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Syndrome de Truman : croire que nous sommes dans une émission de télé-réalité

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Le syndrome de Truman est un délire caractérisé par la sensation de manquer de libre arbitre. Il a été nommé d'après le film "The Truman Show" et caractérise un cadre clinique très particulier.
Syndrome de Truman : croire que nous sommes dans une émission de télé-réalité
Dernière mise à jour : 15 mai, 2023

La « mode » chez certains psychologues est de tout expliquer avec d’autres termes, et le soi-disant syndrome de Truman en atteste. Ce terme désigne un trouble délirant existentiel et persécuteur, mais il acquiert ces derniers temps des nuances très particulières.

Le syndrome de Truman a été inventé en 2008 par le directeur de psychiatrie de l’hôpital Bellevue de New York, Joel Gold, et son frère, le neurophilosophe Ian Gold.

La référence était claire : le film The Truman Show. Dans ce film de 1998, son protagoniste, l’agent d’assurance Truman Burbank, se rend compte que sa vie est en fait le produit d’une reality show, qui diffusa toute sa vie, depuis qu’il est bébé, à la télévision. Le syndrome de Truman fait donc référence à la croyance de vivre dans une réalité télécommandée, comme cela arriva au protagoniste.

Syndrome de Truman ou délire d’existence

Il est vrai que des termes de plus en plus populaires ou faciles à comprendre viennent détailler ou qualifier certains troubles psychologiques.

Chaque fois que des professionnels tombent sur certaines particularités au sein d’une description générale, il est courant de la signaler d’une manière différente. C’est ce qui se passe avec le syndrome de Truman, une description spécifique au sein du délire qui a été identifiée pour la première fois en 2003 par Joel Gold.

Un patient vint à l’hôpital pour une consultation. Il présentait des délires très particuliers. Il se plaignait que ses proches étaient acteurs d’une émission de télévision et qu’on lui avait implanté des caméras vidéo dans les yeux. Pour résoudre un problème aussi particulier, il se rendit à New York pour demander de l’aide. Il alla jusqu’au siège des Nations Unies.

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Un trouble qui existait avant le film

Le psychiatre Joel Gold et son frère le neurophilosophe Ian Gold affirment que, bien qu’ils nommèrent ce phénomène d’après le film, il existait déjà bien avant. En outre, ils observèrent que son apparition et son développement étaient étroitement associés à l’utilisation de la technologie.

Les Golds ne pensent pas que le film déclencha un nouveau type de délire. Il s’agit plutôt d’un type de délire paranoïaque qui affecte plusieurs personnes depuis des générations. En fait, à travers l’histoire, il y eut toujours des cas de personnes qui prétendirent être contrôlées par la technologie du moment.

Par exemple, dans le passé, les gens se sentaient contrôlés par des rayons magnétiques ou par des aimants. Par la suite, le contrôle provenait des micro-ondes ou d’autres appareils électriques. Et dans les années qui suivirent la première de The Truman Show, la paranoïa d’être contrôlé à distance était confinée au circuit de télévision et aux autres caméras. Maintenant, le syndrome de Truman peut évoluer.

Un trouble qui évolue avec la technologie

En psychologie, les délires sont des idées personnelles ou des systèmes de croyances que les individus soutiennent avec conviction malgré les preuves du contraire. Ce sont des symptômes de troubles psychologiques, tels que la schizophrénie ou le trouble bipolaire. Les délires des patients peuvent s’améliorer ou diminuer avec une psychothérapie ou des médicaments. Mais ils sont généralement chroniques.

Les frères Gold étaient fascinés par le niveau de complexité du délire lorsqu’ils l’identifièrent pour la première fois. Mais lorsqu’ils l’observèrent chez plusieurs patients, ils se rendirent compte qu’il ne s’agissait pas d’un phénomène isolé.

Joel Gold passa les onze années suivantes à étudier le phénomène. Il publia avec son frère Suspicious Minds (2014). Dans le livre, ils détaillent tous les manières dont le syndrome de Truman se manifeste. Les patients expriment généralement l’une des idées suivantes :

  • Les personnes dans leur vie ne sont pas réels.
  • Ils sont constamment surveillés.
  • Ils n’ont aucun contrôle sur leur vie.

Des patients virent dire aux frères Gold qu’ils étaient acteurs et non médecins, que leurs amis lisaient des scripts pour interagir avec eux, ou qu’ils n’avaient aucune intimité parce que le reste du monde les regardait.

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Étudiant le phénomène : le rôle de la technologie

Au début des années 2000, le syndrome de Truman était lié au sentiment « d’être contrôlé » par des personnes utilisant des appareils de surveillance, des caméras cachées, etc.

Deux décennies plus tard, la technologie dominante changea. Les personnes recourent davantage aux jeux vidéo. Il existe également des jeux multijoueurs impliquant des centaines de milliers d’utilisateurs.

Cette année, le film Free Guy sortit, avec Ryan Reynolds. Il y incarne un caissier de banque dont la banque est cambriolée 17 fois par jour, tous les jours. Finalement, le personnage de Reynolds, nommé Guy, se rend compte qu’il est un personnage supplémentaire dans un jeu vidéo. Guy essaie de se libérer de sa programmation et de se lier d’amitié avec une « vraie » personne qui joue le jeu.

Cela crée des précédents pour les délires d’existence, de contrôle ou de persécution. Au final, toutes ces croyances aboutissent à la même « cause » ou idée centrale : l’absence de libre arbitre ou le sentiment de n’être qu’une masse de molécules contrôlées. Parfois à cause d’une tempête, d’autres fois à cause d’un programme télé, ou encore d’un jeu vidéo…

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  • Fierro Urresta, Marco y Giraldo, Laura Victoria y Molina Bulla, Carlos (2009). La teoría de los delirios como falsas creencias y la convicción e incorregibilidad de los fenómenos psíquicos. Revista Colombiana de Psiquiatría, 38 (2), 338-357. [Fecha de Consulta 13 de Diciembre de 2021]. ISSN: 0034-7450. Disponible en: https://www.redalyc.org/articulo.oa?id=80615421010

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