Alorgasmie, fantasmer sur une autre personne pendant les rapports sexuels
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
L’imagination est le grand protagoniste de l’alorgasmie. Un fantasme sexuel dans le cadre duquel l’excitation découle du fait de penser à une autre personne. En d’autres termes, l’alorgasmie suppose de s’exciter sur une personne autre que le partenaire lorsque nous avons des rapports sexuels avec ce dernier. Ainsi, cet autre imaginaire enrichit l’acte sexuel de manière symbolique. Néanmoins, dans quelle mesure ce fantasme sexuel peut-il être perçu comme pathologique ? Ou négatif ?
Contrairement à ce que nous pourrions croire, l’alorgasmie n’est pas pathologique. Pour le moins lorsque nous y recourrons de manière ponctuelle. Le fait de fantasmer sur une autre personne pour laquelle nous nous sentons attiré ne signifie pas que nous n’aimons pas notre conjoint. Selon les experts, nous pouvons y recourir en tant qu’alternative pour sortir de la routine sexuelle. Néanmoins, cela peut être nocif si nous y recourons de manière systématique dans la mesure où cette pratique crée de la distance et de la méfiance au sein du couple.
L’alorgasmie n’est pas une pathologie
Fantasmer sur une autre personne tout en ayant des relations sexuelles avec son conjoint est plus fréquent qu’il n’y paraît. De nombreuses personnes cherchent à maintenir un degré d’excitation sexuelle qu’elles ne peuvent pas obtenir autrement. Cependant, l’alorgasmie n’est pas une déviation sexuelle. Comme nous le disions précédemment, il s’agit de quelque chose de normal et de plus en plus fréquent.
Selon le Manuel de diagnostique et de statistique des troubles mentaux (DSM-5), les troubles paraphiliques sont des comportements effectués pendant au moins 6 mois et classés comme :
- Voyeurisme. L’excitation sexuelle vient du fait d’observer d’autres personnes – sans leur consentement ou sans qu’elles s’en rendent compte – nues ou ayant des rapports sexuels.
- Exhibitionnisme. Il s’agit de posséder des désirs sexuels incontrôlables, des fantasmes ou de l’excitation en exposant ses parties génitales à d’autres personnes.
- Frotteurisme. Ressentir de l’excitation sexuelle, des fantasmes ou un comportement intense découlant d’un contact ou d’une friction contre une personne, sans son consentement.
- Masochisme sexuel. Le désir et l’excitation sexuelle sont obtenus en se sentant humiliés, battus, attaqués ou soumis.
- Sadisme sexuel. Contrairement au masochisme sexuel, le désir sexuel et l’excitation sexuelle sont atteints en faisant mal physiquement ou psychologiquement à une autre personne.
- Pédophilie ou pédérastrie. Trouble paraphilique caractérisé par l’excitation ou le désir sexuel à travers des fantasmes ou des comportements impliquant des relations sexuelles entre un adulte et un enfant.
- Fétichisme. La personne est excité par l’observation et la manipulation d’objets inanimés ou parties du corps (utilisation d’objets inanimés ou un grand intérêt porté sur les parties du corps autres que les organes génitaux).
- Transvestisme. Posséder des fantasmes et des impulsions sexuelles récurrentes dérivées de l’acte de se traverstir.
Comme nous pouvons le constater, l’alorgasmie n’est pas présente dans la classification recueillie par le DSM-5. Néanmoins, la classification établie par ce dernier n’épuise pas la liste des troubles paraphiliques. Plusieurs dizaines de paraphilies différentes ont été identifiées et nominées, et la quasi-totalité d’entre elles pourraient entrer dans la catégorie des troubles paraphiliques.
Lorsque l’imagination est le protagoniste
Comme nous l’avons préciser en introduction, le protagoniste principal de l’alorgasmie est l’imagination. Nous sommes donc en présence d’un fantasme de nature sexuelle. De nombreuses personnes pensent à des artistes ou des athlètes célèbres, même s’il arrive également de fantasmer sur des collègues de travail ou des étrangers.
Certaines personnes ne voient pas cette pratique d’un bon œil parce qu’elles pensent que fantasmer sur d’autres personnes que le conjoint peut nuire à la relation de couple. Certaines personnes considèrent même cette pratique comme une forme d’infidélité. Il n’en est rien toutefois. La pratique de l’alorgasmie peut générer une meilleure approche et une plus grande complicité entre les membres du couple.
Après tout, les fantasmes de ce genre sont des processus mentaux qui aident à atteindre un plus grand degré d’excitation. Il n’existe donc aucune raison de les percevoir comme quelque chose de négatif ou de tabou. Cela oui, ils révèlent nos désirs les plus intimes.
Alorgasmie comme un canot de sauvetage
De nombreux couples se plaignent de leur vie sexuelle. Pour une raison quelconque, la vie sexuelle du couple stagne au fil du temps. En effet, au début d’une relation, tout était passion et ardeur sexuelle. Mais, à mesure que la relation progresse et prospère, le sexe reste à l’arrière-plan.
L’alorgasmie peut servir à attiser un désir sexuel ou une relation sexuelle éteinte, terne et sans vie. Il s’agirait en quelque sorte d’un canot de sauvetage pour ceux qui sont tombés dans une situation de monotonie sexuelle. Par conséquent, elle peut être un outil de fantaisie permettant de récupérer le désir sexuel. Nous ne disons pas cependant que tous les couples présentent un manque de désir sexuel et qu’ils doivent recourir à l’alorgasmie. Il s’agit d’une pratique optionnelle.
Carolina Schwengel, experte en sexualité, explique que l’alorgasmie peut être utilisée librement et qu’elle aide énormément à se mettre au diapason au début de la relation sexuelle. Bien évidemment, comme le souligne l’experte, l’alorgasmie est bénéfique tant que son utilisation ne devient pas pathologique. Ce qui peut arriver si nous l’utilisons constamment et s’il s’agit de la seule manière de ressentir de la satisfaction. Dans une telle hypothèse, le couple s’en trouverait séparé tant sexuellement qu’émotionnellement.
Nous n’avons pas à nous sentir coupable
La pratique de l’alorgasmie n’est qu’un processus mental et symbolique. Nous devons éviter de nous sentir coupable car cela pourrait être préjudiciable à l’acte sexuel.
La personne qui fantasme ne le fait pas nécessairement sur des personnes inaccessibles (comme les stars de cinéma, les chanteurs, les artistes, etc.). Les personnes qui fantasment peuvent également le faire avec une personne qu’elles connaissent personnellement. Un voisin. Un enseignant. Etc. Il n’y a aucun mal à le faire non plus dans de tels cas. Se sentir coupable ne fera que rendre plus difficile l’obtention du plaisir, ou même empêcher l’orgasme.
Les fantasmes sexuels sont inoffensifs tant qu’ils ne génèrent pas de distance au sein du couple. Cependant, vivre dans un monde de fantaisie, de manière constante, peut affecter la personne avec qui nous vivons au quotidien.
Comme nous pouvons le constater, l’alorgasmie est un fantasme auquel on peut avoir recours pour enrichir notre vie sexuelle. Ou pour redonner l’étincelle à cette dernière. Il ne s’agit pas d’une pathologie dès lors qu’elle ne nous cause pas de problèmes personnels. Ou ne nous éloigne pas de notre conjoint.
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- Asociación Estadounidense de Psiquiatría. Manual diagnóstico y estadístico de los trastornos mentales, 5ª ed.
- Montejo, Á. L. (Ed.). (2005). Sexualidad, psiquiatría y cultura. Editorial Glosa, SL.
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