Savez-vous quelle relation il existe entre le jeu et le développement infantile ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Le jeu est une activité que nous développons de manière naturelle depuis notre plus jeune âge. A première vue, il semble que la capacité de jouer ne remplit aucune fonction, si ce n’est celle de divertir et d’amuser. Cependant, cela fait quelques décennies que les psychologues ont commencé à se demander si cette hypothèse est vraie ; c’est pourquoi plusieurs, pour ne pas dire beaucoup de psychologues éducatifs ont étudié plus en détails la relation qui existe entre le jeu et le développement infantile.
Un aspect qu’il est essentiel de comprendre et qui peut nous choquer, c’est que depuis une perspective évolutive, si quelque chose génère en nous du plaisir, c’est qu’évolutivement, cette chose est utile. Par conséquent, selon ce raisonnement, le jeu doit avoir une fonction ou une utilité. De plus, les études montrent qu’une limitation très restrictive des heures de jeu dans l’enfance est associée à des adultes peu adaptatifs.
Au moment de répondre à la question de comment sont liés le jeu et le développement infantile, nous devons ouvrir nos esprits à différentes théories. Cependant, si on veut comprendre le rôle complexe que joue le jeu dans notre développement, nous devons adopter une perspective large et observer toutes les informations disponibles.
Perspectives théoriques du jeu et du développement infantile
Une des premiers auteurs qui a mené des études à ce sujet est Karl Grooss. Il voyait le jeu comme un pré-exercice : cela était nécessaire pour atteindre la maturité psycho-physiologique comme un phénomène lié au développement. Le jeu consisterait en un exercice préparatoire au développement de certaines fonctions. Les jeux moteurs faciliteraient le développement physique, alors que les jeux psychologiques, eux, prépareraient l’enfant à sa vie sociale. De plus, comme le jeu se développe dans un environnement sûr, l’enfant peut entraîner une multitude d’habilités sans courir aucun risque.
Un autre point de vue totalement différent est celui de Freud ; du point de vue de la psychanalyse, le jeu serait intimement lié à l’expression des pulsions inconscientes. Cela permettrait à l’être humain de satisfaire ses désirs insatisfaits dans la réalité. Or, cette perspective théorique, même si elle peut sembler attirante, repose sur peu de preuves scientifiques. De plus, elle viole le principe de parcimonie.
Pour Vygotsky, le jeu est une activité sociale dans laquelle l’aspect essentiel est la coopération entre les participants. Grâce à cette coopération, chacun des joueurs apprend à jouer un rôle (acceptation des rôles) ; aspect clé dans la vie adulte. Vygotsky s’est concentré uniquement sur le jeu symbolique et a signalé comment les objets revêtent un sens propre dans le jeu (un bâton entre les jambes peut devenir un cheval). Il voit dans le jeu une perspective socio-constructiviste, basée sur le fait que la fonction primordiale du jeu est d’apprendre à partager des rôles et des sens.
Un autre auteur qui a étudié de plus près le jeu est Jerome Bruner. Selon lui, le jeu serait lié à l’immaturité avec laquelle naissent les êtres humains. Par conséquent, nous pouvons avoir une multitude de conduites très différentes qui nous permettent de nous adapter et d’être très flexibles. Le jeu serait utile pour expérimenter toutes ces conduites et découvrir son adaptation par rapport au contexte culturel et environnemental. En réalisant cela dans un contexte ludique, la personne est libérée de ses pressions et peut vivre en minimisant les conséquences négatives.
Piaget, un des grands psychologues du développement, a aussi parlé du jeu. Pour lui, le jeu n’est pas une conduite différente des activités non ludiques ; il serait une action adaptative grâce à laquelle l’enfant peut apprendre, et d’une certaine manière maîtriser des caractéristiques de la réalité. Cela est intimement lié aux concepts d’assimilation et d’accommodation que Piaget a développés.
L’importance du jeu
Même s’il existe une multitude de points de vue sur la fonction du jeu, il est clair que ce dernier est important dans le développement infantile. De plus, un aspect important, c’est que les différentes perspectives ne sont pas incompatibles entre elles. La relation entre le jeu et le développement infantile peut être multiple et enrichissante.
Maintenant que nous connaissons les différentes théories ayant été élaborées au sujet du jeu, nous pouvons imaginer son importance. Si le jeu disparaît de la vie de l’enfant, cela peut affecter son développement physique, psychologique et social. C’est pourquoi il est essentiel que les activités ludiques (sans pression et avec une énorme motivation intrinsèque) soient présentes dans le quotidien de nos enfants.
Une éducation basée sur le jeu donnera aux enfants les opportunités nécessaires pour grandir, et ce dans tous les sens du terme. En ce sens, ne commettons pas l’erreur d’échanger le jeu contre d’autres activités intellectuelles ou cognitives que nous considérons potentiellement plus enrichissantes : ce qui est certain, c’est que sans le jeu, le développement cognitif et intellectuel sera moindre. N’oublions pas qu’avant de naître, nous grandissons déjà, nous nous développons, et que pour qu’après la naissance les choses continuent à se passer ainsi, le jeu est indispensable, comme inclinaison naturelle et plaisante.
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