Trouble schizo-affectif : histoire, symptômes et traitement
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Le trait caractéristique du trouble schizo-affectif est la présence de symptômes de la schizophrénie couplée à des symptômes de troubles de l’humeur (par exemple, des hallucinations auditives, un langage désorganisé, ou un épisode de dépression majeure). Les critères diagnostiques de ce trouble ont évolué au fil du temps. La plupart du temps, c’est le reflet de changements dans les critères diagnostiques de la schizophrénie et des troubles de l’humeur.
Malgré la nature changeante des diagnostics, le trouble schizo-affectif reste le meilleur diagnostic pour les patients dont le syndrome clinique pourrait être déformé si on considérait seulement la schizophrénie ou seulement le trouble de l’humeur.
Histoire du trouble schizo-affectif
En 1921, George H. Kirby et August Hoche ont découvert des cas de patients présentant des symptômes mixtes de schizophrénie et de troubles affectifs (ou de l’humeur). Puisque ces patients n’avaient pas suivi le cours détériorant de la “démence précoce”, Kirby et Hoch les ont classés dans le groupe de la psychose maniaco-dépressive d’Emil Kraepelin.
En 1933, Jacob Kasanin a introduit le terme “trouble schizo-affectif” pour désigner un trouble se caractérisant par des symptômes schizophréniques et des symptômes de troubles de l’humeur. Les patients présentant ce trouble se caractérisaient aussi par une apparition soudaine des symptômes, souvent à l’adolescence.
Les patients avaient généralement un bon niveau de fonctionnement et, souvent, un facteur stressant spécifique précédait l’apparition des symptômes. Parmi les antécédents familiaux de ces patients figurait généralement un trouble de l’humeur.
Vers 1970, deux faits ont produit un tournant dans la vision du trouble schizo-affectif : alors qu’on le voyait comme une variante de la schizophrénie, on l’a alors considéré comme un trouble de l’humeur. D’autre part, le carbone de lithium a démontré son efficacité et sa spécificité dans le traitement du trouble bipolaire.
Ensuite, une étude réalisée conjointement aux Etats-Unis et au Royaume-Uni a démontré que la variation dans le nombre de patients classés comme schizophrènes aux Etats-Unis et au Royaume-Uni était le résultat d’un biais. Aux Etats-Unis, on donnait plus d’importance à la présence de symptômes psychotiques comme critère diagnostic pour la schizophrénie.
Comment diagnostique-t-on le trouble schizo-affectif ?
Puisque dans le concept du trouble schizo-affectif sont inclus les concepts diagnostiques de schizophrénie et les troubles de l’humeur, l’évolution des critères de ce trouble reflète aussi l’évolution des critères des deux autres, comme nous l’avons vu précédemment.
Le principal critère qui doit être atteint pour que l’on puisse parler de trouble schizo-affectif, c’est que le patient doit remplir les pré-requis d’un épisode dépressif majeur ou d’un épisode maniaque (la personne est pleine d’énergie, elle dort à peine, elle met en place de grands projets ou dépense beaucoup d’argent, etc) de même que les critères pour la phase active de la schizophrénie (délires, hallucinations, etc).
Les symptômes du trouble de l’humeur doivent aussi être présents comme part substantielle de la phase active ou résiduelle des épisodes psychotiques. Le DSM (Manuel Diagnostic et Statistique des troubles mentaux) permet aussi de spécifier si le trouble schizo-affectif est de type bipolaire ou dépressif.
On classe un patient comme atteint du trouble schizo-affectif de type bipolaire si l’épisode présent est de type maniaque mixte (avec des épisodes majeurs ou sans). Dans n’importe quel autre cas, le patient est classé dans le trouble schizo-affectif de type dépressif.
Critères qui doivent être remplis par une personne pour être diagnostiquée comme souffrant du trouble schizo-affectif
Selon le DSM-IV (Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux IV), les critères que doit remplir une personne pour être diagnostiquée comme souffrant de ce trouble sont les suivants :
A. Une période continue de maladie au cours de laquelle elle présente à un moment donné un épisode dépressif majeur, maniaque ou mixte, de même que des symptômes qui remplissent le Critère A pour la schizophrénie.
B. Pendant cette même période de maladie, la personne a eu des idées délirantes ou des hallucinations pendant au moins deux semaines en absence de symptômes affectifs accusés.
C. Les symptômes qui remplissent les critères d’un épisode d’altération de l’humeur sont présent pendant une part substantielle de la durée totale des phases active et résiduelle de la maladie.
Comment le trouble schizo-affectif se manifeste-t-il ?
Les signes et les symptômes de ce trouble sont tous ceux de la schizophrénie, des épisodes maniaques et des troubles dépressifs. Les symptômes de schizophrénie et du trouble de l’humeur peuvent se présenter en même temps ou lors de différentes phases.
L’évolution est variable : peuvent s’instaurer des cycles au cours desquels l’état de la personne s’améliore et empire au niveau de la manifestation de ses symptômes, jusqu’à donner lieu à une détérioration progressive. Beaucoup de chercheurs et de cliniciens ont spéculé sur les symptômes psychotiques incongruents avec l’humeur. Le contenu psychotique (hallucinations ou délires) ne concorde pas avec l’humeur du sujet.
Généralement, la présence de ce type de symptômes dans un trouble de l’humeur est probablement un indicateur d’un mauvais pronostic. Il est aussi possible que cette association soit vraie pour les troubles schizo-affectifs, même si les informations disponibles à ce jour sont très limitées.
Symptômes du trouble schizo-affectif
Comme nous le disions précédemment dans cet article, les symptômes de ce trouble sont ceux de la dépression, de la manie et de la schizophrénie :
Symptômes de la dépression
- Perte ou prise de poids
- Petit appétit
- Manque d’énergie
- Perte d’intérêt pour les activités plaisantes
- Impression de manquer d’espoir et de valeur
- Sentiment de culpabilité
- Tendance à dormir peu ou trop
- Incapacité à penser ou à se concentrer
- Idées noires
Symptômes de la manie
- Faible besoin de sommeil
- Agitation
- Estime de soi affectée
- Tendance à être facilement distrait
- Augmentation de l’activité sociale, professionnelle ou sexuelle
- Comportements dangereux ou auto-destructeurs
- Pensées rapides
- Tendance à parler rapidement
Symptômes de la schizophrénie
- Hallucinations
- Délires
- Pensée désorganisée
- Comportement étrange ou inhabituel
- Mouvements lents ou immobilité
- Faible motivation
- Problèmes de langage
L’abus de substances a-t-il une influence sur l’apparition du trouble schizo-affectif ?
Il est difficile de prouver l’existence d’une claire relation entre la consommation de drogues et le développement de troubles psychotiques. Cependant, dans le cas de la consommation de marijuana, un lien a été scientifiquement prouvé. Plus on consomme de cannabis, plus est grande la probabilité de développer des troubles psychotiques, ce qui est d’autant plus vrai si on consommae du cannabis à l’adolescence.
En 2009, une étude menée par l’Université de Yale a mis au jour que les cannabinoïdes augmentent les symptômes d’un trouble psychotique établi et qu’ils déclenchent des rechutes. Les deux composants du cannabis qui provoquent des effets sont le tetrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD).
D’un autre côté, environ la moitié des personnes présentant un trouble schizo-affectif consomment des drogues ou de l’alcool à l’excès. Il y a donc une preuve que l’abus d’alcool peut provoquer le développement d’un trouble psychotique induit par la consommation de substances.
Ainsi, la consommation d’amphétamines et de cocaïne peuvent donner lieu à des épisodes psychotiques. Finalement, même si ce n’est pas considéré comme une cause du trouble, les études nous disent que les personnes atteintes du trouble schizo-affectif consomment plus de nicotine que la population générale.
Comment peut-on traiter le trouble schizo-affectif ?
Les principales modalités de traitement de ce trouble sont l’hospitalisation, la médication et les interventions psychosociales. Les principes basiques sous-jacents au traitement pharmacologique de ces troubles recommandent l’application des protocoles anti-dépressifs et anti-maniaques. Les anti-psychotiques doivent être consommés seuls si une compensation à court terme est nécessaire pour le patient.
Si les traitements pour améliorer l’humeur ne sont pas efficaces pour contrôler les symptômes, seraient alors également indiqués les anti-psychotiques, tels par exemple que l’halopéridol ou la rispéridone.
Les patients présentant un trouble schizo-affectif de type bipolaire seraient traités avec du lithium, de la carbamazépine, du valproate ou une combinaison des trois. Les patients souffrant d’un trouble schizo-affectif de type dépressif devraient, eux, être traités via la consommation d’anti-dépresseurs et une thérapie électro-convulsive avant de déterminer leur manque de réponse au traitement anti-dépressif.
Comme nous l’avons vu, ce trouble est complexe, aussi bien dans sa définition que dans son traitement. Le plus important, et que l’on doit bien comprendre, c’est que les symptômes de ce trouble sont tous ceux de la schizophrénie, des épisodes maniaques et des troubles dépressifs. Il s’agit là, précisément, de ce qui le rend si complexe.
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