Je suis triste et en colère sans savoir pourquoi
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Cela m’arrive parfois : je suis triste et je ne sais pas pourquoi. Il y a des jours comme cela, où la tristesse nous enlace et nous retient, où se mêle à cette sensation désagréable comme un sentiment de colère inexplicable. S’ajoutent ensuite les saveurs amères de l’empathie et du découragement, qui compliquent encore davantage ma réalité et qui m’empêchent d’atteindre les objectifs que je me fixe.
Il est possible que cette sensation vous soit familière. Nous faisons généralement tout pour éviter que ces jours gris n’apparaissent dans notre quotidien. Nous aimerions éliminer totalement la tristesse de notre existence, comme nous retirons la poussière et les peluches qui s’accumulent sur nos vêtements préférés : à l’aide d’une brosse et d’un simple geste, qui permettent de tout oublier et de repartir de zéro.
Si nous ressentons ce besoin, c’est qu’il y a une raison bien précise à cela : la société nous a enseigné, depuis que nous sommes enfants, qu’il y a des émotions positives et des émotions négatives. Ces dernières, comme la colère, la rage ou la tristesse, doivent être cachées. Nous devons les éviter et les refouler, dans une sorte de pratique malsaine du bonheur constant et feint. Une habitude qui nous ronge de l’intérieur, qui nous rend malades. Une habitude qui charrie la promesse d’un changement d’apparence : tout ira mieux si nous faisons semblant d’être heureux.
Pour autant, rien ne peut aller parfaitement, et ces jours où je suis triste et en colère doivent bien avoir un pourquoi. Toute émotion s’accompagne d’une finalité ; cette composante biologique, orchestrée chimiquement dans notre cerveau, dispose d’une fonction claire, qui est de faciliter notre adaptation, de nous permettre de survivre dans les scenarii dans lesquels nous évoluons au quotidien.
La tristesse, par exemple, attire notre attention sur le fait que quelque chose se passe et qu’il nous faut nous retenir, ralentir notre rythme et réaliser une introspection pour prendre les bonnes décisions. Il n’y a pas d’émotions négatives en soi, car toutes nos émotions remplissent un objectif que nous devons connaître et assumer. Nous allons développer ce dernier point dans la suite de cet article.
Je suis triste et en colère : que m’arrive-t-il ?
Il existe une réalité très commune que la plupart des psychologues rencontrent durant les consultations qu’ils effectuent : certaines personnes sont surprises de se voir diagnostiquer une dépression. Il s’agit de patients qui avaient la certitude que cette masse grise qui émergeait du plus profond de leur âme n’était que de la tristesse.
D’autres personnes, de leur côté, se rendent chez un thérapeute en demandant à être traitées pour une dépression, alors qu’elles n’expérimentent qu’une immense difficulté à accepter leurs émotions, comme la tristesse, la colère et la frustration. Ces deux réalités, ces deux facettes d’une même pièce, nous amènent à prendre conscience, une fois de plus, qu’il est fondamental d’éduquer l’être humain à reconnaître, à comprendre et à gérer ses émotions.
Nous ne devons pas négliger également les cas de personnes qui ne tolèrent tout simplement pas leurs états de tristesse. Une émotion qui, en tant que telle, est “normative” et indispensable à notre développement personnel, à notre capacité de dépassement de nous-mêmes, qui n’est pas acceptée et encore moins comprise par notre société. Voilà pourquoi il est nécessaire de savoir différencier la tristesse et la dépression, ainsi que de connaître l’utilité de la tristesse dans notre construction individuelle.
Les caractéristiques de la tristesse et sa finalité
Commençons par définir la tristesse. Ce que nous devons considérer, avant toute chose, c’est qu’il s’agit d’une émotion parfaitement normale et que nous devons apprendre à la tolérer et à l’approfondir. D’un autre côté, il nous faut aussi expliquer que la tristesse, de la même manière que la colère, a toujours un facteur déclencheur, une raison d’être. Un phénomène qui n’est pas toujours présent dans les cas de dépression.
- La tristesse est une émotion extrêmement vive. Ce terme peut vous surprendre à l’heure de définir la tristesse, mais nous devons garder à l’esprit que cette émotion à pour objectif de nous aider à nous sentir forts et courageux face aux difficultés de la vie. La tristesse nous oblige à nous retenir et à nous focaliser. Il est donc normal de se sentir plus fatigué, plus lent et moins réceptif à ce qui nous entoure, lorsque la tristesse fait son apparition.
- Cette émotion, de la même manière que la colère, exige de nous que nous nous isolions un moment du monde extérieur, afin de naviguer dans notre for intérieur pour savoir ce qu’il s’y passe, ce qui nous fait souffrir, ce qui nous dérange et ce qui nous met en colère.
Voilà pourquoi si je me sens triste, je dois me retenir un instant, je dois me consacrer du temps afin de m’écouter, de me soigner et de sonder mon esprit à la recherche de ce qui provoque en moi cette sensation.
Et si je souffrais plutôt d’une dépression ?
Nous ne pouvons pas mettre de côté que lorsque nous nous sentons tristes sans raison apparente, nous souffrons peut-être d’une dépression. Voilà pourquoi il est fondamental de connaître la symptomatologie de cette pathologie, les caractéristiques et les nuances de ces abîmes psychologiques dans lesquels nous pouvons tous sombrer. Pour ce faire, avant d’extrapoler sur notre condition quand nous nous sentons tristes, il est fondamental de consulter un professionnel.
Mais, pour aller un peu plus loin quant à l’identification de la dépression, nous pouvons vous dire que certaines caractéristiques de base permettent de la distinguer de la simple tristesse.
- Alors que la tristesse est une émotion normale et fonctionnelle, la dépression est complètement dysfonctionnelle et impacte tous les univers de notre existence.
- Comme nous le disions précédemment, il n’est pas nécessaire que quelque chose se produise pour développer un trouble dépressif. Dans la majorité des cas, la dépression n’a pas de facteur déclencheur. Les personnes qui en souffrent ont une vie en apparence parfaite, mais ils ne peuvent s’empêcher de se sentir dévastés.
- La sensation d’épuisement, de mal-être et de négativité que ressentent les patients atteints de dépression est constante, chronique.
- Ils souffrent également de problèmes de sommeil, qu’il s’agisse d’insomnie ou d’hypersomnie.
- Les pensées négatives occupent leur esprit en permanence et se mêlent à des sentiments très forts de culpabilité.
- Pour conclure ce sujet, il nous faut évoquer que cet état dépressif est extrêmement usant et qu’il peut mener les personnes qui en sont atteintes à avoir des pensées suicidaires.
A chaque fois que nous affrontons une nouvelle journée avec cette sensation du “je suis triste et en colère et je ne sais pas pourquoi”, nous devons passer un pacte avec nous-mêmes : nous accorder du temps et de l’attention, comprendre que toute émotion a une finalité bien précise. Si nous ne le faisons pas, si nous ne parvenons pas à nous échapper d’une sensation de vulnérabilité et d’impossibilité de nous responsabiliser de nos émotions, il est conseillé de demander l’aide d’un psychologue.
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- Berrocal, P. F., & Díaz, N. R. (2016). Desarrolla tu inteligencia emocional. Editorial Kairós.
- Greenberg, L. (2000). Emociones: una guía interna. Ed. Descleé de Brouwer.
- Steiner, G. (2007). Diez (posibles) razones para la tristeza del pensamiento (Vol. 38). Siruela.
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