SLC6A4 : ce gène est-il lié à la dépression ?
Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Plusieurs facteurs ont été envisagés comme déclencheurs de la dépression : trois en particulier ont été réfutés. Il nous reste une variation génétique dans le gène du transporteur de sérotonine, le SLC6A4, qui semble entraîner un risque plus élevé de souffrir de dépression.
Les influences environnementales, les événements négatifs ou traumatisants qui surviennent parfois dans la vie sont également un facteur important dans le développement de la dépression. Bien qu’il semble que la combinaison des deux soit la cause la plus probable.
Toutes les personnes ayant vécu un événement traumatique ou particulièrement négatif ne développent pas nécessairement une dépression. Ce fait, associé à la variation d’un allèle de risque spécifique dans le gène SLC6A4, semblait indiquer un niveau élevé de risque de dépression.
Sérotonine et dépression
La sérotonine est un neurotransmetteur impliqué dans une multitude de fonctions cognitives et de processus physiologiques. Il s’agit d’un produit chimique dérivé de l’acide aminé tryptophane. La plus petite quantité de sérotonine est concentrée dans le cerveau, dans des zones telles que le mésencéphale et l’hypothalamus.
Malgré ce faible pourcentage concentré dans le cerveau, il semble que ses niveaux dans ces zones soient directement liés aux humeurs et à certains comportements, comme le sommeil et le désir sexuel. En cas de dépression, on observe une réduction de la concentration de sérotonine dans le cerveau.
Les études sur SLC6A4
Le SLC6A4 est le gène du transporteur de sérotonine le plus associé à la dépression. En particulier, le polymorphisme 5-HTTLPR de ce gène transporteur. Il semble que, dans certains cas, certaines personnes présentant de légères variations dans leur ADN puissent être affectées par la protéine produite par le gène SLC6A4.
Au cours des années 1990, plusieurs études ont suggéré que les personnes porteuses d’un ou deux allèles courts de ce gène étaient plus susceptibles de développer une dépression. Plus tard, en 2003, l’équipe du Dr Caspi a présenté une autre étude associant les effets du génotype 5-HTTLPR à la dépression, et ce en raison d’une interaction entre le gène et l’environnement.
Les personnes possédant au moins un allèle court du gène ont développé une dépression plus sévère lorsqu’elles ont vécu un événement négatif que celles possédant deux allèles longs. Ils ont également noté que la même variation de l’allèle court ne développait pas de dépression sans événement négatif ou traumatique.
En d’autres termes, des situations à la fois génétiques et environnementales devaient être présentes pour que la dépression se développe. Cela a suscité un grand intérêt pour le gène SLC6A4 du transporteur de sérotonine et le polymorphisme 5-HTTLPR au cours des années suivantes.
En 2009, une méta-analyse du Dr Risch a réfuté les conclusions de Caspi et de son équipe. Les conclusions de ce nouveau rapport associent toujours les événements traumatiques et stressants au risque de dépression. Toutefois, les résultats concluent que le génotype 5-HTTLPR n’a aucun effet sur la dépression et n’interagit pas avec les facteurs environnementaux.
Le gène de la controverse
Malgré les conclusions publiées par l’équipe de Risch, des centaines de rapports associant la variation de SLC6A4 et son polymorphisme à la dépression ont continué à être publiés au cours des années suivantes. En ce début d’année 2019, une nouvelle étude a décidé de mettre fin à la controverse du gène du transporteur de sérotonine et de la dépression.
Dans ce cas, il s’agit de l’équipe de Richard Border. Les résultats obtenus après l’examen des données de plusieurs centaines de milliers de sujets ont été concluants.
Cette dernière étude exclut totalement que la variation du polymorphisme du gène SLC6A4 n’ait rien à voir avec la dépression. Et il n’existe pas non plus de preuves statistiques liant la dépression à l’interaction entre le génotype et l’environnement.
La sérotonine reste le grand favori
Malgré cela, l’étude de Border n’exclut pas la relation entre les niveaux de sérotonine et la dépression, mais elle n’est pas due à des variations génétiques du SLC6A4, ni à son polymorphisme 5-HTTLPR. Cela laisse un vide dans l’étude des causes génétiques possibles de la dépression et les recherches futures devraient être abordées avec une nouvelle perspective.
Cela nous donne une idée de la complexité de toute maladie mentale. Les influences et les éventuelles origines génétiques de la dépression restent un champ ouvert pour la recherche, qui devra tenir compte de la grande complexité des troubles psychologiques et de leurs corrélats biologiques.
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