Sensibilité masculine: au-delà des mythes
Rédigé et vérifié par Psychologue María Alejandra Castro Arbeláez
Le monde est rempli de mythes. La sensibilité masculine en constitue une source importante. Néanmoins, aujourd’hui, ce sujet suscite de plus en plus l’intérêt des gens. En effet, on l’observe d’un point de vue différent et avec beaucoup moins d’idées fausses.
Avant de continuer, nous aimerions souligner qu’il ne s’agit pas dans cet article d’entrer dans un débat sur le relativisme culturel et les stéréotypes les plus acceptés dans chaque culture. Nous cherchons à mettre en évidence l’actuelle transformation du concept de masculinité.
Au cours des dernières années, le masculin s’est progressivement associé à la sensibilité, surtout dans certains aspects. Cela a supposé une évolution pour un grand nombre de mythes de certaines cultures occidentales. En fin de compte, la sensibilité est propre aux êtres vivants. Ce n’est pas parce qu’un homme le reconnaît et l’accepte qu’il doit délaisser sa masculinité.
Retraçons donc le parcours du concept de la sensibilité masculine et dépassons les mythes. Nous trouverons ainsi une autre perspective sur le masculin et nous pourrons également observer quelques croyances qui sont toujours d’actualité. Approfondissons.
Qu’est-ce que la sensibilité masculine ?
Le dictionnaire Le Littré définit la sensibilité comme la “Qualité de sentir, c’est-à-dire propriété dévolue à certaines parties du système nerveux, par laquelle l’homme et les animaux perçoivent les impressions soit faites par les objets du dehors, soit produites à l’intérieur“. Ainsi, si nous parlons de sensibilité masculine, à quoi nous référons-nous ?
Pour répondre à cette question, il suffit de se baser sur la définition du Littré. Tous les êtres, y compris l’homme, ont la capacité de sentir. Néanmoins, dans certains contextes, croyances et cultures, l’homme en est dépossédé. Comme nous l’avons vu, la masculinité et le monde du sensible, des émotions, n’ont pas toujours su coopérer.
C’est pour cela que tout au long de l’Histoire et en règle générale, l’homme a assumé le rôle de protecteur avec notamment la démonstration de sa propre force, indépendamment de l’endroit où il se trouvait. Par exemple, dans plusieurs cultures, on lui a également attribué une identité dans laquelle la sexualité et l’argent étaient des symboles de pouvoir. Dans ce contexte, il était mal vu qu’un homme montre ses sentiments. On concevait cela comme un signe de faiblesse.
La bonne nouvelle est que dans certaines cultures, on observe un changement important à cet égard. Les hommes sont de plus en plus nombreux à accepter leur côté affectif, leur partie sensible. Cela n’est possible que s’ils acceptent leur sensibilité et que le sentiment d’insécurité se transforme en émancipation.
Par conséquent, la sensibilité masculine a toujours existé. C’est un aspect inné chez l’être humain, qu’importe son sexe. Nous ressentons pour nous protéger, pour survivre, etc. Or, cela a été en quelque sorte “réservé” aux femmes dans de nombreux contextes culturels.
Supermacho VS homme sensible
Certaines phrases se transforment en croyances à force de les entendre lors de l’éducation. Ces schémas fondamentaux conditionnent notre identité. Le problème survient lorsque celles-ci sont fausses ou soutiennent des demi-vérités.
Des expressions comme “Les hommes ne pleurent pas”, “C’est un truc de filles”, “Tu te bats comme une fille”, “Les hommes ne sont pas attirées par les hommes gentils, elles préfèrent ceux qui font souffrir” ou “Un vrai homme ne fait pas ça” sont de bons exemples. Tout enseignement de cette nature contribue à ce que l’homme s’éloigne de son côté émotionnel et accepte comme une norme la figure de l’homme fort et sans sentiments.
La psychologie cognitive a démontré à ce sujet que les croyances se transmettent de génération en génération et qu’elles prennent ainsi racine. La psychanalyse, quant à elle, nous a aidés à comprendre que cette mythification survient à cause de mécanismes inconscients.
Néanmoins, il est important de comprendre que tout homme est libre de choisir un autre chemin. Il peut bien évidemment donner plus de place à son univers affectif. Ainsi, il parviendrait à passer de l’homme “supermacho” à l’homme sensible, un “nouvel homme” capable d’établir des connexions avec lui-même, avec les autres et avec la nature.
Il serait ainsi intéressant d’encourager l’idée que s’ouvrir à la sensibilité n’affecte pas la virilité d’un homme. Simplement, au lieu de suivre ces modalités culturelles de virilité, on peut être flexible avec la sphère émotionnelle et profiter ainsi de tout ce que peut offrir la sensibilité.
Quelles caractéristiques possède un homme sensible ?
Parler d’un homme sensible, dans le contexte culturel actuel, ce serait parler d’une personne qui présente les caractéristiques suivantes :
- Masculinité conservée
- Ouverture d’esprit en ce qui concerne le côté féminin
- Intérêt pour l’autre personne dans ses relations
- Compréhension
- Valorisation de l’intuition
- Considération de ses sentiments
- Spontanéité
- Partage de goûts avec les filles, sans hésitation
- Conscience du fait qu’il n’a pas à démontrer sa virilité pour être “plus masculin”
- Plus grande introspection
- Meilleure gestion de ses émotions
Il est certes difficile de se détacher des croyances sociales, culturelles et familiales. C’est néanmoins possible. Les hommes que nous appelons aujourd’hui sensibles ont fait un pas en avant pour retrouver leur côté affectif.
Nous devons cependant souligner que ces croyances ne sont pas seulement imposées par les hommes. Les femmes y participent parfois également. C’est pourquoi, pour faire tomber les barrières qui entravent l’accès de l’homme au monde affectif, les hommes comme les femmes doivent travailler ensemble et participer ensemble à ce changement.
Sensibilité masculine : bénéfices
Accepter la sensibilité comme une partie du masculine offre de grands bénéfices. En voici quelques-uns :
- Empathie : les hommes sensibles développent une grande capacité à se mettre à la place des autres
- Compassion : ils comprennent la souffrance des autres et cherchent à la soulager
- Croissance spirituelle : ils parviennent à établir des connexions avec leur monde spirituel
- Connaissance de soi : ils se connaissent mieux
- Réalisation de soi : ils peuvent parvenir à leurs objectifs plus facilement en utilisant leur partie émotive
- Intelligence interpersonnelle : ils forgent de meilleures relations avec les autres. En effet, l’empathie les aide à nouer des relations plus solides
Il est néanmoins important de mentionner que même si la sensibilité masculine est toujours plus acceptée, le fait de le faire n’est pas simple pour la plupart des hommes.
Tel que suggère Walter Riso dans son livre Intimidades masculinas (non traduit en français), il existe des hommes qui ont peur de pleurer parce qu’on pourrait alors les étiqueter comme homosexuels et des hommes qui souffrent parce qu’ils ne peuvent pas obtenir de soutien ni demander de l’aide. En effet, ils sont certains que les hommes ne se rendent jamais.
Par conséquent, pour accepter la sensibilité masculine, l’un des premiers pas serait que les hommes délaissent leurs exigences qu’ils s’imposent à eux-mêmes. Il serait ainsi plus facile de modifier ces phrases et ces croyances encore trop répandues.
La sensibilité existe également chez l’homme. Renouer avec le monde affectif est une tâche difficile pour tout homme. Toutefois, s’il y arrive, il pourra nouer de nouvelles connexions d’un point de vue différent, celui où il sera libre de charges et de devoirs et où il sera plus authentique.
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- Riso, W. (2003). Intimidades masculinas: sobre el mito de la fortaleza masculina y la supuesta incapacidad de los hombres para amar. Barcelona, España: Norma.
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