ce cas, l’amour n’a pas besoin d’étiquettes pour être exprimé ou ressenti.
C’est le contraire pour le polyamour. En fait, l’une de ses formes les plus communes est précisément de cataloguer l’une des relations maintenue comme primaire (normalement, le mariage). En ce qui concerne les autres relations, elles sont hiérarchisées en tant que secondaires.
Un point de référence contre la monogamie
L’anarchie relationnelle est considérée comme un style de vie par ceux qui la pratiquent. Ils se définissent eux-mêmes comme libres en amour et libérés des structures et conditions imposées par la société et la culture. Ils utilisent leur imagination pour créer leur propre idéal de relations. Ils les conçoivent et les disposent à leur guise.
Ainsi, Andi Nordgren a rédigé un manifeste pour reprendre les bases ou les principes de ce courant. Actuellement, cette pensée est considérée comme une référence dans l’activisme relationnel pour lutter contre l’hégémonie traditionnelle du modèle de couple monogame.
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