"American Horror Story: Cult" : une saison basée sur les phobies et la manipulation
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Pour ceux qui ne connaissent pas, American Horror Story est une série américaine créée par Ryan Murphy et Brad Falchuk. Il ne s’agit pas d’une série commune, mais d’une série où chaque saison présente une histoire différente, est indépendante des autres et a son propre dénouement.
Cependant, il est certain que la distribution n’est généralement pas très variée, surtout jusqu’à la cinquième saison. Les acteurs sont plus ou moins les mêmes et jouent des rôles différents d’une saison à l’autre.
C’est une série qui laisse une certaine liberté au spectateur : il peut choisir dans quel ordre voir les saisons et, même, en sauter une si elle ne l’intéresse pas. Quoi qu’il en soit, pour ses fans les plus fidèles, il est intéressant de voir cette série en entier et de la suivre année après année pour découvrir de petites connexion entre certaines saisons.
American Horror Story, entre la réalité et la fiction
Comme son nom l’indique, American Horror Story raconte des histoires réelles et fictives de la culture populaire nord-américaine et, bien sûr, il s’agit d’histoires regorgeant de terreur. Nous y voyons de nombreuses références culturelles et historiques telles que :
- Le cinéma, via la quatrième saison qui s’intitule Freak Show, en référence au film Freaks (ou La Monstrueuse Parade) (1932).
- Le folklore populaire américain, au travers de personnages comme Piggy Man, qui apparaît dans Murder House et Roanoke.
- De vieilles légendes, telles que l’ancienne colonie perdue de Roanoke.
- Des crimes aussi connus que celui du Dahlia noir, qui n’est toujours pas résolu aujourd’hui et qui a inspiré de nombreuses séries ainsi que de nombreux films.
- La personnification d’assassins en série, tels qu’Aileen Wournos, John Wayne Gacy ou l’Assassin du Zodiaque.
Cette année, nous avons assisté à une saison très différente, avec une distribution très différente elle aussi, même si deux vétérans restent présents : Evan Peters et Sarah Paulson.
American Horror Story: Cult
AHS nous a habitués à des évènements surnaturels, à des âmes qui ont soif de vengeance, à des maisons hantées… Mais cette septième saison n’a rien de paranormal, et il reste clair que la soeur Jude (Jessica Lange dans Asylum) ne s’est pas trompée lorsque qu’elle a dit cette célèbre phrase : “tous les monstres sont humains”.
Dans cette saison, nous assistons à la dégradation de l’humanité, à son côté le plus terrifiant. Tout commence dans une atmosphère complexe, le jour des élections où Trump est sorti vainqueur et est devenu le président des Etats-Unis. Et la politique sera, précisément, une des clés de la saison.
Déjà dans le premier épisode, on nous avertit que cette saison est différente. C’est la deuxième fois dans toute la série que la syntonie change (la première fois, c’était dans Freak Show, saison où le paranormal n’est pas très important non plus). Ce premier épisode est vraiment particulier, nous y voyons des allusions à la trypophobie, aux clowns et aux masques d’Hilary Clinton et Donald Trump.
Les dangers des peurs et de la manipulation
Il s’agit d’une saison polémique, qui compte beaucoup de détracteurs ; cependant, elle fait aussi partie de celles qui poussent le plus à réfléchir, où l’accent est mis la manipulation médiatique. De plus, nous pouvons également remarquer qu’un effort a été fait pour montrer comment notre société ressemble à un cirque de clowns.
Nos peurs et nos phobies, parfois, deviennent notre pire ennemi, ce que l’on voit clairement dans le personnage de Ally (Sarah Paulson). La série commence par se centrer sur ses phobies (trypophobie et coulrophobie) et sur comment elles affectent sa vie quotidienne, sa femme et son fils. Mais dans American Horror Story, il ne faut pas se fier aux apparences, et comme toujours, les choses peuvent prendre une autre tournure et un rythme totalement inattendu.
Le personnage de Kai Anderson (Evan Peters) est le centre de l’action. Au départ, on le voit comme un jeune très intelligent, très manipulateur et ayant des idées politiques très radicales qui le mèneront à créer une sorte de secte ou de culte. Peu à peu, nous découvrirons comment ce personnage se sert des peurs et des insécurités des autres pour atteindre ses objectifs.
“Quand on craint une personne, c’est parce qu’on a concédé à cette dernière du pouvoir sur nous.”
-Hermann Hesse-
Nous assistons à une incroyable évolution des personnages : tous présentent de nombreux changements à mesure que la série avance, mais ceux qui ressortent tout particulièrement sont Kai et Ally. Alors que l’un retrouve la raison, il semble que l’autre la perd : quand l’un est vulnérable, l’autre est fort…
AHS: Cult nous présente le danger des sectes et l’influence de ses leaders, dessinant très bien la personnalité de ces derniers et nous montrant comment les personnes les plus insécures et les plus vulnérables sont leurs victimes de prédilection.
Les membres de la secte ne sont pas appelés par leurs véritables noms, mais par des surnoms. Ainsi, Kai dépouille ses fidèles de leur propre identité.
Tout peut donner un tournant inespéré aux choses et chaque personne, à un moment donné, pour quelque circonstance que ce soit, peut être plus vulnérable et se retrouver dans une situation de manipulation de laquelle il résulte très difficile de sortir.
Construire un leader
Tout cet environnement de culte se voit profondément renforcé par les constantes allusions à d’autres célèbres leaders de sectes, certains promoteurs des suicides collectifs les plus nombreux de l’histoire tels que Jim John et son “drinking the Kool-Aid”, Marshall Applewhte et sa sacte Heaven’s gate ou David Koresh, leaders des “Davidiens”.
Parmi eux ressort Charles Manson, connu pour sa secte “La Famille” et pour avoir organisé un des assassinats les plus célèbres de l’histoire : nous faisons ici référence à l’assassinat de Sharon Tate, épouse du réalisateur Roman Polanski qui, de plus, était enceinte. Cet assassinat est recréé dans la série, et coupe le souffle au spectateur.
Kai sera le narrateur des histoires de ces leaders célèbres, et de plus, c’est Evan Peters lui-même qui les interprète. Kai voit en eux de grands hommes de l’histoire, avec de grandes idées, il les idéalise et tente de les imiter, mais il est très critique et analyse les raisons de leurs échecs. C’est pourquoi il tente de forger une image améliorée de tous ces leaders ; il s’inspire d’eux, mais tente de les dépasser, de les perfectionner.
“La peur les libérera de leurs désirs, de leurs ambitions et de leurs besoins de merde !”
-Kai Anderson, AHS: Cult–
Cette personnalité se voit non seulement renforcée par l’image d’autres leaders, mais aussi par sa propre expérience. Au moyen de certains flashbacks, nous revivons des moments critiques de la vie de Kai, et nous pouvons deviner que peut-être derrière le narcissique se cache une personne qui a souffert et qui a aussi été victime. Cela invoque immédiatement une réflexion : chacun choisit comment faire face aux adversités, chacun choisit comment faire face à ses peurs et comment les surmonter. Dans American Horror Story: Cult, se présentent deux formes différentes de ce “surpassement” dans les personnages de Kai et Ally.
Kai devient un misogyne extrêmement narcissique et va laisser les femmes au second plan de son culte. Cette rivalité homme/femme atteint son paroxysme et apparaît alors un monde antagonique à la misogynie, où il sauve Valerie Solanas avec son SCUM Manifesto et sa tentative d’assassinat d’Andy Warhol.
La violence à laquelle nous sommes habitués dans cette série est tout aussi présente dans cette dernière saison, mais cette fois, on nous présente une perspective très différente : on nous montre le pire de l’humanité pour nous faire réfléchir sur la manipulation que nous vivons au quotidien avec les moyens de communication et les systèmes politiques actuels, et en particulier le système politique américain.
“Il n’y a rien de plus dangereux qu’un homme humilié.”
-Kai Anderson, AHS: Cult–
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