Si vous avez touché le fond, n'y restez pas : remontez !
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Si vous avez touché le fond, ne soyez pas effrayé. Si vous êtes arrivé au bout de vos limites, si ce dernier échec ou cette dernière déception vous ont plus que jamais affecté, ne vous paralysez pas. N’en ayez pas honte et ne vous installez pas dans cet abîme personnel et psychologique. Remontez. Prenez votre élan et faites le choix d’être courageux-se, de remettre la main sur votre dignité pour ne pas retomber.
Nous avons tous déjà rencontré cette phrase toute faite : “toucher le fond”. Aussi curieux que cela puisse sembler, cette expression ne plaît pas particulièrement à la majorité des professionnels de la santé. Les psychologues et psychiatres ont tous les jours affaire à des patients qui ont atteint leurs limites. À des personnes qui sont convaincues qu’après avoir touché le fond, une seule option est possible : celle du changement et de l’amélioration.
“Ce n’est qu’en touchant le fond, même si c’est dans l’amertume et la dégradation, que l’on parvient à savoir qui l’on est. À ce moment précis, on peut alors commencer à retrouver le chemin la terre ferme.”
-José Luis Sampedro-
En réalité, cette règles de trois ne fonctionne pas toujours. Pourquoi? Parce que certaines personnes s’installent dans ce fond de manière permanente. Ou découvrent même que, sous ce fond, il existe un autre souterrain encore plus obscur et complexe. Ainsi, cette idée que tant de gens partagent peut parfois, de façon ironique et perverse, empêcher une personne de chercher de l’aide. Alors que le problème n’est pas encore si grave et qu’il est possible de trouver des moyens simples pour changer ou aller mieux.
Nous avons tous déjà touché le fond et il n’est pas facile d’en remonter
Nous avons tous déjà touché le fond au moins une fois dans nos vies. Nous savons que c’est douloureux. Une bonne partie de la population est descendue dans cette strate dirigée par la peur, le désespoir ou l’échec. Beaucoup sont restés bloqués, pris au piège dans cette résine d’ambre qui brouille l’équilibre et nous fait dériver vers un trouble de l’humeur.
L’idée selon laquelle seul le désespoir absolu nous mènera définitivement vers la lumière et l’amélioration n’est pas vraie. Tout comme celle qui dit que nous devons souffrir pour savoir ce qu’est véritablement la vie. Parce que seule la douleur nous illumine et nous livre des enseignements. Ainsi, et même si cette idée nous plaît, il n’y a pas de pilote automatique dans notre cerveau qui nous mettrait en “mode résilience” à chaque fois que nous arrivons au bout de nos forces.
Le philosophe et psychologue William James a parlé, dans son livre The Varieties of Religious Experience (1902), de la grotte de la mélancolie. Il existe des personnes qui, sans que l’on sache pourquoi, sont capables de toucher le fond et d’entrevoir, à partir de là, cet éclat de lumière qui les guide des profondeurs jusqu’à la sortie. D’autres, en revanche, restent bloquées dans la grotte de la mélancolie. C’est un endroit habité par la honte (Comment ai-je pu en arriver là ?) et une sensation d’abattement chronique (je ne peux rien faire pour aller mieux, tout est perdu).
Si vous avez touché le fond, ne vous habituez pas à cet endroit. Remontez !
Avoir touché le fond suppose de se retrouver plongé dans le découragement. Mais vous ne voulez pas plonger encore plus bas, n’est-ce pas ? Ne vous permettez pas d’atteindre le souterrain du désespoir. Toucher le fond implique aussi de se retrouver dans une profonde solitude. Dans une grotte où l’esprit s’embrouille, où les pensées s’emmêlent et deviennent étranges et/ou obsessionnelles. Cependant, souvenez-vous d’une chose : vous avez un billet de retour et vous n’avez qu’à monter une marche pour voir que de nouvelles opportunités sont possibles.
Le fait de remonter suppose quelque chose d’extrêmement difficile : surmonter sa peur. Une façon de l’affronter consiste à appliquer la technique de la flèche descendante proposée par des thérapeutes comme David Burns. Selon ce point de vue, beaucoup de personnes vivent dans ces fonds psychologiques parce qu’elles sont bloquées, parce qu’elles souffrent et se sentent perdues. Même si elles sont conscientes du fait qu’un changement est nécessaire pour vaincre cette impasse, elles n’osent pas ou ne savent pas comment le faire.
L’idée centrale de cette technique est de détruire des croyances irrationnelles qui nous placent souvent dans ces états de quiétude et de désespoir. Pour cela, le thérapeute sélectionne une pensée négative maintenue par le patient. Il le défie ensuite avec une question : “si cette pensée était vraie et se réalisait, que feriez-vous ?”. L’idée est de tracer une série de questions qui agiraient comme des flèches descendantes pour révéler des idées erronées, pour faire s’écrouler des perspectives irrationnelles et fournir de nouveaux points de vue. De nouveaux changements.
Prenons un exemple. Pensons à une personne qui a perdu son travail et se trouve dans une situation de chômage depuis plus d’un an. Pour affronter ses peurs, nous pourrions lui poser les questions suivantes : Que se passerait-il si vous ne retrouviez plus jamais de travail ? Que feriez-vous si votre conjoint perdait aussi son emploi ? Et si vous vous retrouviez subitement sans ressources ?
Cet exercice peut sembler assez dur car il cherche toujours à atteindre une limite catastrophiste. Cependant, cela implique de motiver la personne, de l’inviter à réagir et à faire face à ses problèmes, de lui faire penser à des stratégies possibles face à des situations désespérées qui ne se sont pas encore produites (et qui n’ont aucune raison d’avoir lieu).
Il suppose en fait de lui montrer que même si elle a touché le fond, il existe des situations encore plus complexes. Elle peut donc encore réagir. Une fois qu’elle aura fait face à toutes ces peurs, il ne lui restera qu’une option : émerger. Et cette décision changera tout.
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